A boire et à manger

"L’attaque contre Salman Rushdie acte l’ubiquité et la résilience d’un phénomène djihadiste multiforme sur le sol même de l’Occident" (sic)


L'auteur de cette phrase impérissable est évidemment Gilles Kepel, accouru au galop malgré la canicule pour se faire mousser aussitôt que possible après le sinistre attentat : je subodorais sa patte en la lisant. Incroyable d'indécence que de produire ce genre de bouillie sémantique, issue forcément d'une volonté pathologique d'en jeter, encore et toujours. Kepel égal à lui-même.

On peut encore s'amuser à lire le charabia qui suit dans son article du Monde (lien), jusqu'au moment où seuls les abonnés en ont la joyeuse primeur. Charabia en outre parsemé d'assertions hilarantes pour faire valoir ses délires, comme quoi par exemple le monde se serait à peine aperçu de la défaite soviétique en Afghanistan au moment de l'appel à la fatwa sur Rushdie, et à cause d'elle !

Kepel emploie un français académique qui frise la perfection à l'oral, mais veut tellement aussi se montrer à l'écrit, que sa prose en devient à peine lisible. Melon, quand tu nous tient.


EDIT : je sais pas s'ils me lisent, au Monde, ou s'il y a de temps en temps un adulte qui passe corriger les idioties de leurs apprentis-jounalistes-web, toujours est-il qu'ils ont corrigé, ce matin, et que le titre auquel renvoie le lien ci-dessus est désormais : "Gilles Kepel : Avec l’attaque contre Salman Rushdie, le djihadisme chiite a-t-il dépassé les logiques d’Etat de ses concepteurs iraniens ?".
Ils n'ont par contre pas osé toucher au texte. Le djihadisme chiite, dont on imagine que Kepel fait désormais grand cas, droit dans les bottes de Donald Trump (...), a donc (sauf erreur de ma part) fait zéro mort "sur le sol de l'Occident" (pour reprendre sa formule), depuis l'an 2000, Rushdie étant semble-t-il considéré comme sauvé. Inch Allah et longue vie à Olivier Roy !
A part ça et comme d'habitude depuis le Bataclan, cet attentat semble visiblement être l'œuvre d'un énième déséquilibré s'étant fourré des idées fixes dans la tête et n'arrivant, semble-t-il, à en sortir qu'en passant à l'acte. Tu parles d'une djihad : une belle armée de tarés, ouais !

Les  manuscrits  retrouvés de Céline


L'inventaire de Thibaudat.

Pour la clarté du récit, il est bon de rappeler ce qu'il y avait (et ce qu'il n'y avait pas) dans l'inventaire de Thibaudat :
- l'inventaire ne comprend ni le manuscrit intégral de Casse-pipe ni celui de La légende du roi Kogrold.

Il comprend par contre :
- un manuscrit incomplet de Krogold ;
- un ensemble de séquences inédites de Casse-pipe, dont seul une centaine de pages étaient connues ;
- Guerre, un ensemble de plusieurs chapitres dont on ne soupçonnait pas l’existence ;
- Londres, un manuscrit en trois parties ;
- une version manuscrite, incomplète, de Mort à crédit ;
- une version incomplète de Guignol’s Band I ;
- des correspondances, des documents à teneur antisémite, etc.

https://www.en-attendant-nadeau.fr/2021/12/15/deshonneur-patrie-affaire-celine/



On peut encore rappeler quelque dates : Thibaudat a du contacter un avocat (Me Pierrat) en 2020 puisque c'est en février 2021 ("quelques mois après" - sic) que les ayants-droits portent plainte (affaire clôturée en septembre 2021 par un non-lieu). L'article du Monde date du 4 août et sera immédiatement suivi du billet de Thibaudat dans son blog Médiapart... dont la version définitive (avec les noms et la façon dont l'ensemble des choses se seraient en fait passées) est publiée ces derniers jours (un an après, donc).



04/08/2021 : Disparus en 1944, des milliers de feuillets inédits de l'auteur du Voyage au bout de la nuit viennent de resurgir dans des circonstances étonnantes. Le Monde a remonté leur piste de la libération à aujourd’hui (article réservé aux abonnés - j'ai lu dans le premier lien qu'à ce moment, Le Monde cite deux pistes possibles : celle de Rosembly et celle de Morandat).

https://www.lemonde.fr/livres/article/2021/08/04/les-tresors-retrouves-de-louis-ferdinand-celine_6090546_3260.html



06/08/2021 : Le trésor retrouvé de Louis-Ferdinand Céline (Thibaudat)

Depuis juin 1944, date du départ de Céline pour le Danemark, il n’y avait aucune trace des manuscrits que Céline disait avoir laissés dans son appartement. Brûlés, jetés à la poubelles, volés ? Non, préservés et retrouvés. Un trésor dont le signataire de ces lignes a été le miraculeux dépositaire, avant que les ayants droit n’en disposent à leur guise.

Un coup de fil au journal Libération où je travaillais alors. On veut me voir. Me donner des documents ayant appartenu à Céline. Rendez-vous est pris. La personne vient avec un tombereau de documents. Elle semble vouloir s’en débarrasser. Sa veuve Lucette ? Elle ne veut pas entendre parler de la famille de Céline, pour des raisons sans doute politiques ou ayant trait à l’antisémitisme de l’écrivain. La rencontre ne dure pas. Il n’est pas question d’argent. Je ne reverrai jamais cette personne mais je tiendrai parole : je ne remettrai pas le contenu du tombereau à Lucette Destouches.

C'est un fatras de feuilles manuscrites éparses, des milliers de pages. Mais aussi des textes dactylographiés, et encore des lettres, des photos, des fiches de compte avec l’éditeur Denoël etc. Je suis abasourdi. Je mettrai des mois à ordonner ce magma. Mais je comprends vite que je tiens là un trésor. Des manuscrits que les "céliniens" cherchent depuis 1944.

Le 17 juin 1944, Céline, Lucette et leur chat Bébert quittent leur appartement de la rue Girardon et partent pour le Danemark. Céline craint d’être arrêté, liquidé. Il ne déménage pas, il fuit. Avec forcément peu de bagages. Il dit vouloir confier ses manuscrits à sa mère, son oncle, un cousin. Il n’en a pas le temps ou y renonce, on ne sait. Il en emporte, il en laisse. Beaucoup. Céline ne reviendra jamais dans l’appartement. Il ne reverra jamais les manuscrits. Il pense qu’ils ont été brûlés, volés ou jetés à la poubelle.

Des années durant, j’allais vivre avec ce trésor. Dans le plus grand secret. J'allais explorer des centaines de pages. Fasciné, envoûté. Respirant l’écriture, pistant la ponctuation erratique, m’enfonçant dans un déchiffrement souvent retors, buttant sur un mot, une phrase indéchiffrable, y revenant. Il me fallait attendre, par fidélité à ma promesse, la disparition de Lucette Destouches. Laquelle s’éteignit à l’automne 2019, à l’âge de 107 ans.

Pour la première fois, j'évoquai le contenu du. secret à un tiers. Je pris contact avec un avocat, spécialiste de la propriété littéraire et amoureux des lettres, Me Pierrat. Il invita bientôt les deux ayants droit à me rencontrer. Me Gibault et Véronique Chovin, amie de longue date de Mme Destouches. Je leur donnai à chacun une feuille dactylographiée sur laquelle j’avais inventorié les éléments du trésor. Je leur fis part de mon travail de décryptage. Je leur confiai surtout qu’à mes yeux, il serait dommage de disperser ce trésor, constituant un corpus unique qui ferait le régal des chercheurs. Des mois passèrent. Jusqu’à ce que les policiers de l'Office central de lutte contre le trafic des biens culturels de Nanterre ne me convoquent : une plainte pour recel avait été déposée par les ayants droit de Céline [février 2021, ndlr] !

Accompagné par le cabinet de Me Pierrat, je m'y suis donc rendu [avec les manuscrits, ndlr]. Plus d’une heure durant, cinq policiers comptèrent, feuille par feuille, tous les documents. Enfin, les signatures apposées sur les enveloppes scellées, vint l’interrogatoire. Qui vous a donné tout ça ? Secret des sources, répondis-je. Le policier revint plusieurs fois à la charge, la réponse ne varia pas.

Les manuscrits rendus, l’affaire semble devoir être classée sans suite. Il était l’heure pour moi de briser un si long silence, de proclamer l’existence de ce trésor inestimable tout en souhaitant qu’il soit mis à la portée de tous. Dans une institution publique, qu’il soit accessible en particulier aux chercheurs et aux étudiants.

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/060821/le-tresor-retrouve-de-louis-ferdinand-celine



09/08/2022 : La piste Rosembly (raconté par Thibaudat)

La plupart des céliniens, à commencer par Me Gibault (l’un des ayants droit), soupçonnaient un certain Oscar Rosembly de s’être introduit dans l’appartement que louait Céline rue Girardon, après son départ pour l’Allemagne en 44. Il aurait mis la main sur tout ou partie des manuscrits. Plus tard, Céline le désignera comme celui qui lui a volé les manuscrits. Oscar Rosembly sera en outre arrêté après la Libération pour avoir "visité" des appartements de collaborateurs qui avaient pris la poudre d’escampette.

Émile Brami, l'un des céliniens les plus actifs, retrouvera en 1997 sa fille, Mary-Luce Rosembly, qui vit en Corse. Elle lui apprend que son père (mort depuis) avait une bicoque dans le maquis où il aurait entreposé les documents de Céline. Mais jamais Brami ne la rencontrera, et elle meurt en 2020 en emportant avec elle ses secrets.

