A boire et à manger

Eurêka !

Quand Macron nous fait un laïus comme quoi la Nupes aurait magouillé avec le RN pour bénéficier de ses voix lors de la motion de censure, ça s'appelle du complotisme !

Et quand il enchaîne en reprenant les éléments de langage du RN sur le rapport entre immigration et insécurité, ça s'appelle de l'irresponsabilité !

Les mots ont un sens, mon petit bonhomme.

Les folles aventures de la sphère complotiste en France


Où l'on retrouve nos amis des Check-news de Libé indignés face à des méchants qui racontent rien que n'importe quoi sur eux. Les méchants, c'est un youtubeur nommé Idriss Aberkane et le directeur de France-Soir, Xavier Azalbert, qui prétendent que le fact-checking auraient des méthodes "mafieuses" et nageraient dans les compromissions.

Au départ, il est question d'une sombre histoire où une dénommée Malika Daoust se serait plainte de coups de la part de son mari. S'ensuit un mic-mac dans lequel je suis pas rentré mais où, in fine, les méchants accuseraient les fact-checkers de l’AFP d'avoir couvert le mari. Selon nos amis garants de la vraie vérité, Idriss Aberkane aurait étendu cette accusation à la totalité des fact-checkers, qui selon lui pratiqueraient "l’omerta" et auraient un comportement "presque mafieux". Le type dresserait alors le tableau d'un réseau agissant sur ordre d’un commanditaire qui désignerait les cibles : Raoult, Perronne etc, et parachèverait le tout en affirmant que la structure Fact & Furious (sur laquelle il s'acharne) aurait en fait été fabriquée "sur mesure" pour servir de source à un circuit de "blanchiment de fausses informations". Check-new rajoute que cet édifice aurait en plus bénéficié de relais : Sud Radio ou Radio Courtoisie par exemple.

Ouille. Je peux même pas conseiller de lire le truc pour s'assurer que j'ai bien compris (j'avoue ne pas avoir insisté non plus). C'est comme d'hab écrit avec les pieds et comme d'hab, ça dure des plombes. Bref, on a donc d'un côté des vilains complotistes pour qui les fact-checkers, ça ressemble à un réseau fait "sur mesure" pour répandre des fakes news. De l'autre, des pas complotistes mais qui dénoncent un complot (façonné par des youtubeurs, des journalistes et des radios). En clair, si vous croyez au complot dénoncé par les fact-checkers, c'est que vous n'êtes pas complotistes... et si vous croyez au complot dénoncé par les méchants, c'est que vous l'êtes selon les fact-checkers.

Qui osera encore dire que c'est pas plus simple quand c'est bien expliqué ?


PS : je me suis réinscrit pour un temps sur Médiapart (lien)

Viré une semaine de Médiapart pour avoir dénoncé les curieuses méthodes de ce journal. Ça va me donner l'occasion de mettre à jour ici ce que j'ai produit là-bas...

Voilà, c'est fait. Reste donc le dernier au sujet des "méthodes" employées à Médiapart, qu'il me faut écrire et qui ne devrait pas être triste. Si, je vais encore mettre en introduction un premier billet annonciateur (dans "néo-féminisme alors)

(à bientôt)

Palmade


Pas réussi à écrire ce qui me trottait par la tête à propos de cette histoire, mais l'ai trouvé très bien fait dans un blog de Médiapart. En y ajoutant le dossier d'images pédopornographiques et les chaleureuses manifestations d'amitié de madame Robin, voilà un type qui va se réveiller avec une bonne gueule de bois.

Mikaela Shiffrin, princesse définitive

86 victoires... c'est fastidieux de compter jusqu'à 86. Le mieux, c'est de mettre un graphique :




Au départ, c'était une spécialiste du slalom. Elle les gagnait tous. C'était bizarre à regarder : on voyait les filles se battre tout du long avec les portes, et aussi la pente. Et d'un coup, ça s'arrêtait : Shiffrin passait et la pente, y'en avait plus. Et les portes à peine (c'était tout droit). Du coup, forcément qu'elle mettait une seconde par manche au reste du monde !
Circulez.
Et puis ça s'est encore compliqué. La petiote s'amusait sans doute à faire un peu de vitesse aussi, pour se détendre peut-être. Et là on a vu. Un jour elle s'est inscrite à une épreuve de descente. Trois courses plus loin, elle gagnait ! Et ça c'est juste inimaginable. Un peu comme si Messi battait demain le record du monde de saut à la perche. Personne n'a rien compris. Si. Shiffrin est le plus grand skieur de tous les temps (skieuse aussi, mais ça on le savait depuis longtemps). C'est ça qu'on a réussi à comprendre.

Pour l'anecdote, la petite est grande maintenant. Enfin un peu. Suffisamment pour avoir un copain, un américain avec un sourire d'anglais. La belle et la bête, quoi. Le type gagne les descentes depuis un moment. Un ski façon camion, tout ce que j'aime. Il sait pas faire un virage mais il a de tels cuisseaux que ça tourne quand même. C'est bizarre le ski.

Quant à notre princesse à nous, the puce of the Grand Bornand. On l'adore aussi mais elle énerve. Elle gagne pu. Surtout en super-G où franchement, si elle s'en donnait la peine... du gâchis, voilà. Le jour où elle était en train de gagner, c'était il y a dans les 4/5 ans, c'était la seule à avoir passé la porte fatidique avec le bon angle pour la suivante : juste dans le bon axe. Toutes étaient parties tout droit sauf Shiffrin qu'était juste moyenne et alors dans les temps de Tessa. Et sur ce coup, the puce allait lui coller une bonne demi-seconde, applaudissais-je déjà. Sauf qu'elle a oublié une main dans la porte, a fait un tour complet sur elle-même, s'est relevée et a fait coucou avec l'autre main, un truc pour dire que c'était pas grave. Elle savait pas encore mais elle venait de se niquer le genou. Et quand elle est revenue après six mois de rééducation, elle avait peur. Ça a pris une bonne année pour que ça lui passe, et vraiment petit à petit. Depuis ça va mieux mais en super-G, elle gagne pas. Et moi ça m'énerve. Elle aussi d'ailleurs mais j'en tire aucun réconfort. S'te plaît, Tessa, skie encore un an. Si tu gagnes pas, je te jure : je te rembourse. C'est vrai quoi, pléthore de princesses ne nuit pas.




PS : 87, 88

Les Check News de Libé semblent remâcher sans fin leur glorieuse épopée contre le "complotiste". Ils nous informent cette fois d'un "emballement complotiste" (lien). Un emballement, mon dieu quelle horreur !
De quoi s'agit-il encore ?
En fait, un crétin semble s'amuser à envoyer des messages menaçants à plusieurs personnes, Aurore Bergé en premier chef, mais aussi Marie Lebec, une députée Renaissance. In fine, on apprend que c'est la même lettre qui a été envoyée aux deux, recto pour s'adresser à l'une, verso pour l'autre. D'où une rumeur in the web qui dirait qu'elles-mêmes l'auraient écrite. Et voilà pour le complotisme. Sacré scoop, pas vrai ?

