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A boire et à manger

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Message par chapati Jeu 28 Déc 2023 - 8:24

Hier, le dernier homme politique intègre est mort, clôturant ainsi une lignée désormais éteinte.
Des clowns devraient lui rendre un hommage national, qui nul doute lui serait allé droit au cœur.
Ah si, Jospin est aussi un type intègre, je crois...

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Message par chapati Sam 30 Déc 2023 - 3:58

"Pluralité, terre sainte, géopolitique"... discussion avec Elias Sanbar

(dont on a lu ici l'échange avec Deleuze en 1982).


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Message par chapati Dim 31 Déc 2023 - 8:28

Massacre, carnage, crime contre l'humanité, génocide ?

On attend avec impatience de savoir quel mot sera autorisé dans nos démocraties pour qualifier ce qu'il se passe actuellement tous les jours sous nos yeux depuis que "légitime défense et soutien inconditionnel", ainsi d'ailleurs que "antisémite et complice du Hamas", semblent avoir moins les faveurs du monde politico-médiatique.

L'Afrique du Sud a elle consacré celui de "génocide" et porté plainte auprès de la Cour Internationale de Justice.

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Message par chapati Mer 3 Jan 2024 - 16:43

Ça dépend du contexte ?

Le contexte de la mort d'Hitler, c'était de suicider son pays (et lui-même) plutôt que de se rendre, jusqu'à avoir la suprême élégance d'armer des enfants et les envoyer à la mort pour s'octroyer quelques jours de plus afin d'avoir le temps de prendre son courage à deux mains. Netanyahu est de plus poussé vers ce genre de scénario dans la mesure où c'est ça ou le Tribunal International qui l'attend pour le juger pour crimes de guerre.

Dans Inglorious Bastards, Tarentino envoie Brad Pitt qui finit par se débarrasser du fürher. Mais c'est un film, et aujourd'hui, ils ont tous adoubé le nouveau nazi. Et Trump ne suivra pas plus les chemins de Tarentino que Biden, à ce qui se dit.
"Les forces israéliennes sont dans un état de préparation très élevé dans toutes les arènes, en défense et en attaque. Nous sommes hautement préparés pour tout scénario", a déclaré le porte-parole de l’armée Daniel Hagari

https://www.nouvelobs.com/monde/20240103.OBS82794/israel-se-prepare-a-tout-scenario-apres-l-attaque-fatale-au-numero-2-du-hamas.html
Oui mais le problème, c'est que c'est Israël qui les concocte, les scenarii, des fois que ça échappe aux journalistes qui croient encore bon de commencer tous leurs articles en rappelant "les monstruosités du Hamas" (à un moment, ça va se voir que c'est pas l'assassin de l'archiduc François Ferdinand qui est responsable de la boucherie que fut la première guerre mondiale).

Bref, si Bibi veut profiter une dernière fois de son sentiment de toute-puissance en écrasant tout ce qui porte une djellabah à mille kilomètres à la ronde, ça serait bien que Tarentino envoie quelques types pour arrêter ce fou avant que ça ne se chiffre en millions de morts.

Le contexte, c'est Netanyahu !


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Message par chapati Jeu 4 Jan 2024 - 11:41

Les Check-News de Libé racontent encore n'importe quoi

Contrairement à ce qu’affirment de nombreux internautes, Mia Shem n’a pas donné deux versions différentes sur ses conditions de détention depuis sa libération. Et elle n’a pas, non plus, été "opérée par un vétérinaire" à Gaza.

https://www.liberation.fr/checknews/fausses-infos-et-polemiques-autour-du-temoignage-de-lex-otage-franco-israelienne-mia-shem-20240103_CR2MD5QSRRABPI77VN2FOWOOKE/
Heureusement qu'existent les médias pour se différencier des réseaux sociaux. Dommage par contre qu'ils soient pas foutus de taper trois mots sur Google ("Mia Shem vétérinaire", c'est pas super compliqué). Non, mon Libé chéri, c'est pas les "internautes" qui ont inventé que Mia Shem s'est faite opérer par un vétérinaire, c'est vos collègues de la "vérité factuelle et journalistiquement établie : "RMC, Le Point (lui-même renseigné par le Crif) , Paris-Match ou encore le Time of Israël.
Merci et à la prochaine !