Autre hypothèse de plusieurs céliniens (dont Brami) : j'aurais récupéré le magot de Rosembly. Les policiers vont travailler sur cette piste, et le rapport de police de septembre 2021 conclut : "aucun lien entre la famille Rosembly et M. Thibaudat n’est mis en évidence". Fin de la piste corse ? Après le départ précipité de Céline en 1944, son appartement a été laissé vacant un certain temps avant que la Résistance ne le réquisitionne et l’attribue à Yvon Morandat. Rosembly et d’autres ont pu le visiter durant cette période. Les neuf premiers chapitres de Guerre manquent. Ils ont disparu. Qui les possède ?

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/040822/celine-le-tresor-retrouve-oscar-rosembly-49



10/08/2022 : La version de Thibaudat

Yvon Morandat est un résistant connu et reconnu. Il occupera avec sa compagne l’appartement de Céline, réquisitionné par la Résistance, et y restera jusqu'en 1946. Depuis son exil, Céline le soupçonne d’avoir tout détruit. Lorsqu'il rentre en France, Morandat lui dit avoir déposé son mobilier dans un garde-meuble et qu’il pourra tout récupérer à condition de payer la facture. Il lui propose également de lui restituer, sans contrepartie aucune, des documents de sa main laissés rue Girardon. Céline rejette la proposition, parle de "brouillons" etc. L'idée que des résistants aient gardé ses manuscrits sans songer à les jeter ou à les vendre ne cadre pas avec sa vision des choses : il a été pillé, un point c’est tout.

Manuscrits et papiers auraient été entassés dans une malle qui suit les Morandat lorsqu'ils quittent la rue Girardon, malle entreposée, puis oubliée dans une cave. Les années passent. Morandat meurt en 1972. Des années après, à la recherche d’un berceau d’enfant dans la cave, la malle est retrouvée. Et c’est là qu’intervient Gilles Karpman, un ami de Caroline et de son époux Georges, en même temps que de Véronique Soulé (compagne de Thibaudat). Le couple lui apprend avoir découvert l'existence de cette malle un jour d'avril 1980 : ce qu’ils pensaient être dans le garde-meuble était dans leur cave. Claire Morandat est affolée par cette découverte et une possible mise en cause de son mari et d’elle-même : depuis 40 ans, cette caisse contenant des manuscrits de Céline se trouvait dans la famille sans qu'elle ne le sache. Or l’existence de ces écrits était connue. Céline en a parlé et a plusieurs fois désigné Yvon Morandat comme celui qui les aurait "volés".

Ils ne veulent pas rendre les documents à sa veuve, Lucette Destouches, afin d'éviter que certains ne disparaissent, d'éviter qu'elle tente de gommer l'antisémitisme de son époux. De plus, c'est mettre l'intégrité de Morandat en cause par des individus dont l’intérêt pour Céline ne se limitait pas à l’œuvre de l’écrivain, mais à ses affinités politiques. A un moment, Karpman propose d’en parler à Jean-Pierre Thibaudat, un ami à lui très proche. Rendez-vous est pris et tous se retrouvent autour de la caisse remplie de papiers : courriers ordinaires, versions inédites, œuvres supposées perdues. Gilles affirme avoir eu en main un échange de lettres entre Morandat et Céline par lequel il lui faisait savoir qu’il détenait des objets lui appartenant et lui demandait comment il pouvait lui faire parvenir. La réponse de Céline : "Vous n’êtes qu’un sale prout prout gazeux Gaulliste" (Thibaudat dit quant à lui ne pas avoir trouvé trace de ces lettres).

Par la suite, Caroline, Georges, Gilles, Véronique Soulé et Thibaudat se seraient mis d’accord sur les principes suivants : personne ne doit gagner de l’argent sur cette affaire ; le secret doit être gardé afin que nul ne puisse remonter à Yvon Morandat ; il ne faut pas remettre la caisse à la veuve de l’écrivain de son vivant. Sur ces bases, Thibaudat est désigné comme dépositaire de "la caisse". Le secret est longtemps bien gardé. Mais quelques mois après les révélations du Monde et celle du blog de Thibaudat sur Mediapart (été 2021, voir au-dessus), ce dernier souhaite mettre un point final à cette histoire. Il demande à Caroline s'il n’est pas temps d’en finir avec ce secret, et de dire le cheminement des manuscrits. Elle accepte.

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-thibaudat/blog/100822/celine-le-tresor-retrouve-la-piste-morandat-59



15//8/2022 : Les interrogations d'Emile Brami.

Pour ce biographe de Céline, les révélations de Thibaudat n’infirment pas l'autre hypothèse : celle d’un vol par Rosembly d’au moins deux manuscrits que l’écrivain considérait achevés (Casse-pipe et Kogrold). Thibaudat a révélé sa source, et détails et noms donnés sont trop précis pour que cette origine puisse être contestée. Pourtant certains points méritent selon lui qu’on s’y arrête.

- Thibaudat prétend ne pas se souvenir de la date à laquelle lui furent remis les documents, et n’a cessé de varier dans ses déclarations à ce propos.
- On comprend mal pourquoi Morandat, au moment où il entrepose le mobilier de Céline dans un garde-meuble, met de côté les documents dans une caisse en bois (qui sera trimballée d’une cave à l’autre en fonction des déménagements) ; il aurait été plus logique de conserver ce qui appartenait à Céline dans un même lieu.
- Ces documents auraient pu être restitués : les deux hommes se sont rencontrés chez Pierre Monnier dont voici le témoignage (à peu après en 1952) : "Un jour, accompagné de Lucette, il est venu chez moi pour rencontrer Morandat. L’entrevue a été correcte, sans plus. Il y fut question de manuscrits et de meubles, le tout transporté dans un garde-meuble dont Morandat donna l’adresse. En se quittant, ils se serrèrent la main et, je crois, ne se sont jamais revus. Céline disait que les manuscrits en question n’étaient que des premières moutures sans grand intérêt". (P. Monnier, dans "Ferdinand Furieux", L’Age d’homme, 1979).

La révélation de Thibaudat infirme-t-elle la piste Rosembly ? Il est établi que Rosembly a visité l’appartement de Céline. Il savait ce qui avait de la valeur (qu’en 1942 par exemple, Céline avait vendu le manuscrit du "Voyage" pour une somme importante et un petit Renoir, dont  nul ne sait ce qu'il est devenu). Les témoignages des visiteurs de la rue Girardon concordent : se trouvaient sur une armoire deux manuscrits volumineux et terminés (Krogold et Casse-Pipe). Mon hypothèse est que Rosembly embarque alors ce qu’il sait pouvoir monnayer. Le reste, brouillons, correspondances etc, ne l’intéressent pas.

Céline est informé par ses amis de ce qu'il se passe à Montmartre, et ne cesse de répéter que son voleur est Rosembly. Morandat n’est pour lui qu’un opportuniste installé dans son appartement. Que serait devenu le produit des vols de Rosembly ? Les manuscrits complets de Krogold et de Casse-Pipe ont peut-être été détruits, ou vendus à un collectionneur, ou encore cachés dans la fameuse maison de Corse ?

https://www.nouvelobs.com/bibliobs/20220815.OBS62023/celine-et-les-manuscrits-perdus-la-piste-rosembly-reste-serieuse.html

Douce France, cher pays de mon enfance...


"On mange beaucoup, on boit beaucoup et on vomit partout, on ne regrette pas sa soirée !" (réplique issue de "Papy fait de la résistance")

Le problème c'est que ça existe (en dehors  du film, je veux dire), ce genre de choses, et plutôt en France qu'ailleurs, en fait. Faut dire qu'on vote beaucoup RN en France, et vomir après s'être bourré la gueule, c'est un peu l'illustration pratique du célèbre "on est chez nous".
Chez nous dans le vomi donc.
Certes, l'ambiance aide. L'amicale communale des pochtrons qui font du bruit entame à l'heure actuelle et pour la quatorzième fois l'un des trois airs qu'elle sait jouer par cœur (même bourrée), air bien entendu à chaque fois repris par la foule enthousiaste des autochtones et des touristes venus profiter de l'événement. Le tambour exécute quant à lui sa partition sans faux pas : un tempo à un temps type marche militaire (boum, boum, boum, etc), puis l'inoubliable rythmique accélère le tempo en fin de morceau, et de plus en plus, plongeant les spectateurs dans une transe dont seuls les initiés ont le secret. Enfin, c'est à ce moment que le trompettiste le moins saoul engage un ta ta ti ta ta ta ta, tatata... auquel la foule répond dans un élan irrépressible un "olé" massif (le tout répété cinq ou six fois) ! Il va sans dire qu'il y a quelque chose d'inoubliable dans un tel mouvement de fusion et de solidarité, d'autant que tout ça se prolonge des heures, voire des jours entiers. Les touristes ne se seront pas déplacés pour rien !

Cette affaire pose néanmoins un problème qu'il convient de ne pas occulter, à savoir comment comprendre que nos si chers compatriotes rient au moment de cette réplique du film ?

Et déjà : sont-ce les mêmes qui vomissent et qui rient ? Tenant l'élitisme en horreur, il va de soi que je ne puis me résoudre à penser que le monde serait divisé entre ceux qui vomissent et le autres. Ne reste donc qu'une solution : en France on vomit, puis on rit d'avoir vomi. On rit donc d'être si peu de chose, ce qui dénote une auto-dérision peu commune ainsi qu'une humilité sans faille. On comprend mieux alors que de partout, on reconnaisse en notre pays une très noble civilisation à vocation à nul doute universelle.

Et tenez-vous bien, tout ça se passe immédiatement après un mois et demi de canicule. Après un mois et demi de confinement climatique forcé, les gens se sont donc précipités dès la baisse des températures pour se torcher et vomir ensemble. Si c'est pas de l'art de vivre à la française ça, je m'y connais pas !

Brèves de comptoir

La canicule brûle les hommes et le monde.
Décision a été prise qu'un comité serait chargé d'y réfléchir.