Comment ça, vous vous en foutez ?

De quoi voulez-vous causer ?

Ah oui, roulement de tambours et pétarades assourdissantes ont prévenu mon village de la révolution en cours, sous l'égide du parti communiste. Internationale et tout le toutim. Pour une fois dans le tempo de l'air du temps ? Hélas le maire, fin tacticien, a court-circuité le moment historique en organisant lui une dégustation payante de fruits de mer. Nos révolutionnaires n'ont pu résister. Hélas, trois fois hélas.

Une autre fois alors...

Mayotte

"Désolé, nous sommes complets jusqu’au 20 juin". Aucune disponibilité au Caribou, à Mamoudzou, l’un des hôtels de la capitale mahoraise. Idem au Maharajah. Toutes les chambres sont occupées par 510 policiers et gendarmes, arrivés en renfort de métropole au cours de la semaine pour mener à bien "l'opération Wuhambushu", qui doit durer deux mois.
Cette "reprise en main" (traduction du shimaoré) est orchestrée par Gérald Darmanin, pour venir à bout de l’immigration massive à Mayotte, où 48 % de la population est de nationalité étrangère, et où les immigrés en situation irrégulière représenteraient un tiers des habitants.

https://www.liberation.fr/societe/police-justice/operation-wuambushu-a-mayotte-darmanin-montre-les-muscles-les-assos-craignent-une-action-inhumaine-20230421_EGVUUWNNCRD5NIHX7ATHVMCAMU/

D'après Le Monde, la destruction des bidonvilles prendra "le temps nécessaire", selon Darmanin, et se fera toujours sur autorisation du juge, car "il va de soi que nous relogeons les personnes". Il s'agira également de tenter de mettre fin à la délinquance locale : "une quarantaine de bandes criminelles organisées" recensées.

Avec Darmanin, on craint évidemment le pire. D'ailleurs il en est déjà à parler de menace d'attentat islamiste alors que c'est franchement pas le sujet à Mayotte. Ça donne une bonne idée de sa connaissance du dossier. On craint le pire donc, d'autant que la situation a déjà l'air passablement compliquée là-bas. La délinquance en question, ce serait essentiellement des bandes d'ados qui sèment la terreur sur les routes en attaquant des véhicules pour rançonner les gens. Des mômes armés qui vivent dans les bidonvilles prêts à être rasés, et seraient plus ou moins (selon la presse) des gangs d'orphelins venus en famille des Comores et abandonnés à leur sort par leurs parents quand ceux-ci se font éjecter de Mayotte. Ça va pas être simple...

Quant aux bidonvilles, j'en avais déjà parlé pour La Réunion, sauf que c'était pas vraiment des bidonvilles là-bas : plutôt des cases en tôles avec souvent un petit bout de jardin autour. Évidemment là aussi "insalubres", selon les critères blancs. L'habitat avait été rasé et les types s'étaient retrouvés dans des grands ensembles en béton en périphérie de la capitale. Et ça s'est mal passé. L'insalubrité c'est une chose, comment la vie s'organise avec, c'en est une autre. Les gens vivent dehors dans ces cas-là. Et dehors, à la Réunion, c'est ou c'était des bouts de nature partout. Comme dit la chanson d'Aznavour, la misère est sans doute moins triste au soleil. En tous cas quand ils sont arrivés dans leurs barres de HLM, ça s'est vite gâté et c'est devenu en quelques années le même genre de banlieues qu'on stigmatise ici en métropole.

A Mayotte ça peut être différent, dans la mesure où c'est des vrais bidonvilles, et ça doit déjà pas être très sûr de s'y balader aujourd'hui. Par contre, le béton, ça devrait leur faire pareil. Un genre de réaction que Darmanin n'est pas à même d'imaginer. Oui oui, ils auront l'eau courante et l'électricité... à payer quand même (suffira pas de s'arranger avec le voisin du dessus et un bout de tuyau). En clair ils seront parqués et conscients de l'être (ils le savent pas encore). La solution, je l'ai pas. Mais les solutions traditionnelles de solidarité, ça va pas faire pareil j'en ai peur. Bienvenus en France !

Quant aux immigrés comoriens, c'est sûrement pure utopie de penser qu'on va régler quoi que ce soit, et ça sera forcément plus facile d'ajouter une case en tôle que d'étendre un immeuble (...)

Bref, l'opération Wuambushu pourrait bien durer plus longtemps que prévu...


EDIT : on peut aussi lire l'article de l'Obs ou/et celui du Figaro qui expliquent que les comorais n'ont en plus pas l'air chauds pour accueillir ces futurs expulsés...

Des dépêches semblent tomber dans la presse-web sans qu'on soit sûr que les journalistes eux-mêmes comprennent la situation. Ce matin, une opération d'expulsion a été "suspendue" par la justice, sous les cris d'orfraies des politiques locaux. La raison ? L'existence d'une "voie de fait". Selon le Dalloz, une voie de fait, c'est "l'acte de l'administration qui éteint définitivement le droit de propriété ou qui porte atteinte à une liberté individuelle". Là c'est pas le droit à la propriété puisque ces gens ne sont pas propriétaires des endroits qu'ils occupent. Bref on comprend rien et sans doute que les journalistes non plus. Libé ajoute néanmoins que l'expulsion serait "trop dangereuse pour les habitants". Voilà pour l'info.

En tous cas, pas d'expulsion pour le moment. En outre, Darmanin explique (au dessus) que les habitants "sont relogés". Oui, mais quand ça ? Si l'on cause "expulsion" et non "relogement", ça veut dire quoi ? On expulse et on relogera dans six mois ? Dans deux ans ? Si les logements étaient prêts, il aurait suffi de les faire miroiter à qui veut en leur disant d'y transférer leurs biens, et une fois ceci fait, d'obliger les réfractaires à effectivement s'en aller, quitte à employer les habituelles méthodes musclées de Darmanin et consorts. Mais ça, c'est faire les choses bien et c'est pas le genre de la maison France ces derniers temps. Bref, c'est pas ça qu'on fait. Donc qu'est-ce qu'il se passe à Mayotte ? En tous cas on n'en sait rien en lisant le journal, sinon que les flics semblent commencer par taper sur tout le monde. Et pour le reste, pas d'info.

Quant aux futures expulsions, outre le fait que les Comores ne veulent pas en entendre parler, j'ai oublié de dire que la distance entre les Comores et Mayotte est de 70 km. Autant dire que c'est pas une expulsion manu militari qui empêchera ceux qui veulent rester de revenir à Mayotte quand nos chères troupes d'élite seront rentrées au bercail. Ça commence drôlement bien, l'opération Wuambushu du génie de l'intérieur...

A lire : un bon article du Monde.

Mayotte (suite)

Céline Pina répond à l'éditorial d'Edwy Plenel dans lequel il estime que les Comoriens présents à Mayotte "font partie du même peuple que les autochtones".