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Message par chapati Sam 6 Jan 2024 - 20:39

Être journaliste palestinienne en Israël

Hanin Majadli, Palestinienne citoyenne d’Israël, tient une chronique hebdomadaire dans le journal de gauche israélien Haaretz et y est également éditorialiste. J'ai scindé les réponses en deux partie, la première concerne le traitement politico-médiatique où l'on s'aperçoit que la position de la France a longtemps été calquée sur celle d'Israël (on y parlait même moins librement en France dans les journaux soi-disant de gauche): il suffit de remplacer "palestiniens" par "citoyens" pour s'en convaincre...

-Le 7 octobre, les Palestiniens ont immédiatement compris qu'ils devaient se taire.
- Exprimer son opposition à la guerre signifie soutenir le Hamas. Les Palestiniens ne peuvent rien dire sauf condamner ce
  qui s'est passé le 7 octobre. Ils restent toujours suspects. Ils ne peuvent même pas évoquer le contexte !
- Chaque manifestation de solidarité est réprimée, non seulement par la police, mais par la société israélienne.
- Au début, tout le monde est resté en panique au journal. On n'a pratiquement rien publié sur ce qui se passait à Gaza.
  Actuellement, nous publions de plus en plus d'articles, car il n'est plus possible d'ignorer ce qui s'y déroule.
- Les médias parlent comme des fascistes. Comment est-t-il possible qu'ils parlent d'incitation à la haine contre les Juifs
 tout en faisant la même chose contre les Palestiniens !
- J'ai mentionné que l'attaque du Hamas doit être considérée dans son contexte, tout en la condamnant. On m'a accusée de
  ne pas être entièrement opposé au Hamas. Je suis fatiguée de ces discussions qui ramènent toujours au 7 octobre !

https://www.yaani.fr/post/être-journaliste-palestinienne-en-israël
La seconde où l'on apprend les traitements spécifiques réservés aux palestiniens habitants d'Israël, qui dieu merci ne sont pas arrivés jusqu'aux citoyens français (Benzéma a été réprimandé mais pas arrêté) où l'on s'est arrêté aux insultes !
- La police arrête tout Palestinien écrivant sur la guerre, partageant une citation en arabe, voire le simple : "inch Allah".
- Si quelqu'un me menace, je ne pourrai pas m'adresser à la police ; en tant que Palestinienne, elle ne me protège pas.
- Certains groupes de Juifs israéliens qui n'étaient pas impliqués dans l’oppression le sont désormais : ceux qui prônaient
   toujours la coexistence... un terme que je ne supporte plus entendre, affirment à présent : "Je ne veux plus les voir"...
- Cette guerre a fait réaliser aux Palestiniens citoyens d'Israël qu'ils n'ont pas de place dans ce pays.

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Message par chapati Dim 7 Jan 2024 - 3:52

Nouveaux : les CheckOld de Libé

Trois mois après, les CheckNews de Libé semblent parler de ce qui s'est dit ici (et ailleurs) depuis au moins trois semaines, à savoir de bombardements par des chars israéliens de civils israéliens pris en otage au sein de kibboutz, lors de la journée du 7 octobre. Paraît-il que les familles israéliennes veulent savoir, maintenant. Alors forcément, ça commence à se voir...
Bravo pour votre célérité, les gars : du beau boulot !


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Message par chapati Mar 9 Jan 2024 - 19:17

Merci, maître bien-aimé !

Gabriel Attal, premier Premier ministre gay : le signe d’une France qui progresse

En plus d’être le plus jeune chef de gouvernement de la Ve République, l’ancien ministre de l’Education est le premier à assumer son homosexualité. Preuve des temps qui changent et des mœurs qui progressent, cela n’est pas un sujet pour l’opinion publique.
Signe des temps, en dehors probablement de quelques cercles ultraconservateurs, son orientation sexuelle ne sera l’objet d’aucun débat ou contestation. A une époque pas si lointaine, cela aurait été inimaginable. Le fait même qu’être gay soit considéré comme une information parmi d’autres (comme son âge ou ses origines) montre les progrès majeurs dans l’opinion publique depuis l’adoption du mariage pour tous en 2013.