Des centrales nucléaires sont bombardées sans qu'il semble possible d'être seulement informé afin de savoir qui s'amuse à faire ça.
Ségolène Royal ose s'interroger sur le sujet, les fact-checkers en culottes courtes la traitent de révisioniste.

En France - et donc en démocratie - on discute désormais des décisions à prendre en petit comité.
Sous prétexte de "secret-défense", il faudra attendre 50 ans pour simplement savoir ce qu'il s'y dit.

Les vaccins traditionnels y sont interdits, possiblement parce qu'un guignol a envie d'emmerder ses sujets.

Les français aiment tout ça et plébiscitent le guignol en question, mais il aiment bien l'extrême-droite aussi.


Tout va bien.

God save the world


Cette année, le pays a déjà été confronté à une vague de chaleur qui a parfois dépassé les 50°C, des feux de forêts ravageurs et des crues dévastatrices causées par la fonte rapide des glaciers. Ces intempéries ont provoqué des crues soudaines dans les rivières du Nord montagneux, qui ont emporté routes, ponts et bâtiments en quelques minutes, et une lente accumulation d’eau dans les plaines du Sud qui a submergé des centaines de milliers de kilomètres carrés de terres, détruisant habitations et récoltes. Les inondations ont recouvert un tiers du Pakistan - une zone de la taille du Royaume-Uni. Padidan, une petite ville de la province du Sind, a été recouverte de plus de 1,8 mètre d’eau depuis le début de la mousson. Quelque 33 millions de personnes sont sans abri et dans l’impossibilité de subvenir à leurs besoins primaires.

"J’ai vu de nombreux désastres humanitaires dans le monde, mais je n’ai jamais vu de carnage climatique de cette ampleur", a déclaré Antonio Guterrez, le secrétaire général de l'ONU. "Je lance un appel mondial : arrêtez cette folie. investissez dans les énergies renouvelables. Mettez fin à la guerre contre la nature. C'est un suicide collectif".

https://www.nouvelobs.com/ecologie/20220910.OBS63019/c-est-un-suicide-collectif-le-chef-de-l-onu-denonce-l-indifference-du-monde-face-au-changement-climatique.html

Covidosceptique

Aujourd'hui, je lis un nouvel épithète chez nos élites médiatiques - j'ai nommé Libé et ses inénarrables fact-checkers - pour requalifier les successifs "rassuristes, complotistes" et autres "antivax" : covidosceptique.

Peu au fait des dernières avancées de la pensée macronisante, j'interprète bêtement qu'il s'agit de gens niant la dangerosité du virus... et m'en étonne, vu l'article (lien). Article qui n'a bien sûr ni queue ni tête, puisque d'après son intitulé (Le syndicat FO des médecins hospitaliers soutient-il le covido-sceptique Christian Perronne ?), il est censé répondre à une question pour laquelle il n'existe aucune ambiguïté quant à la réponse. Pour finir, je tape "covidosceptique" dans mon moteur de recherche, et que vois-je : Qui n’est pas convaincu de la gravité de la covid-19 ou des mesures mises en place pour la combattre (wiki)

Fichtre. Désormais, ne pas être convaincu par les mesures anti-covid prises par les autorités, c'est penser que le virus a été anodin. Même les mots deviennent sur-mesure...
Ne reste qu'à voir si le Larousse ou le Robert vont oser adopter eux aussi ce genre de bullshit.

Il y a très longtemps, Libé était un journal de gauche...


Il est aujourd'hui incontestablement Macroniste... enfin au moins au moment des élections ! Le reste du temps, il fait croire qu'il est de gauche mais on sait pas trop. Libé serait-il aujourd'hui un journal qui ferait semblant d'être de gauche ? Telle est la question.

En fait, je réagis à une (nouvelle) goutte d'eau qui a fait déborder le vase, un vase déjà bien rempli de check news et autres épisodes anti-Mélenchon multiples et récurrents. Et plus précisément à la lecture d'un article sur Fabrice De Vizio, dont l'actualité est qu'il a été convoqué par l'ordre des Avocats pour se faire taper sur les doigts (lien). Di Vizio a beaucoup fait parler de lui pendant la crise du covid. Je crois me souvenir qu'il a été le premier avocat de Didier Raoult, par exemple. Or il a depuis fait son coming-out en soutenant MLP lors de la présidentielle.

Le problème, c'est la façon dont Libé traite de cette info. Il engage en effet son article en parlant d'un avocat "idolâtré par la sphère complotiste et antivax". Et "idolâtré", ça passe pas. Ça passe pas de prendre les gens pour des cons à ce point. C'est de l'insulte pure et simple. Et vu que Libé comme Le Monde ont copieusement insulté pendant deux ans tout ce qui dépassait d'un millimètre de la politique sanitaire de Macron, la "sphère complotiste", j'avoue penser y être assimilé malgré moi. Aussi être traité d'idolâtre par des types qui ont rampé pendant deux ans devant Macron, ça commence à faire. Tout comme être assimilé à je-ne-sais quel mouvement (sphère) que je ne connais ni d'Eve ni d'Adam. Tout ça est très déplaisant. En tous cas, c'est pas comme ça que Libé faisait du journalisme il y a quarante ans, à une époque où il n'était pas de gauche que les jours fériés, à une époque où, à propos de sphère, il dénonçait les flics de la pensée au lieu de participer activement à la "sphère" du flicage généralisé.

Profiter de l'actualité pour dire son rejet pour Di Vizio en temps que soutien actif du RN, c'est autorisé. Ça s'est toujours fait. Insulter tous ceux qui ne se seraient pas soumis aux mots d'ordre de Macron pendant la période du covid, c'est une toute autre histoire. Le patron avait donné l'exemple en disant qu'il avait envie d'emmerder les non-vax, et par mimétisme ses ouailles énamourées s'autorisent à se lâcher ? Bien joué patron, très classe. On peut comparer ça à la façon dont l'Obs traite de la même info. L'Obs traite Di Vizio de "zébulon médiatique qui enquille les 'connards' dans ses tweets", ou encore de "bateleur politique rallié à Marine Le Pen". Rien à redire, c'est de bonne guerre. A l'instar de Libé ou du Monde, l'Obs s'est lui aussi battu contre ceux qui ont osé résister aux pulsions totalitaires de Macron, et voir Di Vizio soutenir MLP peut valoir de l'envoyer valser. Mais l'Obs s'en tient au sujet et n'en profite pas pour insulter hors sujet ceux que lui aussi a appelé "complotistes". L'Obs n'est pas passé de l'extrême-gauche au macronisme en l'espace de trente ans, tout en prétendant être fidèle à ses convictions, il a toujours été en gros de centre-gauche et n'est pas une girouette qui tourne au gré des vents et des actionnaires. Et pendant ce temps, Libé insulte. Oui, "idolâtre", c'est minable. Plein de morgue et de suffisance. Assurément du niveau moyen des réseaux sociaux. Quel mépris ! On n'aime visiblement plus la contestation à Libé. Il faut désormais marcher droit, faute de quoi on se fait insulter !

Arrivé à ce stade de ce billet, je suis allé voir ce que Google racontait sur les deux journalistes. Et j'ai appris que l'un comme l'autre sont spécialistes de l'extrême-droite, mais aussi qu'ils auraient été menacé par des éléments parmi les plus radicaux de cette mouvance. Est-ce ce qui expliquerait leur violence verbale, ou est-ce cette violence qui a amené à ces extrémités ? J'en sais rien et pour tout dire, je m'en fous. Rien ne justifie ce type de menaces, c'est clair, mais rien ne justifie non plus que ces types insultent quiconque a contesté la politique sanitaire de Macron, sous le prétexte que ça les démange et que Big Brother leur a inculqué que tous les "complotistes" seraient d'extrême-droite. Admettons qu'ils soient à cran, mais ce chewing-gum remâché en boucle, on s'en fout, et insulter les gens c'est pas du journalisme. Ou alors un journalisme qui n'a rien à envier à celui de Valeurs Actuelles.

Libé a été pendant un demi-siècle LE journal de gauche en France, et la question est de savoir s'il est désormais devenu un laquais du pouvoir, et un point c'est tout. Et si oui, la décence serait de laisser place à un vrai quotidien de gauche en arrêtant de se faire passer pour ce qu'il n'est plus. Ça serait en outre une bonne nouvelle pour ce qui reste de la démocratie.

Discours de Poutine


Comprenons-nous bien. Faire la guerre à un pays en bombardant les populations est un acte de boucherie pure. Ensuite, il y a la façon de présenter les choses depuis l'Occident. Et hier, si j'ai bien entendu l'illégalité de l'annexion des territoires ukrainiens, entendu aussi que son discours aurait été guerrier, voire à nouveau menaçant, mais j'ai pas beaucoup entendu qu'il parlait aussi de négociations de paix avec l'Ukraine.

Je veux bien être naïf, je veux bien que des types sachent mille fois mieux que moi comment interpréter ce genre de discours, voire comment interpréter Poutine, mais je trouve gravement irresponsable de passer sous silence ce genre de propos. Irresponsable que, face à des menaces de guerre nucléaire, d'insignifiants gratte-papier médiatiques s'autorisent à décréter plus important de savoir qui a tort et raison dans cette affaire plutôt que d'être tout entiers absorbés par la priorité consistant à éviter la poursuite de la guerre. On peut par exemple se référer à l'éditorial jusqu'au-boutiste du Monde, non signé bien entendu, pour qui l'Ukraine "est désormais sommée de se soumettre à une négociation où il n’y aurait rien à discuter, et surtout pas des conquêtes russes". Rien à discuter sauf la fin des massacres quand même, mister Machin. On attend pour se faire une opinion que l'amicale des anonymes du Monde aille se battre pour sauver le Donbass d'un destin que peut-être lui-même souhaite...