Selon Plenel, «à Mayotte, les Comoriens ne sont pas des étrangers» et «le gouvernement a face à lui une seule et même population». Et de mettre en avant des critères ethniques, une langue commune, une religion. Voilà l'opération de conquête de l'Ukraine justifiée, pareil pour la Chine et son discours sur Taïwan. Plenel se rallie donc à une conception ethnique de la Nation. Derrière l'unité ethnique du peuple comorien, il voit un moyen d'accuser la France d'avoir volé des terres qui ne lui appartiennent pas. Ainsi il requalifie en malheureux opprimés et victimes d'un État raciste niant le droit des peuples, une part de la population ultra-violente qui fait régner la terreur par la barbarie sur l'île.

C'est un peu la tonalité générale des réactions de la gauche à l'opération Wuambushu. Une posture morale qui d'habitude permet de culpabiliser jusqu'à ceux qui vivent ce type de réalité et finissent par se taire. Le problème, c'est que cette fois, les élus et habitants des Comores ne se laissent pas faire. Les témoignages se multiplient qui soutiennent l'intervention, crient leur appartenance à la France.

Maintenant que la gauche montre qu'elle est de plus en plus souple sur ce qui fait l'appartenance à une Nation, il serait sans doute utile de poser le débat sur le droit du sol. Celui-ci correspond à une époque où les déplacements se faisaient dans les mêmes zones culturelles et où l'intégration se faisait naturellement par le travail et l'école. Aujourd'hui, le fait de naître sur un territoire de parents étrangers ne devrait pas être suffisant pour devenir mécaniquement citoyen de ce même territoire. La possibilité d'acquérir la nationalité doit rester une possibilité mais ne plus être un dû. Profitons de la récente conversion de la gauche au droit du sang pour en discuter.

https://www.lefigaro.fr/vox/societe/mayotte-quand-edwy-plenel-defend-une-conception-ethnique-de-la-france-20230427

On assiste ici au début d'un processus qui pourrait bien aboutir à un énième débat intellectuel et donc réducteur. Un débat binaire donc, susceptible d'emporter la majorité des intervenants. Céline Pina (encore une ancienne du Printemps Républicain) a l'hypocrisie de ramener celui-ci à un jeu théorique entre la notion de "peuple" et celle de "nation". Quant à Plenel, son article m'étant inaccessible en tant que non-abonné, difficile de commenter. Sauf dire qu'il pourrait bien se cacher derrière sa haine (légitime) du colonialisme pour trancher, ce qui est une position facile et non respectueuse de la complexité des choses.

Devant un tel sac d'embrouilles, clarifier n'est pas du luxe : les comoriens sont effectivement un même "peuple" - au moins depuis un bon moment - sauf que les habitants de Mayotte ont fait le choix de rester français au moment où on leur a posé la question, contrairement aux habitants du reste des Comores.

Céline Pina ne peut donc évidemment pas comparer la situation avec celle des ukrainiens. De la même façon, on ne peut se contenter de dire qu'un "peuple" vaudrait "nation" sans tenir compte d'un choix qu'il a lui-même sollicité. C'est évidemment ce qui fait toute la difficulté de cette situation, qu'ainsi on gomme d'un côté comme de l'autre.
L'histoire est pleine de "peuples" qui se sont retrouvé, de gré ou de force, appartenir à une "nation". L'idée n'est pas de prendre position sur ce genre d'états de fait mais de voir à partir de quand, ou encore mieux, de quoi, on peut accepter que la "nation-peuple" devienne plus légitime que l'idée de "peuple-nation" (même si un peuple est souvent historiquement antérieur à une nation). Les Mahorais se sentent-ils aujourd'hui plus "français" que "comoriens", c'est une vraie question, quand bien même ils auraient choisi la France plutôt que la République des Comores comme entité politique d'appartenance. Et ce n'est ni à Plenel ni à Pina d'y répondre. Il est d'ailleurs possible qu'à l'instar des Kashmiris qui se voulaient kashmiris et pas plus indiens que pakistanais, ces gens n'en aient rien à faire, en dehors des avantages qu'ils ont pu glaner en devenant français (école, soins, équité sociale pour les femmes).

Il y a donc, semble-t-il, un sérieux problème de sécurité à Mayotte, mais l'on peut si demander si la France n'en profite pas pour engager une transformation de l'île en paradis touristique et/ou en territoire de pêche, en se foutant comme d'une guigne du sort des habitants originels de l'île.

Je précise que je n'ai jamais foutu les pieds à Mayotte et n'ai a priori pas de solution clefs en main. Juste que les choses sont complexes et tout raser n'est forcément pas une solution... en tous cas dans un monde supposé en avoir fini avec le colonialisme et considérer les habitants de ses territoires ou départements comme des enfants de la République comme les autres.

Mayotte encore

Un type vivant à Mayotte a commis 58 billets de blog sur Médiapart. ll est violemment contre l'opération Wuambushu. Quelques précisions à partir de son dernier billet (lecture conseillée).

D'abord l'auteur pose clairement la bonne question : "Quels sont les buts de l’opération Wuambushu : lutte contre les clandestins ? Contre l’habitat insalubre ? Contre la délinquance et la criminalité ?"

Sur le relogement, il affirme que : "Durant l’année 2021, onze quartiers ont été rasés, 1562 logements détruits. Sur les 7800 personnes délogées, seules 148 furent hébergées pour une période n’excédant pas six mois" (dans des lieux "d'hébergement d'urgence"), et pose la question de savoir ce qu'il advient des gens après ces six mois. Lui-même n'y répond pas. Selon lui, ça fait un an et demi que le préfet serait systématiquement rappelé à l'ordre par la justice en ce qui concerne la destruction des bidonvilles.

Il explique en outre que sous couvert d'insalubrité, il s'agit bien de lutte contre les clandestins, car pour ce qui est de l'insalubrité, un article de loi aurait été concocté "sur mesure" (article 197 de la loi Elan) pour libérer le préfet, à Mayotte comme en Guyane, du contrôle du juge : article qui permet d'expulser les gens sous couvert d'insalubrité de leur logement sans donc passer par le juge, et donc sans rapport avec ce qu'a dit Darmanin, qui lui disait se référer aux juges... d'où la bonne question du début.

Ensuite c'est plus confus. Les enchaînements sont bizarrement faits, ou peut-être faut-il avoir lu d'autres billets pour clarifier les choses. Toujours est-il qu'il me semble comprendre que Darmanin n'aurait pas pu se prévaloir de cet article de loi lors de la tentative de destruction du quartier "Talus 2", dans la mesure où "une vingtaine de maisons étaient déjà protégées par une ordonnance du juge, juge qui aurait étendu cette interdiction de raser les maisons à l'ensemble du quartier en raison du risque d'un effet domino".

L'auteur affirme en outre que dans ce même quartier vivraient "des familles engagées dans une procédure de titrisation des parcelles sur lesquelles elles sont installées avec autorisation des autorités, et dont elles accusent la mairie et l’État de vouloir les spolier". Sont-ce celles-là qui sont protégées, comme envisagé plus haut ?