https://www.liberation.fr/politique/gabriel-attal-premier-premier-ministre-gay-le-signe-dune-france-qui-progresse-20240109_APVTB6PIJBHYHO75QJQR6FG27M/
Ce n'est pas un sujet, bien sûr. Ah que merci, mon Libé chéri. Merci d'abord d'avoir fait progresser les humbles bouseux que nous sommes. Merci pour ton auguste appréciation, maître bien-aimé, boussole indéfectible de l'évolution. Et merci aussi de si bien savoir ce qu'il y a dans la tête de nous autres gaulois, malgré l'éloignement de tes bureaux au fin fond de la capitale. Si tu pouvais encore mieux nous éduquer et faire quelque chose contre le racisme, l'amour des génocides et le vote d'extrême-droite, on t'en serait encore plus reconnaissant. Allez, un petit effort : ça doit pas être si difficile pour des gens de ta qualité. Déjà quand on a fait progresser la psyché populaire jusqu'à 1,7 %, ça doit pas être bien compliqué de l'amener à 51 %, à la vitesse où que c'est qu'on évolue !


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Message par chapati Sam 13 Jan 2024 - 7:07

Journal de la Cour

C'est après l'épisode de porte-parole du gouvernement de la délicieuse Sibeth Ndiaye (que le monde entier regrette) que débarqua le prince, qui répéta à la virgule près les mots d'ordre en vigueur. Qui aurait pu s'émerveiller d'un tel psittacisme sinon son propre maître ? C'est ainsi que, tout ébaubi de se voir si bel en ce miroir, le roi bombarda l'aimable volatile ministre, puis premier ministre, sans que personne ne sache à quelle autre qualité notre jeune perroquet devait telle promotion.

La chose avait bien sûr un côté pratique, le prince était toujours du bon côté du manche, mais autre chose réunissait ces aimables sommités, la même obsession pour l'action. Agir et contrôler semblaient être l'essentiel de ce qui les animait, le roi ne pouvait donc que reconnaître son sujet comme l'un des siens. En outre, même si ce dernier se sentait pousser des ailes pour 2027, il serait toujours plus facile à contrôler que les Darmanin et autres vieillards de la cour, toujours capables d'un mauvais coup. Enfin et malgré la devise fièrement ancrée dans le tradition royale ("après moi le déluge"), si jamais Attal le jeune lui succédait, il lui permettrait de tenir à peu de frais une vague promesse faite à ses sujets où il était question de faire rempart au RN. C'était donc gagnant-gagnant.

Certes, quelques uns des plus mal embouchés ricanèrent qu'en plus d'être juif et pédé, le prince était jeune. Antisémite et homophobe, passe encore, mais l'allusion à la jeunesse crispa le roi qui, à ce qui se dit, allât s'en plaindre auprès de sa bonne fée. Sinon, les réactions des opposants furent conformes et n'ébranlèrent pas la sérénité naturelle des gaulois.

La seule ombre au tableau fut finalement l'arrivée intempestive de la diabolique Rachida, que certains disaient possédée par le Mal sans trop savoir comment l'orthographier. Entraînerait-elle le jeune Attal dans les méandres sulfureux des passions hétérogènes ? Telle était finalement la seule incertitude qui subsistait quant au futur du royaume.


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Message par chapati Sam 13 Jan 2024 - 17:38

Génocide en direct

Pour la première fois, un génocide a lieu en direct, littéralement en live stream sur certaines chaînes d’information panarabes ou sur les réseaux sociaux, ce qui n’a été le cas ni pour le Rwanda ni pour Srebrenica. Face à cela, la facilité avec laquelle ce massacre quitte petit à petit la une des journaux et l’ouverture des journaux télévisés dans nos pays pour être relégué comme information secondaire est déconcertante.
"En direct", voilà : c'est ça que j'avais sur le bout de la langue depuis un moment. L'article d'Alain Gresh est lisible ici.