Bref, si Poutine commence à parler de négociations de paix, on n'en a rien à foutre de son éventuelle haine de l'Occident. Et comme ça n'a pas l'air de faire les gros titres des médias, je mentionne ce qu'après avoir acté l'annexion des quatre régions ukrainiennes, il a dit sur le sujet dans son discours (lien) : "Kiev doit respecter le choix de ce peuple, c'est le seul chemin vers la paix". Et encore : "Nous appelons le régime de Kiev à cesser immédiatement toutes les hostilités et à revenir à la table des négociations".

Et moi je comprends peut-être bêtement que finalement, Poutine pourrait aussi en avoir marre de ce conflit où il est enlisé, et peut-être se contenter de l'annexion des quatre territoires ukrainiens. Et donc être prêt à la paix sous condition de garder ces territoires. La négociation pourrait alors ne pas être si compliquée : l'OTAN pourrait exiger qu'on refasse les référendum sous son contrôle, et si les résultats sont les mêmes, qui sait si la négociation ne pourrait pas en finir une fois pour toutes avec cette tragédie. Notons encore que la position de Zelensky dans ce cas de figure serait assez éclairante pour savoir qui est réellement ce type qui a déjà répondu à Moscou qu'il refusait toute négociation.

Droit d'inventaire sur fond d'écrans géants

Anne Hidalgo se joint à quelques maires, essentiellement socialistes, pour abolir les écrans géants qui permettaient aux gens de se rassembler pour voir les match de foot de la coupe du Monde. Mme Hidalgo est contre la coupe du monde au Qatar DONC elle empêche les gens de la regarder. Quoi de plus normal.

Madame Hidalgo s'est prise une déculotté historique aux présidentielles mais n'en a tiré aucune leçon : pourquoi le ferait-elle, puisqu'elle sait ? Sur le modèle exact de la droite, elle fait partie de ces élites qui savent et ont pour mission d'éduquer le peuple. Et le peuple n'a pas à faire la fête alors que la construction des stades a généré de nombreux décès d'immigrés venus y participer : ce serait pas bien, pas solidaire déjà. Et un peuple non solidaire, c'est mal. Et il faudra bien un jour que le peuple comprenne que la bonne morale, c'est le PS : le PS c'est le bien... enfin l'ancien PS bien sûr, celui d'avant Olivier Faure.

Et donc elle ne fera pas son inventaire. Forcément puisque madame Hidalgo c'est le camp du bien. Certes le camp du bien peut parfois faire des erreurs, mais alors que dire de l'autre ? C'est au camp du mal de faire d'abord son inventaire, et quoi encore ! Et vu que quand il l'aura fait, il appartiendra au camp du bien, alors à ce moment seulement, faire l'inventaire du PS deviendra cohérent... aura même une certaine noblesse, à vrai dire. Et donc on le fera avec rigueur et honnêteté (croyez bien qu'on n'attend que ça). Je résume pour ceux qui auraient décroché : le bien c'est nous, et donc ce qu'on pense, c'est bien.

Et là on pense qu'interdire les écrans géants, c'est bien.

Si madame Hidalgo avait été élue présidente, elle aurait certes fait comme les autres des affaires avec le Qatar. Oui mais le peuple c'est pas pareil. Aussi et pour commencer, il faut que le peuple apprenne et comprenne les symboles avant d'avoir le droit de regarder la coupe du monde sur écran géant en toute responsabilité. Et quand il en sera là, faites-nous confiance : on l'autorisera à le faire !


Pourquoi parler de droit d'inventaire ? Parce qu'une partie du PS a lancé un programme dit de "refondation" destiné à sortir de l'alliance avec la Nupes, et que la dernière phrase qui cause d'inventaire est proprement surréaliste. Florilège en forme de résumé...

Non à la finance, à la tyrannie du court terme. Oui à la valeur travail. Défendons les retraites. Vive l’argent au service de l’humain. Non aux inégalités et au chacun pour soi. Vive l’ouverture aux autres, aux plus vulnérables. Ayons un nouveau rapport à la nature. Vive une République qui tienne ses promesses de liberté, égalité, fraternité. Oui aux services publics, à l’éducation, la santé. Oui à la justice impartiale. Non au racisme, à l’antisémitisme, au sexisme, à l’homophobie. Non à la monarchie présidentielle. Oui à la participation citoyenne. Vive la liberté et le pluralisme, vive l’indépendance des médias. Vive l'Europe des valeurs, des solidarités, l'Europe humaniste. Refondons la gauche, en nous imposant le droit d’inventaire autant que le devoir d’inventer.

https://www.lejdd.fr/Politique/tribune-150-elus-socialistes-appellent-aux-refondations-de-la-gauche-4137957

Le droit d'inventaire et le devoir d'inventer. Quel verve, quel feu d'artifice. Ah ils savent torcher une formule au PS ! Sinon l'inventaire, on l'attend depuis 30 ans. Quant au devoir d'inventer, que dire sinon qu'à la lecture d'une telle refondation, on est stupéfait par tant de créativité !  

La torpille Sandrine Rousseau fait d’autant plus mal qu’elle percute un parti brutalement ramené à ce qu’il est : une coquille fragile (Françoise Fressoz - Le Monde)

Fragile ? Vous avez lu "fragile" ? Bizarre moi j'ai lu "vide". Ou alors c'est une coquille à l'impression. Drôle d'impression. Il y aurait des coquilles dans Le Monde ? Des coquilles vides, alors ! Hum...
"Ce qu’il se passe chez EELV recouvre une évolution plus générale à gauche. La conquête du pouvoir ne se conçoit plus au centre mais aux extrêmes", poursuit-elle. On comprend mieux. Madame Fressoz reprend en fait les positions de Macron, comme quoi la Nupes, c'est "les extrêmes". Pauvre madame Fressoz, reine de l'info injustement accusée de droitisme par un blog deleuzo-insignifiant. Mais elle aura sa revanche. Le jour où le RN sera au pouvoir, elle pourra enfin montrer à tous la légitimité de sa position, elle sera en effet de fait à gauche de quelque chose ! (enfin on ose l'espérer). Et Le Monde, redevenu contre-pouvoir politique, verra son audience grimper d'autant ! Aussi et en ce jour béni, madame Fressoz pourra écrire en toute légitimité que "la torpille MLP percute un journal brutalement ramené à ce qu'il est : une coquille fragile".

Des nouvelles du front ukrainien


J'aime beaucoup le feuilleton quotidien du 20 heures sur l'Ukraine (enfin du 19h58 puisqu'il faut pas que le téléspectateur branche la chaîne rivale avant, qui elle commence à 19h59). Un jour c'est Dprovnatchuk qui est libéré par les ukrainiens sous les vivats, le lendemain c'est Stomlovatchik. Ça change tout le temps. Enfin les vivats on l'imagine, parce que pas de bol, c'est juste l'image qu'on voit pas. Hier par exemple, on a vu en lieu et place une dame sortir de décombres dans une rue vide, et se précipiter pour serrer dans ses bras son sauveur. Ils sont forts, ces journalistes, de nous procurer de telles images au péril de leur vie.

Mais avide de mieux cerner les subtilités du conflit, je me suis forcé à écouter un débat d'experts à la télé. Le premier parlait des armes de dissuasion nucléaire, et je crois bien qu'il était question d'armes "légères" (celles que certains recommanderaient à Poutine). Et le type affirmait que ça allait de quasi la puissance d'Hiroshima à dix fois plus. Sympa. A défaut de celui de "léger", on comprend bien le terme de "dissuasif". Mais bon, j'ai peut-être mal compris... en fait euh, j'étais pas bien sûr. Aussi je me suis accroché pour bien suivre ce que disait le second. Et là j'ai bien noté qu'à un moment, il disait que les territoires annexés par Poutine, tout ça, c'était pas vraiment le but de l'opération : que le but, c'était (bien évidemment, a-t-il cru bon d'ajouter) la Crimée*. Drôlement intéressant. Donc Poutine aurait fait semblant d'envahir l'Ukraine pour annexer la Crimée... qui est russe depuis huit ans ! Sont forts ces types, pas étonnant que nous zôt, on comprenne pas tout. En plus ça explique plein de choses : par exemple pourquoi Poutine démolit ses propres gazoducs, ou encore pourquoi il lance des missiles sur des centrales nucléaires déjà entre ses mains et que l'armée russe occupe. Bref, tout devient limpide quand on sait, et l'on sort franchement enrichis avec les grilles de lectures de tels spécialistes. Quand on pense qu'il y a des complotistes qui racontent n'importe quoi sur le sujet alors qu'il suffit d'écouter les experts. C'est comme pour le covid : sans doute le même genre de pédosatanistes de droite qui délirent et balancent leurs fakes sur la toile. Faudra penser à faire quelque chose un jour pour s'occuper de ces types qui désinforment à tour de bras. Quelque chose de léger bien sûr, faut pas être salaud... léger mais dissuasif quand même.

Sinon j'ai aussi appris récemment qu'il existe désormais un crime au delà du meurtre : le "délit de fuite" (en général immédiatement sanctionné d'une balle dans la tête). Comme disait l'égérie de Charlie-Hebdo, Zineb El Rhazaoui, le tir à balles réelles, y'a que ça de vrai.  Tiens à propos, on en entend moins parler, de celle-là. Dommage, j'aurais pourtant été curieux d'avoir son expertise sur l'Ukraine. Pas grave, à défaut, on doit pouvoir interroger Sandrine Rousseau...



EDIT : armes atomiques "légères" ? Un "live" du Monde explique à 6h31 que : "Selon les experts, une attaque atomique emploierait probablement des armes nucléaires tactiques – plus petites en charge explosive qu’une arme nucléaire stratégique".

* c'est plus tard que j'ai appris que la Crimée, c'était un objectif de Zelensky de la reprendre. Donc j'ai rien compris sur le moment : l'expert parlait de Zelensky et non de Poutine. A ma décharge, j'avoue ne pas avoir été suffisamment dingue pour imaginer que Zelensky profiterait des aides de l'Otan pour reprendre ce territoire à la Russie.