Ceux qui voudront tirer tout ça au clair liront les autres billets de l'auteur. Moi je m'arrête là pour l'instant.

Libé se réveillerait-il à la gauche ?

Mercredi 3 mai, lors du Conseil des ministres, Emmanuel Macron a poursuivi le ball-trap contre Jean-Luc Mélenchon en affirmant que "LFI fait la courte échelle au RN". Dans ce qui s’apparente à un tir groupé du couple exécutif, Elisabeth Borne a dénoncé quelques heures plus tard devant le Sénat les "nouvelles outrances" du leader des insoumis, en faisant volontairement semblant de ne pas avoir compris que lorsqu'il a lancé "A bas la mauvaise République" lors de son discours prononcé à Paris avant le départ du cortège du 1er Mai, c’est de la Ve République dont il parlait. Entretenant à dessein le flou sur la tonalité des propos de l'ancien socialiste - qui, répétons-le, n'a pas dit "à bas la République"...

https://www.liberation.fr/politique/melenchon-factieux-au-sommet-de-letat-une-cabale-irresponsable-20230505_PCDOPFK3BVDPZHPMW6EIN72QAY/

Le vernis saute de partout chez les ploucs du gouvernement qui s'écharpent entre eux. Darmanin, en plein fiasco avec l'opération Wuambushu, détourne l'attention et parade en faisant la leçon à Meloni sur son incapacité à gérer les flux migratoires en Italie... et se prend le quai d'Orsay sur la tête (lien).
Quant à notre playmate nationale, elle voit s'ouvrir une information judiciaire sur les "fonds Marianne" pour détournement de fonds et abus de confiance, et se fait foutre d'elle par Isabelle Lonvis-Rome, ministre déléguée chargée à l'égalité entre les femmes et les hommes (lien).
Enfin Bruno Le Maire, dont L'Obs nous apprend qu'il décrit dans son dernier livre le "renflement brun de l’anus" d’une femme "dilatée comme jamais" (lien). Un hommage à madame, sans doute...

Une belle bande de rigolos !

MDP : Après l’affaire Quatennens, des Insoumis critiques découvrent qu’ils ont été "fichés".
Études, positions politiques, profil : des militants de La France insoumise ont collecté des informations sur certains de leurs "camarades" signataires d’une tribune critique de la gestion de l’affaire Quatennens. La Cnil et le comité de respect des principes de LFI ont été saisis.

https://www.mediapart.fr/journal/politique/050523/apres-l-affaire-quatennens-des-insoumis-critiques-decouvrent-qu-ils-ont-ete-fiches

Ce qu'oublie malencontreusement de dire Médiapart, c'est que ces pauvres choux ne faisaient pas que "critiquer" la gestion de l'affaire Quatennens : ils appelaient clairement à son exclusion de LFI (lien).
Bref, plutôt que de les ficher, le mieux aurait été leur réserver le même sort que celui qu'ils appelaient de leur vœux vis-à-vis d'AQ, à savoir les foutre dehors. C'est d'ailleurs eux-mêmes qui, à travers les commentaires qu'on a pu lire sur Médiapart, menaçaient de quitter un mouvement aussi hypocrite et peu respectueux des femmes. On se lève et on se casse ? Ben casse-toi alors, comme tu seras cohérent. Y'a de la place pour toi au RN et t'y seras dans ton élément, plutôt que d'en être l'idiot utile.
Et bon débarras !

A lire : https://philo-deleuze.forumactif.com/t128-voyage-en-mediapartie

Dans le plus pur style médiapartien, le torchon néo-féministe et néo-fasciste nous fait part de ses dernières révélations concernant l'abominable Didier Raoult. Je cite :  

L’Institut hospitalo-universitaire de Marseille n’en a jamais fait mention jusqu’ici : dans le cadre de son essai sauvage sur l’hydroxychloroquine, il a exposé des femmes enceintes à ce médicament inutile en prévention du Covid. Or, depuis 2019 au moins, il existe des alertes sur la toxicité de cette molécule pour l’enfant à naître. Informée de cette étude, l’Agence du médicament a fermé les yeux. (lien)

La révélation, c'est "l'ANSM a fermé les yeux" ; le style, c'est "essai sauvage".

D'abord, il n'y a pas "d'essai sauvage", mais un traitement dont la France entière - voire le monde - était au courant (voire que le monde appliquait). Par contre, l'essai sauvage, c'est celui d'un vaccin expérimental rendu quasi obligatoire dans un ensemble de pays riches, dits "démocratiques".
Madame Pascariello est par contre devenue plus précautionneuse qu'avant quant à sa terminologie. Exit les termes qu'elle employait quand elle vantait l'étude frauduleuse rétractée par le Lancet : oubliés les dizaines ou centaines de morts que l'HCQ aurait provoqué, on se contente aujourd'hui de parler de "traitement inutile". Dont acte.
Des femmes enceintes donc. Bizarre parce que quand on a injecté un pseudo-vaccin expérimental à ces mêmes femmes enceintes (voire à des tous jeunes enfants), soi-disant pour aller vers l'immunité collective (alors que le pseudo-vaccin protégeait si peu de la contagion), on ne l'a pas entendue s'offusquer !

Donc injecter une solution expérimentale à des gens en parfaite santé, c'est pas du tout dérangeant ; mais tenter de soigner des gens atteints du covid avec un médicament qui, deux mois avant la pandémie, était en vente libre dans les pharmacie, c'est un vrai scandale.
Et s'ils engageaient de vrais journalistes à Médiapart ?
(sinon et pour l'équipe actuelle, il parait qu'il y a des places qui se libèrent au JDD)


PS : Quant à Quatennens, il en est à se plaindre d'être agressé physiquement par des commandos de néo-féministes quand il sort dans sa circonscription (lien). A sa place, je porterais plainte...

Communication politique : pourquoi il faut en finir avec le dangereux concept de «narratif»

A la mode, cette expression utilisée notamment dans les débats ou les commentaires est source d’un hasardeux relativisme. Elle englobe aussi bien des éléments de propagande pure que de solides récits factuels.
Le débat public charrie régulièrement des concepts qui durent quelques mois, parfois quelques années, caractérisés par des mots que l’on retrouve sur les réseaux sociaux, dans les articles de presse, les commentaires de ces mêmes articles, dans les propos des invités des chaînes d’infos… Ça devient des tics du langage médiatique, des concepts valises sans autres conséquences que d’appauvrir et uniformiser les termes du débat général. Parfois ce concept – ou ce mot – n’est pas neutre et trimbale une idée, une vision du monde qui, insidieusement, fait son chemin. En politique, les mots sont des véhicules dont la cargaison peut être plus ou moins toxique ou inflammable.
etc...

https://www.liberation.fr/politique/communication-politique-pourquoi-il-faut-en-finir-avec-le-dangereux-concept-de-narratif-20230627_XA4AGSMKE5GANON4FCOGHDYDWQ/

Aberrant. Comment un journaliste, et à Libé et d'un certain âge qui plus est, peut asséner une telle idiotie ? Le type a pas pris conscience que tout le monde interprète les choses selon sa vision du monde ? Les gens sont de plus en plus débiles, on dirait. Pub ou pas vs les réseaux sociaux, bientôt le fascisme des "solides récits factuels"...