Peut-être peut-on tiquer sur le terme de "génocide", c'est pourquoi j'ai mis en parallèle plus haut "massacre, carnage" etc. Quoi qu'il en soit, n'importe lequel semble mieux approprié que celui de "guerre" qu'on nous vend depuis le début. Pour qu'il y ait une guerre, il faut deux forces face à face, avec chacune l'idée de prendre le dessus sur l'autre, ou du moins que l'une essaie de se défendre. Ici personne ne se défend. On voit d'ailleurs pas quelle force il pourrait y avoir face à Israël. Il y a bien eu 1000 personnes massacrées le 7 octobre mais depuis, c'est d'un carnage unilatéral qu'il s'agit (sans commune mesure).


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Message par chapati Ven 19 Jan 2024 - 10:24

Réarmement démographique et jardinage

Concernant la volonté de Macron de "réarmer" la natalité en France, Mélanie Vogel, députée écolo, a déclaré (voir la vidéo du lien) que l'écouter ne l'incitait pas à faire des enfants. C'est drôle, même si c'était pas fait exprès. Rousseau et Tondelier y sont aussi allé de leur couplet. Bref, la parole du président n'est pas aphrodisiaque et il se prend râteau sur râteau.


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Message par chapati Ven 19 Jan 2024 - 20:03

Avec la plainte de l’Afrique du Sud contre Israël pour génocide, le Sud conteste une mémoire dominée par la Shoah et lui oppose celle de la colonisation

Tel est le titre d'une chronique du Monde. Résumé :

Les audiences du recours déposé par Pretoria devant la Cour internationale de justice illustrent l’émergence du Sud global et sa remise en cause de l’ordre installé par les Occidentaux, estime Sylvie Kauffmann, éditorialiste au Monde.

Blinne Ni Ghralaigh, avocate irlandaise, a fait un redoutable exposé clinique de ce qu’elle a qualifié de "premier génocide diffusé en direct" à propos des Palestiniens de Gaza. La jeune juriste, font valoir certains de ses admirateurs, jouit d’une double qualification : experte reconnue dans la défense des droits humains en droit international, elle vient d’un pays qui est une ancienne colonie. Cette double qualification illustre la dimension très particulière de la plainte déposée contre Israël devant la plus haute juridiction des Nations unies. Fondé sur le caractère massif et le bilan humain de la riposte militaire israélienne aux massacres commis par le Hamas le 7 octobre, le recours sud-africain dépasse la simple procédure judiciaire. Il est la plainte du Sud global contre les critères occidentaux de la supériorité morale. Il est la remise en cause d’un ordre international installé par le plus puissant allié de l’accusé, les Etats-Unis. Il est aussi la contestation d’une mémoire dominée par la Shoah, à laquelle s’oppose ouvertement celle de la colonisation.

https://www.lemonde.fr/idees/article/2024/01/17/avec-la-plainte-de-l-afrique-du-sud-contre-israel-pour-genocide-le-sud-conteste-une-memoire-dominee-par-la-shoah-et-lui-oppose-celle-de-la-colonisation_6211366_3232.html

La suite est réservée aux abonnés. N'empêche que ce qu'on peut lire paraît suffisant pour se poser la question d'en quoi deux mémoires s'opposeraient. Un génocide n'est-il pas un génocide, qu'on soit africain ou occidental ? Les africains contestent-ils par exemple le génocide du Rwanda ? Et en quoi le recours sud-africain serait-il "une plainte su Sud global contre les critères occidentaux" ? De la même façon, en quoi contester un ordre international dominé par les États-Unis ne pourrait-il être que l'apanage des pays du Sud ? Que la mémoire de l'Afrique diffère de celle de l'Occident, c'est certain, mais de là à dire que l'une s'opposerait à l'autre et que ça aurait un rapport avec la plainte de l'Afrique du Sud, on voit pas bien le but, à moins de chercher à nous rejouer le choc des civilisations.

Ce qu'on voit, c'est surtout un occident de plus en plus charmé par les sirènes de l'extrême-droite, et qui apporte un soutien sans faille à un effroyable massacre organisé. Et quiconque - qu'il fut occidental ou africain - ne peut qu'être horrifié par ce qu'il se passe à Gaza. Quiconque sauf les états et leurs valets les médias, ça va de soi. A propos, quel média a sérieusement rendu compte du "redoutable exposé clinique", quand on sait que la défense d'Israël a elle été reprise un peu partout ? (je l'ai pas mis dans le forum parce que j'ai la sensation d'avoir dit les choses de façon suffisamment claire au fur et à mesure, mais si ça intéresse, on peut se reporter à cette traduction des premiers intervenants de l'accusation sud-africaine).