Ouh qu'il est drôle, le dernier article du Monde. A l'heure ou Poutine parle de mettre en œuvre la menace nucléaire et où Biden renchérit en terme de destruction de l'humanité, les toutous du Monde s'offusquent de la violence des mots de Mélenchon. Le Gengis Khan de la dialectique en France a en effet encore dérapé en comparant la manif du 16 octobre à celle du 5 et 6 octobre 1789, où les femmes "marchent sur Versailles contre la vie chère" et "ramènent le roi, la reine et le dauphin de force à Paris".

Branle-bas de combat au Monde, aidé en cela par l'immense intellectuelle Aurore Bergé, qui elle aussi s'inquiète pour le col roulé de Bambi : quoi, Mélenchon veut guillotiner notre président chéri, s'horrifient-ils en chœur ? Pendant ce temps, Sandrine Rousseau se précipite sur le premier micro tendu (un appel phallique ?) pour expliquer qu'on ne tuera personne et que la manif, c'est au contraire l'occasion de se payer une bonne tranche de fun : "on crie, on danse, on est joyeux", trépigne-t-elle à l'avance d'excitation. Vrai que c'est sympa que la vie chère nous procure une chouette occasion de faire la fête, sacrée sardine ! Jadot lui, est inquiet d'une telle "brutalisation du débat politique" (le jour où il va découvrir le théâtre de Molière, ce type va nous faire un malaise). Oliver Faure admet lui la provocation, mais se voit quand même obligé de prévenir l'électorat (essentiellement du PS) que personne n'aura de pique ni de fourche (on sait jamais, ils comprennent pas tout au PS). A droite bien sûr, c'est pire : éborgner les gens, leur arracher les mains, les tirer comme des lapins en cas de délit de fuite, passe encore, mais toute cette violence verbale, c'est pas supportable, gémit-elle, horrifiée.

https://www.lemonde.fr/politique/article/2022/10/07/provocation-appel-a-la-violence-la-reference-de-melenchon-a-un-episode-de-la-revolution-de-1789-engendre-de-vives-critiques_6144826_823448.html


EDIT : mais c'est pas suffisant pour Le Monde, il récidive ce matin en publiant la même info sous un titre différent. Au Monde, un type met tous les jours son réveil à 4 heures du matin pour taper sur Mélenchon. L'Obs est pour l'instant le seul média en ligne à avoir résisté  la tentation de jouer de cette "info" digne du caniveau. Même au Figaro, on admet que le "caractère outrancier de cette déclaration fera rire plus qu’elle n’inquiétera". L'union de la gauche, ça passe décidément pas chez les toutous macronistes du Monde.

Un peu plus haut (ici), j'avais imaginé qu'on puisse refaire les quatre référendum, sur la même question de l'attachement ou non de ces provinces de l'est à la Russie, mais cette fois sous contrôle international.

Le milliardaire Elon Musk semble proposer la même chose, et l'on peut lire ici un check new de Libé sur le sujet. Rien à dire pour une fois sur les arguments déployés. Si, deux choses quand même : d'abord Musk propose des régions bien plus vastes ou nombreuses à soumettre au référendum (et j'ai rien à en dire, j'y connais rien) ; deuxio, Libé note certes que "le raisonnement du milliardaire a ravi les autorités russes et les médias proches du Kremlin, qui se sont empressés de le relayer", mais omet bizarrement de clairement en conclure que si ça "ravit" Moscou, c'est qu'existe bel et bien une porte de sortie qui pourrait leur aller !

Alors c'est quoi l'important ? Arrêter cette merde... ou autre chose ?

D'autant que si l'on en croit Joe Biden, je cite : "les Ukrainiens tournent l'armée russe en ridicule en de nombreuses occasions" (lien), la comparaison souvent faite avec la lâcheté européenne lors des premières invasions nazies n'a pas ici lieu d'être si l'armée russe est aussi faible que cela.

Donc à quoi on joue ?

La République des mots

Il n'y a plus que les mots qui semblent avoir d'importance aujourd'hui. Deux des dirigeants les plus belliqueux et surarmés de la planète se balancent toutes les semaines des menaces nucléaires au visage. Que font les journalistes ? Ils s'affairent pour savoir qui a raison et qui a tort. C'est la seule chose qui les intéresse. Qui a tort ou raison d'employer de tels mots ? Qui c'est qu'a commencé, si vous préférez. Ça les excite, cette affaire. Parler de paix, ils s'en foutent. Tiens, aujourd'hui il y en a un qui nous explique que les gens à Kiev sont tellement courageux qu'ils ont la banane en ce moment. Vraiment on est bien informés (Le Monde, toujours). Peut-être qu'une bombe sur la gueule les exciterait mieux et plus, finalement. On sait pas. Grâce à ces événements en tous cas, on comprend mieux les mécanismes mentaux qui ont amené à mobiliser les peuples lors des guerres mondiales du XXème siècle. Des petits cons pérorent du haut de leur média (ou de leur mandat), et la foule se chauffe de concert en trouvant ça formidable. Grandiose !

Ça les avait déjà drôlement excité de prendre parti pour la gestion du covid. Que dire de la guerre alors ? C'est que la guerre, c'est quand même le top en matière de sérieux ! Quand on en cause, on montre vraiment ce qu'on a dans le ventre. Encore qu'on cause plutôt avec les mots qu'on a en tête, mais bref là-dessus. Ensuite, on retrouve les mêmes rendus à moitié fous par les combats, dans la littérature de Céline par exemple. Pas grave : c'est une autre info, coco. Et puis Céline, ses mots sont déviants donc il faut le proscrire. En fait, ça a encore plus de poids de donner son avis sur Poutine que sur le néo-féminisme, c'est dire.
Sinon, on ose espérer que Macron le jeune ait autre chose sous la main que des Darmanin et consort pour lui éviter de foncer droit devant dans ces temps aventureux, des fois qu'après avoir goûté aux menues joies de la dictature, lui manque le dernier degré de l'échelle de sérieux dans la magnifique aventure humaine, j'ai nommé : la guerre. Vrai qu'ils en sortiraient grandi, notre Bambi national et sa bimbo, et ils auraient en plus des trucs profonds à dire dans les dîners du Club. Ceci dit, une guerre engendrerait sûrement un minimum de réflexion aussi chez les abrutis qui plébiscitent des seconds tours comme on en a pris l'habitude en France. Ça les calme en général... enfin pour une ou deux générations seulement, hélas.

Tiens, un autre exemple de mots : le dernier tweet de satan qui compare la manif contre la vie chère à une autre marche ayant eu lieu en 1789. Une guerre nucléaire, admettons, rugissent en chœur médias et politiques, mais pas Mélenchon, et pas la révolution. Liberté, égalité, fraternité, c'est la devise héritée de la révolution. Pas grave. La Marseillaise, si les footeux ne la chantent pas en chœur, c'est un crime de lèse-majesté. Pas grave. Mais la révolution, la démocratie, les droits de l'homme, il est désormais clair que c'est pour faire joli : ça sert à ce que les crétins aient leur brevet d'universalisme, et aussi à ce qu'ils se mirent dans une identité valorisante (souvenir de Sarko et de l'identité nationale). Moi, Ducon 134, digne héritier de la révolution, je soussigné me reconnaître dans les fières valeurs de (etc)... ça jette, non ? En dehors de ce plaisant vernis, tout ce qui a trait à la révolution est donc proscrit : trop violent, anachronique, has-been, indigne de notre degré d'évolution. Une guerre atomique, passe encore, mais un tel sous-entendu (voire même une gifle au cours d'une dispute au sein d'un couple), c'est l'abomination, l'apocalypse, Hiroshima puissance quatorze, la fin de la civilisation. Alexis Corbières a trouvé un bon angle de tir dans un papier de l'Obs intitulé : "Ainsi, faire référence à la Révolution française serait devenu du fascisme" (lien).

Sans doute qu'ils ont les mots alors, cette nouvelle élite de néo-teen-agers scribouillards. Ils savent les mots qui sont bons pour nous. L'heure de la réflexion est de toutes façons dépassée, aujourd'hui on sait ! Enfin, pas si sûr quand même... hier encore, dans Libé, un type était tout content, il avait trouvé un super-titre : "la Biélorussie entre en guerre avec Poutine" (lien). Vache, ça déménage, non ? Et tout ça sans doute à partir d'une simple dépêche de l'AFP. Quel talent, quelle inspiration ! Eh bien figurez-vous qu'aucun autre média n'a suivi : c'était pas les bons mots (pas la guerre, ndlr) !
Courage, ami journaliste, d'ici quelques années, toi aussi tu sauras faire la différence entre la guerre et la paix (il se dit en tous cas que certains très vieux journalistes y arrivent).

Ukraine

Sur tweeter, je m'aperçois que c'est bien finalement pour les 4 régions annexées récemment qu'Elon Musk propose de refaire les referendum, sous contrôle de l'ONU (lire ici et là).

Quant à Zelensky, Le Monde nous apprend ici qu'une proposition se voulant déboucher sur des négociations de paix, il interprète ça comme choisir entre la Russie et l'Ukraine ! J'ignore si, comme le raille Le Monde, Musk est plus que moi un grand expert en géopolitique, mais je commence à sérieusement me demander si Zelensky ne ferait pas mieux de reprendre ses activités de comique de série télévisée...

Alors quoi, ça excite tout le monde, une menace de guerre nucléaire ? Après le covid, la presse aux ordres est investie d'un nouveau mandat pour nous y préparer ?

NON MERCI !

Interview de Macron




Tout d'abord, merci à Caroline Roux d'être l'une des dernières à faire dignement le boulot de journaliste. En tous cas, elle a été excellente tout au long de l'interview.