"La police tue"

On se souvient encore de la levée de bouclier de la part de l'ensemble de la presse quand Mélenchon a proféré ce propos : pas un journal, même de la presse soi-disant "de gauche", ne l'a épargné. Oui mais c'était Mélenchon, et c'était avant la mort de Nahel. Demi-tour complet depuis que le monde entier a vu la vidéo de son assassinat. Enfin... demi-tour à gauche en tous cas : à droite et à l'extrême-droite, certains préfèrent paraît-il jouer avec les mots pour noyer le poisson.
C'est une métonymie, leur explique un journaliste de l'Obs, en décortiquant l'expression dans un exposé aux petits oignons (lien conseillé)

Pour moi, tout ça a commencé quand Castaner puis Darmanin ont refusé de condamner les tirs de LBD crevant les yeux des gens dans les manifestations. L'État n'a pas à couvrir les bavures policières. Bref, la mort de Nahel est certes inexcusable mais pas du tout inexplicable !




"... un discours politique délétère qui nie l'existence même des violences policières ou des pratiques discriminatoires des forces de l'ordre".

France-Info

Pour avoir les dernières nouvelles, j'ouvre une chaîne d'info en continu. Je suis censé zapper Cnews, me méfier de BFM, et LCI cause bizarrement de la Russie. J'opte donc pour France-Info. Avec raison, me dis-je, puisqu'est invité Paul Cassia, un prof de droit dont j'ai déjà lu des billets de blog tout à fait intéressants sur Médiapart. Il y a en outre un flic important, une maire et un autre type. Hélas, Cassia est là pour faire joli : on lui donnera la parole une minute, le temps de préciser les raisons légales pour lesquelles on peut adopter l'état d'urgence en France, et point final : merci d'être venu, ça nous a évité de chercher sur wiki. La maire elle, l'a sans cesse, la parole, et nous explique par exemple que Franprix a été saccagé par les émeutiers et que c'est terrible pour les mères de familles qui savent plus où aller pour faire leurs courses. Sinon, l'intello qui présente l'émission ne donne la parole qu'au flic et à l'autre type.
A un moment, le présentateur explique que selon je ne sais plus quelle source sûre, sur 150 émeutiers, 100 sont majeurs et que chez les autres, il y en a même qui auraient jusqu'à 13 ans. Pour l'illustrer, il montre l'interview d'une concierge dont l'immeuble est au cœur des incidents, sauf qu'elle déclare qu'en fait on peut pas savoir leur âge puisque les émeutiers sont en général cagoulés. Pas grave, notre intello en profite pour dire que les plus jeunes émeutiers ont finalement 11, 12, 13 ans (sic) ! Bientôt des enfants de 4 ans pour lancer des cocktails Molotov ? Sans doute, sans doute. En tous cas, l'admirable journaleux est raccord avec Macron qui dit aux mères de familles de pas laisser leurs enfants sortir jouer aux émeutiers le soir, en ce moment. Ah la la, la responsabilité des parents là-dedans, je vous dis pas...

Voilà, c'était juste pour raconter cette énième péripétie médiatique.

Émeutes : il y a deux narratifs et la presse fait comme si de rien n'était...

Il y a quelques jours, je raillais un édito de Libé qui refusait l'emploi du terme "narratif" et voulait de "solides récits factuels". Eh bien nous revoilà en plein dans les narratifs, et pas un journaliste bien sûr pour éclairer les choses... enfin les gens je veux dire.

Le solide récit factuel consisterait à dire qu'il existe (au moins) deux narratifs et que la presse fait comme si de rien n'était. Un récit qui va en gros de Macron à l'extrême-droite, pour lequel les émeutiers n'ont plus ou moins rien à voir avec le meurtre de Nahel, et un autre repris par la gauche où c'est le contraire : où les émeutes sont le prolongement de l'émotion suscitée par ce meurtre. For de ce point jamais posé clairement, la presse s'autorise son interprétose habituelle, le truc censé "décrypter" les choses, comme elle aime à le dire. En clair elle nous inonde de sa propagande habituelle sans informer de quoi que ce soit. Macron lui, est bien au chaud : il a glissé subrepticement "inexplicable" dans son laïus, s'exonérant ainsi de toute part de responsabilité, et une fois condamné les actes du flic tueur, roule maintenant tranquillement autour de la thèse de vilains émeutiers qui veulent rien que tout casser.
Or le problème est bien de savoir qui sont ces émeutiers. Des vilains casseurs qui prennent prétexte de la mort de Nahel pour s'adonner à leur activité (de pillage) favorite, ou des extrémistes politiques qui veulent en découdre avec les institutions ? C'est que ça change un peu les choses, figurez-vous, messieurs les journalistes. Et que la réponse soit sans doute délicate à formuler ne doit pas empêcher qu'on se pose la question. Un mélange des deux sans doute, si ce n'est une sorte d'addition voire de multiplication des deux. En tous cas, un peu plus que l'un OU l'autre.

Ensuite, répété-je, tout le monde se mêle de tout interpréter, comme il sied à la tradition nationale. Et à la fin, ça va faire deux camps, comme il sied là encore (et toujours), et des types qui ne se répondent jamais, des choses qui n'avancent pas et n'avanceront jamais.

Il y a par exemple eu un communiqué commun de deux syndicats de police, traitant les émeutiers de "hordes sauvages" et de "nuisibles" (lien). L'Obs insiste sur le terme de "nuisible" (lien) et y voit une preuve d'un racisme systémique de la police ; Libé suit lui la thèse de certains à gauche (lien) qui y voient une sorte d'appel à la guerre civile. Franchement, on est bien avancé !
Autre exemple dans l'autre sens, un type à Marianne (lien) qui, sans un mot bien sûr pour différencier les narratifs, veut discréditer LFI à l'aide de différentes déclarations de ses sbires : "Sans justice, pas de paix" ; "Les chiens de garde nous ordonnent d'appeler au calme. Nous appelons à la justice" ; "La fin justifie les moyens parce qu’aujourd’hui ce n’est pas un cas isolé. C’est le quatorzième mort en un an pour refus d’obtempérer", et en déduit que c'est un moyen de cautionner la violence des émeutes actuelles. Sans doute le gars est-il favorable à une injustice paisible (même s'il était maladroit d'invoquer la fin et les moyens dans le cas de figure actuel)... Ailleurs, sur une chaîne d'infos, une maire parle de haine en commentant les exactions des émeutiers : elle aussi a sans doute tort, il y a évidemment une violence, sans doute une sorte d'ivresse destructrice collective à brûler tout et n'importe quoi, rien de responsable ni de productif certes, mais haine semble surtout ne répondre qu'à son jugement à elle des choses.
Enfin bref, du n'importe quoi partout et à foison.