Bref, la colonisation, et particulièrement l'esclavage, n'a en rien à s'opposer à l'ignominie de la Shoah, pas plus qu'à celle du carnage en cours à Gaza, dont la condamnation n'a pas le moindre rapport avec je-ne-sais quelle plainte africaine contre je-ne-sais quels critères occidentaux. Et point final !


EDIT : et bien entendu, la mafia gouvernementale de se précipiter sur les mots - ici celui de "génocide" - pour encore et toujours les tordre et ainsi désamorcer la question de fond : "Accuser l'Etat juif de génocide, c'est franchir un seuil moral" a déclaré Mr Séjourné, ministre des affaires étrangères, en pointant que l'emploi d'un tel mot amènerait à exploiter la situation à des fins politiques. Sauf que c'est pas Mélenchon qui l'emploie, monsieur le ministre, contrairement à ce que vous essayez de faire croire aux français [edit : en fait, j'ai lu après coup que c'est Obono qui l'aurait employé, ndlr] : c'est l'Afrique du Sud, qui n'en a rien à foutre de vos petites combines politiciennes !
On rappellera en outre qu'à ce stade de la procédure, il n'est pas question que la Cour Internationale de Justice statue sur l'existence d'un génocide ou pas, mais sur celle d'un "risque génocidaire", sur une éventuelle "intention génocidaire" ou sur un "comportement génocidaire" d'Israël.
On peut aussi lire sur le sujet le texte du Collectif des Juristes pour le Respect des engagements internationaux de la France qui renvoie Séjourné au respect d'éventuelles décisions de la Cour Internationale de Justice et donc des lois internationales.


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Message par chapati Mar 23 Jan 2024 - 8:09

Éléments d'histoire à propos de la loi de 1905 sur la laïcité (résumé)


Suite à un documentaire sur France 5, Jean Baubérot, historien et spécialiste de la laïcité, précise dans un billet de blog de Médiapart certains points sur le combat qui a amené à la laïcité en 1905. Il parle d'un conflit intra-républicain entre deux France, dont l’enjeu est, en schématisant, le choix entre une laïcité autoritaire (gallicane, régalienne) et une laïcité libérale (séparatiste). De la même façon et de l'autre côté, si Pie X fait tout ce qu'il peut pour s'y opposer, le camp catholique serait divisé, et "maints catholiques ont voté pour les partis laïques, donnant à ceux-ci une écrasante victoire aux législatives de mai 1906", assène-t-il. Ce qu'il se produit en début de siècle serait selon lui un rebond de la laïcisation, une conséquence du rôle religieux très militant d’un catholicisme de combat.

La laïcité est présentée comme un processus. La laïcisation de l'école publique est par exemple bien antérieure à 1905 : elle date de la loi Ferry de 1882, mais son application se fait très lentement, en privilégiant le cas par cas. Ainsi nombre d'écoles ont gardé un crucifix dans les classes encore vingt ans après. Les laïques autoritaires voulaient la fermeture des écoles confessionnelles, mais se sont heurtés à Buisson et à Clemenceau, affirmant que la suppression de la liberté d’enseignement irait à l’encontre de la laïcité. Clemenceau a même tonné contre une possible "tyrannie" de l’Etat laïque. Face aux laïques autoritaires, les laïques libéraux ont gagné, l'enseignement catholique n'est pas visé et le monopole de l’Etat laïque sur l’éducation ne fut jamais instauré. Briand note encore que l’Etat laïque doit aux catholiques "la liberté de conscience" et la "faculté d’exprimer ses croyances religieuses par des manifestations extérieures", et donc que Etat laïque "n’a pas le droit d’être antireligieux : il est a-religieux".