Sur l'Ukraine (première demi-heure). L'interview a été de bonne tenue. Bien sûr, j'aurais aimé que la proposition d'Elon Musk soit abordée, mais j'imagine que c'est trop demander en l'état des choses...

Sur la crise énergétique. Le prix de l'électricité est donc indexé sur celui du gaz (état de fait auquel Macron dit vouloir remédier). Or les centrales nucléaires en France produisent 75 % de l'énergie qu'on consomme, et avec l'énergie hydro-électrique et les éoliennes on arrive à 90 %. Le reste donc, c'est le gaz. Et l'Europe importerait désormais bien plus de gaz venant des Etats-Unis. Et là, c'est l'intervieweuse qui fait remarquer que les américains le ferait payer 4 fois plus cher qu'avant. La France paierait 4 fois plus cher l'ensemble de l'énergie qu'elle consomme alors qu'elle produit la presque totalité de ce qui est suffisant à ses besoins ?

En fait, ça doit pas être tout fait comme ça que ça se passe. Macron finit certes sur le sujet en brandissant triomphalement un graphique qui dit qu'on paie l'énergie bien moins cher que nos voisins, et en tentant bien sûr de tirer la couverture à lui. Sans vouloir offenser son génie, gageons que posséder bon nombre de centrales nucléaires doit sûrement y être aussi pour quelle chose...

Une presse aux ordres ?


Un constat d'abord : si l'ensemble de la presse n'est pas clairement positionné derrière Macron, le moins qu'on puisse dire est qu'elle n'est pas bien véhémente pour le combattre. On a même plutôt l'impression qu'elle est en fait "aux ordres", ou que sa marge de manœuvre est plus cosmétique qu'autre chose. Ça a été totalement flagrant avec l'épisode du covid où, pendant deux ans, il a juste été impossible de lire dans Libé (ou Le Monde) le moindre article contestant la ligne sanitaire du gouvernement ! Et ne parlons même pas de sa façon d'informer sur l'Ukraine aujourd'hui...

J'ai alors employé le terme de dictature (ou de démocratie totalitaire). Chacun en pense ce qu'il veut, mais il est au moins un usage du mot qui n'est pas contestable, celui de la dictature d'un récit. On nous impose un récit incohérent que la presse de droite comme de gauche ne conteste en aucune manière. Tout juste s'autorise-t-elle à proposer quelques annexes qui, selon elle, l'améliorerait. Le récit se veut répercuter le réel, soit l'Histoire telle qu'on nous la raconte. Celle par exemple où, au niveau politique, seuls les réformes sont une alternative crédible à l'ordre néo-libéral du monde (mais le récit n'est pas que politique, il est aujourd'hui largement moral, et l'on a par exemple vu ses limites quand Mélenchon a fait référence à la révolution française). Quant aux annexes, c'est l'actualité : la presse s'autorise donc à commenter thème par thème certains sujets déjà prêts à être engloutis dans le récit institutionnel.

Ainsi chaque média a ses propres dadas, par rapport à l'islam vs l'universalisme de l'Occident par exemple, ou encore au néo-féminisme (etc). Le seul média qui propose un minimum de diversité d'opinions est finalement Marianne, où l'on trouve même quelques articles un peu pensés (ceci dit, si  la diversité est louable, Marianne va un peu loin quelquefois, en particulier quand il propose des signatures qu'on retrouve dans Causeur). Médiapart propose aussi d'autres sons de cloche, mais l'un comme l'autre ont des soucis de cohérence. Quant aux autres journaux, on sait d'avance la totalité de ce qu'il y sera écrit, tant on est dans un déjà vu mille fois radoté.

Les uns et les autres se font donc les champions de quelques batailles, luttes politiques ou idéologiques, sans vraiment arriver en général à mettre les choses en cohérence. Et quand ils arrivent au point d'incohérence, ils racontent qu'ils seraient nuancés, et en général attaquent "l'ennemi" au lieu de défendre quoi que ce soit de clair. Tous les journaux prônent le néo-féminisme par exemple, et il a fallu qu'on en arrive aux dernières méthodes inquisitrices à propos de Bayou pour avoir enfin droit à quelques bémols de la part de certains... vite rectifiés par moult articles à la gloire du mouvement. Marianne est peut-être le seul journal nuancé sur la question, mais comme il a une conception quasi religieuse de la laïcité et d'un universalisme qui voudrait que les choses soient les mêmes partout, il se heurte vite à ses propres limites : en même temps que Polony est circonstanciée sur les choses référant à #metoo, elle donne la parole à des gens bien peu nuancés comme Ruiz-Pena, et l'a même longtemps donné à Caroline Fourest (sans semble-t-il s'apercevoir de son islamophobie). Médiapart est lui engagé à fond dans la lutte anti-raciste, ce qui lui permet d'être réellement nuancé vis-à-vis de l'universalisme (et c'est à peu près le seul à l'être), même si #metoo est aussi un de ses chevaux de bataille.

Pendant ce  temps, le reste de la presse ronronne dans la bien-pensance du récit institutionnel, surfant sur les vieilles images qu'on pourrait avoir en tête les concernant, sans jamais se remettre en question sur quelque point que ce soit. Bosser à Libé, c'est s'auréoler d'une vieille image de contestataire et de juste, quand Laurent Joffrin en est à chercher à s'entendre avec Cambadélis pour ressusciter on ne sait quelle sociale-démocratie discréditée par Hollande, Valls et qui vous savez. Quant à bosser au Figaro, j'imagine que ça doit correspondre à adhérer à des valeurs de droite (peut-être pour certaines défendables), quand ce journal laisse Zemmour gambader à son aise dans ses colonnes. Bref, il n'y a plus aucune réalité nulle part, juste des mots qui répondent à des mots...

C'est pourtant pas si compliqué, ou bien un journal assume représenter une ligne politique (type l'Huma), ou bien il doit être capable de répercuter les opinions des uns et des autres, quitte bien sûr à prendre parti. Mais se prétendre de gauche et censurer la moindre parole contestataire en temps de covid, pour finalement nous vendre Macron plutôt que LFI aux présidentielles, ça passe pas. Et en dehors de quelques vœux pieux dont elle joue sans cesse pour sauvegarder une illusion d'identité, la presse française est à peu près intégralement pro-Macron depuis un moment, et si elle avait le courage de l'avouer, la démocratie s'en porterait mieux. Pro-Macron et donc colporteuse d'un récit institutionnel abrutissant d'incohérence. Le combat contre l'extrême-droite ne doit pas être un cache-sexe qui permette tout et n'importe quoi.

Sans perdre une seconde, Libé s'est précipité pour faire faire au bon moment un sondage (lien) afin de confirmer le discrédit de Mélenchon après l'affaire Quatennens. Sans surprise, l'ex-journal de gauche peut se réjouir de l'image encore un peu plus écornée du leader de la gauche, et rêver en toute quiétude à un troisième tour entre droite et extrême-droite aux prochaines présidentielles, qui lui permettra de continuer à vendre sa camelote en prétendant défendre les valeurs de la gauche.

A gerber.

Et après avoir enfoncé Mélenchon et Quatennens, ils osent titrer en journal-papier : "Gauche, une marche pour repartir du bon pied". C'est quoi la gauche qu'ils disent soutenir : Aymeric Caron président ?

Zelensky...

Ok, je ne suis pas d'assez près cette guerre entre la Russie et l'Ukraine, et je suis pas une flèche sur ces questions. Mais dans Le Monde, j'apprends par exemple aujourd'hui qu'en une semaine, les frappes russes auraient détruit 30 % des centrales électriques ukrainiennes. Et là, j'ai peut-être tort, mais je sursaute : moi j'ai eu l'impression que la presse nous avait vendu la riposte de Poutine après la destruction du pont de Crimée comme des frappes aveugles sur les civils, destinées à taper du poing sur la table et à montrer ses biceps. J'ai rêvé ? Mais si 30 % des centrales électriques sont détruites, c'est pas "aveugle", si ?

Bon, je peux me tromper mais j'en ai marre de tout ça. Par exemple, depuis le début, on voit ce Zelensky en tee-shirt spécial prolo implorer de l'aide. Pourquoi pas, et moi je l'aimais bien au début : ça me faisait marrer ce lambda sorti d'une émission comique de télé qui se retrouve président. J'avais d'ailleurs visionné un épisode du feuilleton et le type semblant plutôt sympa et pas du tout se la jouer. Un bon point pour lui. Et puis j'apprends à un moment qu'à force de recevoir des aides, surtout américaines, c'est plus forcément la seule paix qu'il vise (comme il le dit), mais aussi de reprendre la Crimée ! Ça lui serait pas un peu monté à la tête, toutes ces aides ? Et là, ça a l'air de lui faire bizarre qu'en une semaine, Poutine détruise 30 % des centrales électriques ukrainiennes. Il croyait quoi, au début, ce type : qu'il allait écrabouiller tout seul la Russie ? Et il croit quoi, aujourd'hui, que c'est grâce à son génie de la com que les américains aident les ukrainiens ?

... et je passe sur les positions va-t'en-guerre de la presse, encore une fois à l'unisson.