A tout prendre, c'est confirmé : c'est bien l'Obs qui est seul capable de prendre des positions intelligentes depuis le début de l'affaire Nahel. Pendant que Le Monde se contente de compatir aux soucis du président quant à la remise en ordre du pays et que Libé nous la joue péniblement lutte des classes ou que Serge July himself nous conjure de sauver la police (lien), l'Obs qui osait le terme de "racisme systémique" dans la police hier (voir lien au dessus) raille aujourd'hui la responsabilité parentale érigée en grande cause des troubles par Macron et ses sbires (lien). Il reste donc quelques journalistes dans ce pays. Et puis il n'y a ni décodeurs ni checknews à l'Obs. Il y a donc encore des gens qui font autre chose que de protéger leur beefsteak en s'occupant exclusivement de vendre leur bonne parole face à l'influence grandissante des réseaux sociaux !

Bruits de bottes

D’un côté, une cagnotte ouverte par une personne anonyme pour soutenir la maman de Nahel. Son fils décédé à Nanterre. De l’autre, une seconde cagnotte, lancée par le polémiste d’extrême droite Jean Messiha, destinée à la famille du policier de Nanterre, Florian M. Jean Messiha estime que "Florian.M a fait son travail et paie aujourd’hui le prix fort". Comme il le dit sur CNews : "Il fallait qu’on montre au gouvernement de quel côté était la France". La première récolte pour l’heure 98000 euros provenant d’environ 5800 donateurs. La seconde, qui gonfle à vue d’oeil, dépasse les 653000 euros, offerts par plus de 31000 personnes.

https://www.nouvelobs.com/societe/20230702.OBS75242/mort-de-nahel-cagnotte-contre-cagnotte.html

Décidément, il y a un nombre de nostalgiques des bruits de bottes en France (et encore merci à l'Obs).

Le Figaro livre l'info sans la commenter (lien). En guise de jugement, Libé se contente de dire qu'elle "fait fi des images choquantes de la vidéo publiée quelques heures après la mort de Nahel" (...), informe en premier lieu qu'un macroniste la juge indigne, puis ajoute qu'un type de LFI aussi (quel sens de l'équité à Libé), puis ose tranquillement comparer ça à une cagnotte lancée pour un boxeur filmé en 2019 en train de se battre avec deux flics, avant se s'attarder longuement sur la légalité de la chose, point final et essentiel semble-t-il à ses yeux (lien). Quant au Monde, il ne juge à cette heure pas utile d'informer les gens de pareils détails.

Et dire que tout ce petit monde s'insurge régulièrement des atteintes à la liberté de la presse.
Pour ce qu'elle en fait...

Quelle horreur, quelle  honte.



PS : Sinon je disais deux narratifs, l'un concernant des casseurs, l'autre des révolutionnaires plus ou moins en herbe. On doit pouvoir peaufiner un peu, même si tout ça reste hautement spéculatif. On peut donc imaginer une première vague s'étant déplacé suite à la marche blanche, avec une bonne partie de militants plus ou moins révolutionnaires (ou au moins réellement révoltée), à laquelle a pu se greffer les habituels amateurs de sensations fortes. Ensuite et vu la façon dont ça a été récupéré, les "révolutionnaires" ont pu se faire de plus en plus discrets et les casseurs de plus en plus présents. On pourrait aussi tenter des distingos entre ceux qui pillaient, ceux qui tiraient leurs machins d'artifice contre les flics, et ceux qui incendiaient par exemple, pas forcément les mêmes. ll paraît même que certains sont même allés voler des yaourts en guise de prise de la Bastille...
Et donc et vu la tournure que ça a pris, les incendies partout, la stigmatisation en "sauvages" et les appels au calme de partout, et qu'on ne parlait plus du tout du rapport au meurtre de Nahel, ça a du décourager les "politiques". Donc sans doute que plus ça va, plus ne restera que les pillards et autres amateurs de sensations fortes. Or avec les arrestations, il doit y en avoir un paquet maintenant qui sont fichés et les moins cons doivent commencer à drôlement se méfier. Mon laïus est dans un sens "optimiste" dans la mesure où il tend à croire que du coup, ça pourrait se calmer assez vite (à confirmer dans les prochains jours). Les "révolutionnaires" auront en tous cas été bien cocufiés par les voyous, tout comme le sont les manifestants en général, en ces temps où les manifs en sont à n'être racontées que par rapport à la casse qu'elles entraînent (et merci encore à la presse pour le coup de main au pouvoir), et où de toutes façons, Macron s'en fiche complètement des français, des syndicats et de toutes ces sortes de choses. Bref, celui-là va encore finir par s'en tirer et se féliciter pour la promptitude et l'efficacité de sa réaction, même si c'est pas encore exactement l'apaisement dont il nous parlait il y a deux mois de ça (...). Il doit même être tout jouasse maintenant : les gens ont complètement oublié la réforme des retraites. Quel stratège, ce type !


NB : Non décidément, qu'on se cotise pour aider un assassin, ça ne semble pas non plus particulièrement choquer notre premier ministre. Tout ce que ça lui inspire quand on lui pose la question, c'est que le fait que ce soit un proche de l'extrême-droite qui ait initié la cagnotte "n'est pas un signe d'apaisement". Peut-être madame Borne pourrait-elle lancer une petite cagnotte pour Michel Fourniret, un tueur en série dans le besoin ? On sait pas. Ça lui a aussi inspiré de se lancer dans une attaque contre Mathilde Panot en fait, mais là la pub a coupé sa phrase. Qu'est-ce qu'elle a encore fait, Mathilde, elle a pas cotisé pour le tueur ? C'est pas républicain ? Je m'arrête là, j'aime pas ces bruits de bottes.

Bruits de bottes (suite)





PS : Piqure de rappel à l'intention de l'amnésique de l'Elysée : "Un homme de 27 ans est décédé à Marseille dans la nuit du 1er au 2 juillet, à la suite probable d’un "choc violent au niveau du thorax" causé par un projectile de "type flash-ball", a indiqué le parquet de Marseille à l’AFP" (lien).

Les chiens-chiens de Macron

"... le chef de l’Etat se retrouve bien seul pour tenter de construire une réponse combinant fermeté et justice", pleurniche Le Monde à la rescousse de son héros.