"La France devient finalement laïque et le restera, et cela marque sa différence avec le monde", conclut le commentaire. Ce qui est faux selon Baubérot. Le rapport de Briand en 1905 insiste bien au contraire sur le fait qu’il existe des pays où "le principe de la laïcité et de la neutralité de l’Etat" existent déjà. Il cite le Canada, les Etats-Unis, le Mexique, Cuba, trois républiques d'Amérique centrale, le Brésil, des colonies anglaises dont la Nouvelle-Zélande. Le Mexique en particulier, comme pays catholique ayant réalisé la Séparation dès 1859, et l’ayant confirmée en 1873, sert de modèle a beaucoup de laïques lors des débats français. On est aux antipodes de la conception, xénophobe, l’une laïcité "exception française".

Baubérot prône que son propos consiste à montrer la persistance d’un récit national erroné. Cette loi est piétinée, bafouée, dit-il, par la manière dont on la présente, ce qui montre l’ampleur de l’obscurantisme que l'on prétend combattre. Quand il s’agit de laïcité, chacun croit avoir la science infuse et reproduit une histoire légendaire.


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Message par chapati Sam 27 Jan 2024 - 5:26

La CIJ a considéré que le risque de génocide par l’armée israélienne est plausible dans la bande de Gaza


"Au moins certains actes semblent susceptibles de tomber sous le coup de la convention sur le génocide", a déclaré la présidente de la Cour Internationale de Justice (Libé)

(à ce stade, la Cour ne s’est pas avancée sur la question de savoir si Israël commet effectivement ou non un génocide. Ce volet de l’affaire peut prendre des années).

La décision de la CIJ concerne tous les États ayant signé la convention de l'ONU contre le génocide, dont la France, qui sont soumis à l’obligation d’empêcher le génocide.





EDIT : les chiens-chiens pigistes des ChecksNews se surpassent encore, une De Truc de Machin-Chose nous explique que "si la CIJ s’est contentée d’ordonner à Israël de prévenir tout acte de "génocide", les camps israélien et pro-palestinien ont chacun interprété le contenu de la décision en servant leur narratif" .
Mais bien bien sûr, ma petite poulette, chacun voit midi à quatorze heures pour servir son "narratif". Autant dire que c'était pas la peine d'en faire un plat, de toutes ces histoires de génocides. D'ailleurs, y'a écrit "semble tomber" et encore "plausible", donc même pas sûr (sauf que ça, elle était sensée le savoir depuis le début) que ce soit un génocide : aussi bien, c'est juste un tout petit crime contre l'humanité de rien du tout. Pas de quoi en faire un fromage...
Complètement à la masse !


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Message par chapati Sam 27 Jan 2024 - 14:48

The show must go on

Michaëla Shiffrin est allé s'encastrer à cent à l'heure dans les rambardes et a fini sa course dans un hélico, direction l'hôpital. Ensuite, c'est Fédérica Brignone qui est tombée au même endroit, sans dégâts cette fois. Un peu plus tard et toujours au même endroit, Corinne Suter s'est explosé le genou et retour de l'hélicoptère. Trois des meilleures skieuses du monde. La raison de cette hécatombe ? Un connard qui avait tracé la descente sans s'apercevoir du danger ou en s'en foutant (c'est un entraîneur des équipes qui fait le tracé). Le résultat, après trois ou quatre interruptions presque consécutives, les filles avaient tellement peur qu'elles faisaient un dérapage avant la bosse, histoire de se freiner et d'atterrir moins loin. On a même eu droit à une petite française (Romane Miradoli qui revient juste en course après s'être fait un genou l'année dernière) dire par talkie-walkie à son entraîneur qu'elle avait la trouille. Et le gars de lui répondre que mais non mais non, yaka faire comme ci etc. Ambiance...
Aujourd'hui, rebelote : même descente, même piste. Croyez-vous qu'ils aient rendu le passage moins dangereux ? Bien sûr que non, jamais de la vie ! Il suffisait pourtant de raboter la bosse pour moins décoller, et pour ça, d'un type avec une pelle. Après le premier hélico et quand une seconde fille s'est mise à hurler, j'ai éteint la télé.


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Message par chapati Dim 28 Jan 2024 - 20:01

Les USA et 8 pays occidentaux dont le France aggravent le génocide en cours à Gaza

Au lendemain du jour où la CIJ a conclu qu'Israël était peut-être en train de commettre un génocide, et suite aux déclarations d'Israël prétendant que des employés de l'UNRWA (agence onusienne d'aide aux réfugiés palestiniens) auraient participé aux crimes du 7 octobre, certains pays dont la France décident d'arrêter de financer l'Unrwa.