Buzyn, Soulages, Macron

Hier, j'ai acheté Le Monde pour lire l'interview d'Agnès Buzyn (voir ici), des fois qu'on y trouve plus que dans Libé. Trois euro vingt, déjà ! Sinon il n'y a rien de plus sauf que ça dure trois plombes à lire (à se demander si Buzyn n'en a pas fait 600 pages pour rien de plus non plus). En fait, il se pourrait que le boulot des services web des journaux soit de résumer les articles-papier. Enfin c'est la réflexion que je me suis fait(e). Et comme moi aussi, je résume souvent les articles-web, à la fin, cent lignes au Monde et ça en fait dix chez moi. Et rien ne manque. Enfin rien n'a manqué cette fois. Je frime pas, j'aime bien résumer et pas sûr que je serais capable du contraire. J'étais plus matheux que littéraire. Oui je sais, vous vous en foutez de tout ça, mais moi aussi, je me fous que vous vous en foutiez. Si vous avez quelque chose à dire, inscrivez-vous (et donc vous n'avez rien à dire, conclurait Le Monde)


Tiens, à propos de retour, le record est battu, vous avez été 77 en même temps, l'autre fois. J'ignore toujours pourquoi, pour quel billet, s'il y a une espèce d'alerte qui fait effet boule de neige ou quoi. Je comprends rien. J'y survis néanmoins, appartenant à mon insu à la branche très rare des bouddhistes en colère. Peut-être êtes-vous muets. finalement. Ou votre clavier est-il cassé ? Je serais le forum préféré des cassés du clavier ? Ou inaptes à la discussion. Ou encore émerveillés par ma prose au point de ne pas oser la salir par vos propos surfaits. Ça doit être ça. Je compatis. Ainsi donc j'élèverais vos âmes, ce qui ferait de moi un bouddhiste épanoui, rieur et ventripotent. Une promotion donc. A moins que, de par ma rage inextinguible, je n'excite votre fureur refoulée, tel le dernier des Satan, et ce malgré mon envergure de moineau ? Serais-je alors versé dans le satanisme ? A propos, Salman Rushdie à perdu un œil et c'est pas la faute à Darmanin, incroyable : ce type démolit les statistiques ! Ou alors et à propos, 77 flics hésitant à me ficher S vu l'estime que je porte à l'occident ? De toutes façons on est tous fichés. Bayou par exemple, il est fiché Q chez madame Rousseau. Et entre Bayou et moi, il n'y a donc qu'un R, comme l'air de rien (et rien, c'est peu). Sinon, tout le monde est fiché Q. Je voyais pas les choses comme ça, mais bon, démerdez-vous : je m'en fous de vos histoires de fesses (en dehors de ceux qui se sont tapé Scarlett Johansson).


Hier, en achetant Le Monde donc, le libraire me dit que Soulages était mort. J'ai pas su quoi répondre parce que je confondais avec un autre (encore que l'autre étant tout aussi mort, je confondais pas tant que ça). Il a enchaîné en disant qu'il avait 102 ans. Et moi, comme un con, c'est là-dessus seulement que j'ai trouvé à répondre. J'ai dit que ça modifiait pas l'espérance de vie. Tu parles, la honte. J'aime bien Soulages, mais je suis incapable de faire trois lignes sur le sujet. J'aime bien le noir, faut dire. C'est intéressant, non ? Oh bon, allez vous faire foutre (j'ai un problème avec la peinture). Guillaume Durand, dans une interview à Marianne, dit que c'est le peintre qui "a su expliquer que le noir était une couleur". Franchement, vous trouvez ça plus intéressant, vous ? Peut-être remarquez, mais alors faut expliquer. Sauf qu'en guise de développement, tout ce qu'il trouve à rajouter, c'est que Soulages a fait du rugby. Putain c'est pas vrai ! Bref, il a du le croiser et ils ont causé rugby. Pour moi, Durand a poussé Soulage à broyer du noir après cette rencontre... donc il aurait en quelque sorte été sa muse (mais il est trop modeste pour l'avouer).

Histoire de dire enfin quelque chose dans ce billet inutile, je rapporte une phrase de Soulages à la lecture du Monde : "Je pars d’une première touche : cette proposition susceptible de multiples développements provoque un dialogue et les choix successifs d’où naissent peu à peu la poésie et la signification du tableau. Ces choix dépendent et répondent d’une certaine manière d’être dans le monde. Il n’y a pas de “schémas préexistants”, j’apprends ce que je cherche en peignant".
J'ai un problème avec la peinture, mais j'ai toujours été fasciné par le fait que beaucoup d'artistes parlent bien mieux que pas mal d'intellos. Sur ces bonnes paroles, je vous laisse en compagnie d'un peu de relief.





Enfin et pour finir, je ne résiste pas à l'envie de "voler" un dessin parfait d'un blogueur de Médiapart souvent très bon, résumant la soirée télé d'hier, où l'on a vu un président mentir de façon indécente, en osant assimiler la gauche (la Nupes) au RN (et repris allègrement dans plusieurs commentaires du Monde).

On n'avait jamais vu une telle saleté sortir de la bouche d'un président dans l'histoire de la 5° République !

Le vert est dans le fruit


Ce billet s'adresse tout particulièrement aux jeunes générations, pour leur faire part d'une information trop souvent passée sous silence à mon goût : avant, on mangeait des trucs bons

Les fruits, par exemple. Avant existaient toute sortes de fruits, avec plein de goûts différents. C'est quoi, maintenant, un fruit ? Difficile à définir. Certes on peut choisir la taille, la forme, la couleur ou la densité. Sinon, c'est en général un truc pas vraiment mûr et dépourvu de goût. Avant donc, les fruits étaient mûrs quelques jours, puis commençaient à se dégrader, et à la fin ils étaient pourris. Aujourd'hui c'est pareil sauf qu'on ne passe pas par la phase "mûr" : le fruit passe directement de vert à pourri. Les gens préférant plutôt les pas pourris, ils les mangent verts. Grâce au progrès essentiellement dus aux pesticides, mais aussi aux manipulations génétiques, les fruits peuvent avoir aujourd'hui bien plus longtemps l'aspect de fruits mûrs avant que de pourrir. Ce qu'on mange donc, c'est un "concept de fruit" et plus vraiment un fruit. Mais c'est pas grave parce que les gens ont oublié et ils disent : "ah quand même, c'est bon les fruits !"

Et ils sont d'autant contents qu'ils ont désormais la chance de pouvoir manger toutes sortes de fruits toute l'année. Toutes sortes de fruits exotiques donc, mais néanmoins pas mûrs non plus. Enfin ça c'est pour les pays dits "riches". Dans les pays pauvres, les gens mangent des fruits selon les saisons, et donc des fruits mûrs. Et donc se régalent. Encore que ce soit beaucoup dire puisque dans nombre de pays, ils ont à peine accès à leur propre production, celle-ci étant essentiellement exportée pour être vendue bien plus chère à des pays riches. Les fruits sont alors cueillis encore plus verts que ceux de chez nous, afin de pouvoir supporter le voyage en bateau sans pourrir. Tout ça est calculé. Bref, les pays lointains qui produisent de bons fruits en voient de moins en moins la couleur, afin que des types à des milliers de kilomètres puissent les bouffer verts (ou pourris) en disant : "ah, c'est bon quand même les fruits".

Grâce au progrès du village mondial, on mange de la merde et les fruits n'existent presque plus. Encore qu'on en trouve d'intéressants, en général issus de croisements biologiques. Intéressants et esthétiques. Mais pas forcément gustatifs pour autant. Par exemple des pêches ou des citrons sans jus. J'ai fait récemment l'expérience d'un citron vert sans jus : on presse, on presse, et pas une goutte de jus ne sort ! Peut-être que les types pompent le jus à la seringue pour le revendre aux marchands de jus de citron, puis vendent leur fruit évidé pas cher. On sait pas. On trouve aussi de la vanille évidée, un peu comme si l'on vendait (et cher) de la peau de banane, si vous voulez.

Dieu soit loué, dans notre beau pays, on voit un peu partout de la vigne. On voit même des raisins, mais plutôt au JT à l'époque des vendanges, où c'est plein de grosses grappes appétissantes. Héla personne ne les mange, puisque les raisins sont en général transformés en vin. C'est d'ailleurs la mode : de nouveaux venus placent leur argent et se reconvertissent dans la vigne en fin de vie. Ils disent d'ailleurs adorer faire leur vin, ça les rend tout jouasses on dirait, cette impression d'être créateur de quelque chose. Je ne critique pas, je peux même comprendre, sauf que c'est pas ça qui amène leurs jolies grappes sur les marchés. Bref, il y a partout de la vigne en France mais plus moyen de trouver du raisin ! Pour l'alcool c'est pareil, peut-être que la classe mondialisée des grandes fortunes boit encore du bon Cognac, mais je vous défie d'en trouver dans la région !

Quels sont finalement les survivants parmi les fruits ? Difficile à dire. La dernière fois que j'ai mangé une vraie tarte aux fraises par exemple, c'état à dix mille kilomètre d'ici. En France ça n'existe plus : quand les fraises ont l'extrême originalité d'être mûres, elles ont un goût de tagada (bizarrement on trouve encore de bonnes framboises, j'ignore pourquoi). Pareil pour la vanille et nos fameuses glaces d'antan. Je suis allé chez le très réputé Bertillon il y a pas très longtemps, et difficile de dire s'il y a encore de la vanille dans sa recette. Les touristes chinois en mangent pourtant, sourient et disent : "ah, c'est bon quand même" (en chinois).

Il y a encore une fille à la télé qui parcours le terroir en allant bouffer partout et qui trouve tout bon. Elle n'est pas antipathique mais on sait pas si elle souffre pas des séquelles d'un covid long qui lui aurait fait perdre le goût. En tous cas, avec elle, on se croirait revenu 50 ans en arrière, quand on mangeait des vrais fruits, de vrais légumes etc... ou quand nous autre, petits citadins en vacances à la campagne, on partait à la ferme du coin et on revenait avec du lait et des œufs. Putain ce que c'était bon ! J'ignore s'il existe encore des œufs en France.

J'ai fait long sur les fruits parce que c'est vraiment le pire, mais il y aurait aussi à dire sur les légumes, même si on arrive en général encore à faire la différence à l'aveugle entre une tomate et une carotte.