A se demander si ce journal deviendra aussi servile une fois MLP au pouvoir. Bon, je radote. Je dois être long à la comprenette. Faut dire, c'est pas tout à fait de ma faute. Je l'ai dit et le répète, j'ai été absent un bon moment à une époque, et j'ai tout pris sur la tête à mon retour... en fait au moment du covid. Quand je suis parti, Le Monde était encore réputé être un grand journal (politiquement au centre voire plus ou moins neutre) respecté dans le monde entier. A mon retour, on éborgnait les gens et on leur arrachait les mains. Le Monde a le droit de trouver ça "ferme et juste", jusqu'à nouvel ordre j'ai celui de penser le contraire. Ok, j'ai toujours été assez naïf, mais depuis j'ai trouvé des gens qui le sont moins que moi et qui éditent par exemple un truc très bien fait nommé "Acrimed", spécialisé dans la critique de la presse, et qui ne mâche pas ses mots (à feuilleter sans retenue). Eux, ça fait un moment qu'ils voient tout ça, on dirait. En particulier si l'on en croit un numéro consacré au rapport entre Le Monde et Macron au moment de la campagne présidentielle, sobrement intitulé "Macronmania au Monde" (lien).

Dans la série, on peut aussi lire une chronique résolument ironique issue de Télérama qui relate ici (lien)  le traitement de l'affaire Nahel par les chaînes d'info, c'est répétitif mais ça relate parfaitement la réalité de ce qu'on nous vend comme de l'info aujourd'hui.

Sans l'ironie, il y a aussi une interview, toujours dans Le Monde, de l'avocat de la famille de Nahel (lien). Le Monde titre : "Yassine Bouzrou, avocat de la famille de Nahel M. : "Il n’y a pas de problème policier en France, il y a un problème judiciaire". Non abonné, je peux pas savoir si c'est Le Monde qui a inventé (ou déformé) ces mots ou si c'est l'avocat lui-même qui a fait la bêtise de présenter son discours ainsi. Toujours est-il que la partie justice est très claire et tout à fait dans la suite de Télérama, je cite l'avocat :

La chronologie est très importante. La famille apprend le décès de Nahel un peu avant 9 heures, la vidéo qui montre les circonstances du tir mortel circule très rapidement. Deux heures plus tard, ils entendent par les médias que leur fils est présenté comme un délinquant et que le policier auteur du tir n’a pas été placé en garde à vue. Ils entendent aussi le procureur annoncer une enquête pour tentative d’homicide sur le policier. L’attitude du parquet a été scandaleuse et irrespectueuse, c’est cela qui a rendu la famille folle de colère. La priorité du procureur n’est pas de placer en garde à vue une personne qui vient de commettre un homicide volontaire – quelle que soit l’appréciation qu’on peut ensuite porter sur son geste, cela doit être le premier acte de procédure – mais de commencer à criminaliser la victime. Cela s’appelle jeter de l’huile sur le feu. C’est, du reste, assez commun dans ces affaires où des sources font systématiquement fuiter des éléments des fichiers de police – rarement les casiers – en sachant qu’ils sont remplis d’erreurs et d’omissions.

https://www.lemonde.fr/societe/article/2023/07/05/yassine-bouzrou-il-n-y-a-pas-de-probleme-policier-en-france-il-y-a-un-probleme-judiciaire_6180571_3224.html

C'est conforme à ce que dit la presse étrangère à propos de l'affaire. L'Orient-Le Jour (Liban) par exemple :

La banlieue française ressemble à une prison de verre dont il est difficile de sortir. À l’intérieur de celle-ci, les relations avec la police sont extrêmement conflictuelles, marquées par une profonde défiance réciproque qui peut se muer en haine à la moindre tension. La mort de Nahel porte le poids d’un contexte qui la dépasse. Celui d’une augmentation des violences policières mais aussi des refus d’obtempérer. Celui d’un sentiment, du côté des jeunes de banlieue, que Nahel aurait pu être n’importe lequel d’entre eux et que, si la scène n’avait pas été filmée, les autorités se seraient contentées de la version mensongère du policier. Celui d’une police qui vote de plus en plus à l’extrême droite et au sein de laquelle certains syndicats considèrent qu’ils sont en guerre contre des hordes de sauvages.

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-liban-la-france-n-est-pas-submergee-par-l-immigration-elle-a-un-serieux-probleme-d-integration

Ou encore le très sérieux journal anglais Times, auquel Le Monde, en d'autres temps, pouvait être comparé

La France a connu son lot de signaux d’alarme depuis les émeutes de 2005. Mais rien n’a changé. Ni la ségrégation ethnique et sociale choquante de ses banlieues. Ni le fonctionnement de sa police. Les événements consécutifs au meurtre de Nahel viennent valider le laisser-faire britannique en matière de multiculturalisme. Outre-Manche, les jeunes issus de minorités ethniques connaissent certes encore des discriminations et ont eux aussi l’habitude de se faire arrêter parce qu’ils ont le malheur de conduire en étant Noir. Mais les contrôles au faciès y sont beaucoup moins fréquents et les Noirs peuvent encore prendre le volant sans que ce soit passible de la peine de mort. La France étant une république fondée sur l’égalité, les différences ethniques n’ont pas leur place et ne doivent pas être reconnues officiellement. À force de se revendiquer "aveugle à la couleur de peau", la France démontre en réalité son incapacité à régler l’ostracisation de ses minorités ethniques...

https://www.courrierinternational.com/article/vu-du-royaume-uni-la-revolte-des-banlieues-donne-raison-au-modele-britannique

Eh oui, à l'étranger, la presse n'est pas encore inféodée à Macron et certains y font encore du journalisme.

Comme d'habitude, je suis d'accord pour défendre Mélenchon lors de cet épisode post Nahel, ayant été encore une fois dégoûté par ce que la veille peau et ses complices politico-médiatiques lui ont fait dire (et qu'il n'a jamais dit).  

Sinon, pour moi, la réalité est le contraire de ce qui se dit dans les médias : c'est tous les politiques sauf Mélenchon qui font du populisme, en n'intervenant que sur une ligne idéologique détachée du réel. A l'instar de Clémentine Autain aujourd'hui par exemple, qui fait semblant de s'émouvoir qu'on ait interdit la manifestation pour Adama Traoré (ce qui ne semble pas aberrant vu le contexte) sans qu'aucun journal ne s'en émeuve le moins du monde, tant ils la préfèrent à JLM. Bizarre pour une presse qui a chaque jour défendu les appels au calme. Mais la cohérence est le dernier souci des journaleux. La presse dite de gauche fait semblant de critiquer le gouvernement, celle de droite critique LFI, et les journaux se vendent. Tout va pour le mieux dans la meilleure des démocraties du monde.

A part ça, il paraît que Ramadan sera jugé en France pour les supposés viols qui lui sont imputés. En 2049 selon des sources sûres (non je déconne : aucune date n'a été fournie).

BFMTV : Interview ou interrogatoire ?