Il y a aussi le pain. Le problème de la baguette par exemple, c'est qu'on a voulu trop tôt la transformer en merde, dans les années 70 si ma mémoire est bonne. Trop tôt parce qu'à cette époque, les gens avaient encore le souvenir de la bonne baguette normale du boulanger, ou des jambons-beurre du café, autant de miracles pas chers au quotidien. Les gens ont gueulé et les boulangers ont du se résoudre à refaire du pain. Quant aux jambons-beurre, vu la tronche du jambon désormais, oublions ça. D'ailleurs peut-être qu'aujourd'hui, les gens sont mûrs pour ré-ingurgiter du pain dégueulasse sans broncher ?

Bref, faut pas trop s'étonner que le français bouffe de la viande. La filière n'est en effet pas encore saturée de produits immondes, issus des camps de concentration pour poulets, cochons etc. Il existe même encore des "bouchers", dont parmi eux des bons (et il en existera théoriquement tant qu'on verra des bêtes pâturer de la fenêtre du TGV). Désolé pour madame Rousseau qui doit manger bio, mais la revanche du pauvre gavé de pesticides, c'est qu'ils sont arrivé à faire du bio tout aussi dégueulasse que le non-bio : je sais pas comment ils font mais ils sont très forts !

Et le phénomène est mondial ou presque. En Inde il y a 50 ans, tout était bon, du restaurant du Taj Mahal Hôtel à Bombay à la dernière des gargotes d'intouchables. A l'époque il se disait que l'Inde n'avait pas les moyens d'acheter des pesticides. Aujourd'hui elle l'a, et tout ou presque est devenu nettement moins bon (quand les produits n'ont plus de goût, tout est bizarrement moins bon), même si avec les épices qu'ils savent souvent superbement doser, c'est jamais mauvais non plus.

Le coup de la viande doit donner bien du souci aux autorités, dans la mesure où ça doit encore entretenir le souvenir que manger pouvait être agréable. Le mieux serait bien sûr qu'on ne s'en souvienne plus du tout. Alors et à l'instar de ceux produits pour chiens et chats, on pourrait enfin se nourrir de pâtés pour hommes (vendus en emballages bio). Et quel bonheur de louer les inventeurs de ces mets délicats (et nutritivement équilibrés) qui, grâce à leur génie, auront enfin résolu le problème de la faim dans le monde !

Existe certes l'autre solution, celle où tout le monde mangerait à nouveau des produits normaux. Hélas, personne n'en veut (de la solution). Dommage. L'autre solution donc, qui serait de diviser par deux ou trois la population mondiale afin de ne plus dépendre d'une surproduction alimentaire saturée de produits chimiques. Mais ça ferait moins de travailleurs et donc moins de profits pour nos créateurs de richesse.

Je tenais juste à témoigner qu'il y a 50 ans, c'était drôlement moins dégueulasse ce qu'on bouffait.

Mais c'est pas grave, le monde crèvera cramé et déshydraté par le réchauffement climatique, probablement au sein d'une guerre civile à l'échelle mondiale, et ces choses n'auront bientôt plus d'importance.
D'ailleurs ensuite, tout devrait rentrer dans l'ordre...

Bof


A force de se foutre de ce qu'elle écrit, il est difficile en lisant la presse de avoir ce qu'il s'est passé hier à l'Assemblée Nationale. Selon Le Monde, Libé et l'Obs, la polémique porte sur "qu’ils retournent en Afrique" ou "qu’il retourne en Afrique", et donc : était-ce un pluriel ou un singulier ? Telle est la façon dont la presse réduit le débat, sachant que la seconde possibilité ne peut selon elle que se rapporter à Carlos Martens Bilongo, l'orateur noir qui posait sa question. Quant à l'auteur de la phrase, Grégoire de Fournas (RN), il affirme l'avoir prononcée au singulier, mais pour référer au bateau transportant les migrants.

L'Obs ajoute que de nombreux députés auraient initialement entendu "retourne en Afrique". Le Figaro affirme de son côté que ce serait "les parlementaires de la Nupes" qui auraient attesté avoir entendu cela. LCP diffusait de son côté la séance en direct, et a aussi commencé par présenter les choses selon la version "retourne en Afrique", mais la journaliste présente à l'Assemblée Nationale a vite précisé n'avoir elle-même entendu la scène qu'à la télé (où le son serait médiocre), et disait devoir attendre la sortie des députés pour savoir ce qu'eux avaient entendu, afin d'être plus sûre de la phrase.

Le Figaro note encore que MLP a défendu que Grégoire de Fournas "évoquait les migrants transportés par les bateaux des ONG"... et en même temps que son groupe a publié un communiqué indiquant qu'il visait "le bateau transportant des migrants en Europe". Ça semble indiquer qu'elle a entendu la phrase au pluriel puis s'est ravisée suite aux propos de De Fournas. Mais aussi que ce que j'identifie ci-dessous comme la seconde possibilité ne lui pose pas problème.

Toutes ces précisions sont importantes pour comprendre. La première chose à dire est évidente : il est impossible à l'oral de savoir si la phrase est au singulier ou au pluriel. Ensuite on a 4 cas de figure :

1/ "retourne en Afrique", ce qui est clairement une insulte raciste à l'encontre de Bilongo.
2/ "qu’ils retournent en Afrique", qu'on peut sans doute interpréter comme une sorte de "coup de sang", difficilement dissociable d'un réelle indifférence voire d'un mépris pour les africains (genre "on s'en fout, qu'ils dégagent" !). L'honnêteté m'oblige à dire que Bilongo n'avait pas non plus épargné le RN au début de sa tirade, et que ceci explique peut-être cela.
3/ "qu’il retourne en Afrique", où il serait question du bateau : on en pense ce qu'on veut, mais il faut bien admettre qu'on serait alors dans le droit fil du discours frontiste sur l'immigration depuis des décennies.
4/ on peut aussi interpréter cette dernière version en imaginant qu'elle désigne l'orateur, mais est adressée à la cantonade (ce que j'ai du mal à envisager), auquel cas ça serait du même ordre que la première.

Bref et quoi qu'il en soit, c'est bien plus compliqué que ce que la presse en dit.

Et moi, c'est plutôt la troisième qui me semble la plus plausible, voire possiblement la seconde. D'abord je vois pas qu'un député, fut-il du RN, soit assez con pour balancer une insulte raciste à un noir au sein de l'hémicycle. Ensuite parce que si tel était le cas, la réaction immédiate de Bilongo n'aurait pas de sens (même si elle sonne bizarrement dans tout les cas de figure), puisqu'il a aussitôt répondu : "pas du tout" ! C'est pas clair mais le type n'a peut-être pas le temps, ou l'envie de le prendre (le temps), et ça semble surtout dire qu'il n'est pas question que le bateau aille en Afrique. Par contre, on ne voit pas du tout ce que ça viendrait faire là s'il avait compris que c'est de lui qu'on parlait (d'autant qu'il en était déjà à enchaîner la suite de son texte quand les clameurs ont commencé à monter). Bref, ça ne l'a pas choqué, ce qui serait invraisemblable s'il avait entendu un clair et explicite "retourne en Afrique" ! Aurait-il était ensuite convaincu ? Se serait-il laissé convaincre ? Bref. Sinon, d'autres auditeurs moins concernés auraient pu en quelque sorte "se réveiller" après coup, en ne percutant que la fin de la phrase, prononcée en outre indubitablement plus fort. Tout ça est délicat à débrouiller, sauf que, quoi qu'il en soit et si l'on veut bien s'en donner la peine, on a aujourd'hui assez d'éléments en main pour écrire autre chose que ce qu'on lit de partout. Ceci dit, il est clair que seul un RN peut avoir la réaction de lancer ce genre d'invective tout haut sans s'apercevoir de la charge qu'il porte.




"L’Assemblée exclut le député RN Grégoire de Fournas pour 15 jours après ses propos racistes" (L'Obs).


Quant à Macron, après avoir baratiné qu'il y aurait eu des magouilles Nupes / RN au niveau de la motion de censure, puis avoir enchaîné sans mollir en reprenant les éléments de langage propres au RN, comme quoi l'insécurité était liée à l'immigration, il doit être tout content de condamner haut et fort le type, histoire de se refaire une virginité en refilant le bébé au RN. Encore qu'on ne puisse pas dire que la presse lui ait fait grand mal au moment de sa sortie à lui...

Ils nous bassinent sans retenue


En France, on s'indigne que le Brésil détruise la forêt amazonienne pour planter du maïs. Mais ici, c'est les réserves d'eau qu'on détruit. Dans les deux cas, le maïs sert à nourrir les cochons. Or en ces temps où l'eau semble devenue une denrée précieuse, on est donc prêts à assécher des nappes phréatiques pour un produit hyper gourmand en eau (et le tout, dans des champs gavés de pesticide). Et tout ça non pour manger, mais pour enrichir des industriels qui vendront ce maïs pour engraisser des cochons à l'autre bout du monde.

Des gens ne veulent pas de cette énième dinguerie, et viennent s'y opposer. Branle-bas de combat au gouvernement, on envoie des milliers de flic et quelques hélicoptères pour défendre le précieux business. Dans la bagarre, un tuyau d'alimentation en eau des bassines est coupé : "c'est du terrorisme", hurle le ministre de l'Intérieur. Laurent Nunez, le nouveau préfet de police de Paris, justifie le terme à partir de la définition du code pénal, où "l'acte terroriste" est défini comme "ayant pour but de troubler gravement l'ordre public par l'intimidation ou la terreur" (voir ici). Ne reste donc qu'à faire comprendre aux gens que couper un tuyau a pour but d'instaurer la terreur dans le pays, ce qui est déjà délicat... d'autant que Nunez nous apprend en outre que certains de ces gens sont susceptibles d'être fiché S. Fichtre !

Tout ça pose pose malgré tout un problème : on se demande ce que les services de renseignements entendent quand ils se targuent de "déjouer chaque année tant d'attentats terroristes" : le matraquage d'une députée compte-t-il pour un attentat déjoué ?