- Vous dites que c’est une justice expéditive.
Elsa Marcel, avocate : "C’est pire, c’est un carnage, et j’invite toutes celles et tous ceux…"
- Et pourquoi c’est un carnage ?
- … qui le peuvent à assister aux comparutions immédiates pour voir comment on traite cette jeunesse. C’est des peines extrêmement fermes, des procédures bâclées, les PV d’interpellations sont très flous. C’est une répression politique, il suffit de lire les circulaires de Dupond-Moretti. Ils veulent terroriser une génération entière de jeunes qui initialement exprime sa colère par rapport au meurtre d’un adolescent de 17 ans.
- le carnage, maître, c’était pas les nuits de la semaine dernière  ? Cinq cents bâtiments brûlés…
- Les jeunes sont pas…
- Cinq cents bâtiments publics…
- Les jeunes sont pas sortis dans la rue pour le…
- Deux cent cinquante bureaux de tabac brûlés…
- J’ai vu le reporta…
- C’était du carnage.
- J’ai passé mon week-end dans les tribunaux donc je connais. La question, c’est…
- C’est pas une affaire de connaître, c’est une affaire de se souvenir.
- Il y a une rhétorique qui consiste à dépolitiser et à déshumaniser ce qui est en train de se passer. Y a énormément de jeunes qui ont pris des peines de prison ferme parce que par exemple ils se sont retrouvés dans un Carrefour, ils n’ont rien volé…
- Par hasard !
- Ils n’ont rien volé, ils…
- Par hasard !
- Ils prennent six mois de prison ferme, c’est des lycéens, avec…
- Mais est-ce que c’est normal…
- Il faut aller dans les salles d’audience pour se rendre compte de la violence. On doit cesser de dépolitiser ce qui s’est passé parce que…
- Maître, c’est pas une question de politiser ou de dépolitiser…
- … Entre des faits graves et des faits mineurs…
- C’est une question de sanction.
- Je finis ma phrase, juste…
- Je vous ai laissée parler
- Vous voyez bien que…
- Nan mais madame…
- C’est une préparation à une contre-offensive répressive qui…
- C’est pas une question de…
- On est en train de parler de déchéance de nationalité, de comparutions immédiates pour les mineurs, de…
- ce sont les oppositions qui disent ça, madame. C’est pas Dupond-Moretti qui le dit.
- Ouais mais vous voyez bien que…
- Mais le carnage c’était les nuits précédentes, c’est pas maintenant.
- Mais c’est une réaction au meurtre d’un adolescent par des jeunes qui subissent l’oppression de la police au quotidien. Ce que vous disent ces jeunes…
- Madame, soixante-dix-neuf mairies dégradées…
- Ils vous disent ça aurait pu être moi…
- Deux cent cinquante bureaux…
- Vous avez déjà donné ces faits…
- Ça appelle une sanction. Vous êtes contre les sanctions pénales !
- Comment est-ce qu’on peut…
- Vous pensez que dans une société comme la nôtre, il peut pas y avoir de sanction pénale, c’est ce que vous nous dites, là.
- Moi, ce que je suis en train de vous dire…
- Nan, ce que vous nous dites, c’est que vous ne voulez pas de sanction pénale…
- … c’est que l’objectif de la circulaire Moretti, c’est de répondre politiquement à…
- L’objectif de la circulaire Moretti, c’est qu’y ait des sanctions…
- Je vais vous dire pourquoi…
- C’est qu’y ait des sanctions, madame.
- Y a un tournant sécuritaire qui ne date pas d’hier…
- Ça n’a rien à voir, vous faites de la politique, madame.
- C’est précisément parce que…
- Ce qui s’est passé, c’est qu’il y a eu quatre nuits d’hyperviolence en France comme y en a pas eu peut-être même jamais. Ça appelle des sanctions pénales. Vous êtes déconnectée, madame. Je voudrais que vous donniez des exemples très concrets de mineurs qui ont été condamnés à de la prison pour quels faits…
- Pas les mineurs, parce qu’il n’y a pas de comparutions immédiates pour eux mais il y a de très, très jeunes adultes…
- Nan mais quels faits, s’il vous plaît ? Soyez très factuelle.
- Par exemple, y a des infractions de groupement qui sont utilisées pour réprimer, y compris pendant les manifestations contre la réforme des retraites, y compris pendant les Gilets jaunes, qui permettent de prendre dans un filet très large…
- Nan, nan, attendez. Ces jeunes émeutiers qui ont été condamnés à de la prison ferme, qu’est-ce qu’on leur reprochait ?
- C’est très varié. Y a un jeune à Marseille qu’on a accusé de recel de fromage, un an ferme.
- J’ai pas compris. Il a volé du fromage, il a pris un an ferme ?
- Des jeunes dans un Carrefour à Saint-Denis qui n’ont rien volé, six mois de prison ferme avec mandat de dépôt, ça veut dire…
- Mais qu’est-ce qu’ils faisaient là, madame. Qu’est-ce qu’ils faisaient là ? Beaucoup des pilleurs ne parlaient même pas de Nahel. J’ai passé tout le week-end à travailler.
La présentatrice met fin à l’échange : "On va rentrer dans le débat politique, c’est pas le lieu".

https://www.telerama.fr/television/immigration-barbares-et-guerre-civile-apres-la-mort-de-nahel-les-chaines-info-peaufinent-leurs-analyses-7016323.php

Pourquoi la justice a maintenu en prison le policier qui a tué Nahel ?

Drôle de question que pose Libé.

A peine passé les portes de la prison de la Santé, le 29 juin, Florian M. avait contesté son placement en détention provisoire. Selon l’arrêt de cette juridiction, consulté par Libération, les magistrats justifient leur décision pour éviter, entre autres, que sa libération ne déclenche de nouvelles révoltes des quartiers populaires. «Sur la seule base d’un refus d’obtempérer, un mineur de 17 ans a été l’objet d’un tir létal venant d’un policier qui effectuait son contrôle après une course-poursuite», note la chambre de l’instruction. Ces faits, aujourd’hui qualifiés d’homicide volontaire par la justice, «ont causé un trouble exceptionnel et persistant à l’ordre public». Et, en dépit de «l’apparent retour progressif au calme, toute remise en liberté de l’auteur du tir ne pourrait que contribuer à le réactiver», estime la cour d’appel de Versailles.

https://www.liberation.fr/societe/police-justice/affaire-nahel-pourquoi-la-justice-a-maintenu-en-prison-le-policier-qui-a-tue-ladolescent-20230711_QUUGCLAU35HEHHJZ6CMRV6TLXY/

La question, c'est pas plutôt : comment un type qui vient d'assassiner quelqu'un à bout portant devant la France entière peut-il oser demander sa remise en liberté immédiate ?
La réponse est peut-être dans la tirade de Darmanin qui explique que les flics "n'ont pas fait de grandes études", mais il paraît que quand on leur dit ça, ils s'offusquent aujourd'hui. Ils se prennent en plus pour des intellos, on dirait. C'est vrai quoi, pourquoi t'est-ce qu'un flic pourrait pas assassiner un arabe en toute quiétude ? Une question achté difficile pour le concours des gardiens de la paix de l'année prochaine.



Bande rivale contre bande rivale ? Tsss, qui pourrait avoir le mauvais goût de poser une telle question ? La ligue des droits de l'homme qui dénonce les falsifications et les mensonges du gouvernement lors de la répression des manifestations à Sante-Soline ? Bah, encore des eco-terroristes, tout ça : à dissoudre avec les autres...