Le plausible génocide, selon les termes de la Cour Internationale de Justice, se poursuivra donc sans que les palestiniens ne puissent même bénéficier d'aide humanitaire de la part de ces pays, et ce sans enquête et sur les seules accusations d'Israël.

Nos engagements vis-à-vis de la CIJ nous avaient mis en demeure d'empêcher un génocide, voilà qu'à l'inverse on est aujourd'hui plus très loin d'en être complices.

Pas un mot dans le journal de 20 heures de la 2, qui nous informe en échange qu'une fille a fait trois sauts périlleux en surf. Par contre, un article dans Le Monde qui a le mérite de rappeler l'obligation d'aide humanitaire décidée avant-hier par la CIJ.


EDIT :
Contrairement à huit pays, Paris n’affirme pas suspendre ses aides à l’agence de l’ONU : "La France n’a pas prévu de nouveau versement au premier trimestre 2024 et décidera le moment venu de la conduite à tenir",a fait savoir ce dimanche 28 janvier le ministère des Affaires étrangères. Paris dit ainsi vouloir attendre "que les enquêtes lancées ces derniers jours permettent de faire toute la lumière sur les faits passés et soient assorties de mesures concrète".

https://www.liberation.fr/international/moyen-orient/aide-aux-refugies-palestiniens-la-france-ne-prevoit-pas-de-nouveau-versement-a-lunrwa-au-premier-trimestre-2024-20240128_OYEK3QI6KRA33HODO6G2E2XPIU/
Mouais. En attendant je-ne-sais quel résultat de je-ne-sais quelles enquêtes, on commence donc par croire un pays qui vient de se faire montrer du doigt pour plausible génocide par le Droit International...


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Message par chapati Mar 30 Jan 2024 - 6:43

Infos et commentaires résistant à la propagande politico-médiatique autour de la décision de la CIJ






EDIT du 01/02 : Après l'annulation le 6 décembre par la mairie de Paris d'une réunion publique contre l'antisémitisme et son instrumentalisation en présence de la philosophe Judith Butler, c'est la conférence de Gilles Devers, l'avocat qui intervient dans la vidéo, qui a été annulée suite aux demande du Crif relayées par Laurent Wauquiez, "pour raisons de sécurité" (lien). Qu'il fait bon vivre en démocratie...


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Message par chapati Dim 4 Fév 2024 - 10:20

Comprendre le conflit israélo-palestinien

Long documentaire en deux parties. La première, qui va de 1880 à 1950, est formidable. Elle explique extrêmement bien la situation en collant à la chronologie des événements, et en particulier un point laissé dans l'ombre lors du précédent résumé, à savoir le rôle des anglais dans cette histoire, qui ont trahi leurs promesses dès qu'ils ont été à la tête de l'administration de la Palestine en particulier (et de pays proches). A la fin, on a l'impression d'avoir enfin reconstitué le puzzle et de s'y retrouver dans cet imbroglio ! La seconde partie poursuit la succession d'événements qui courent de 1950 à 1991.


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Message par chapati Mar 6 Fév 2024 - 19:28

Revue de presse

Dans Médiapart, un nommé Jean Guinard profite d'un de ses billet pour livrer, dans les commentaires s'y rapportant, nombre d'articles pêchés ça et là (dont beaucoup sont issus du Monde et accessibles aux seuls abonnés). Tous les textes sont lisibles en intégralité et renseignent sur la nature particulièrement vaine des débats qui ont eu lieu depuis le 7 octobre. Vaine parce que portant essentiellement sur des querelles de mots : le Hamas est-il une organisation "terroriste" ou pas ? La riposte d'Israël s'apparente-t-elle à un "génocide" ? Etc. Voilà donc ce qui a occupé nos intellectuels un long moment. J'ai copié-collé l'ensemble de articles reproduits : cent pages écrites petit sur mon traitement de texte ! Et nos plumitifs ont beau en faire à chaque fois long comme le bras, ça dit à peine plus qu'une querelle de réseau social. Didier Fassin par exemple s'empare du terme de "génocide", en comparant Gaza au génocide du peuple herero par les allemand en 1904 en Namibie. Une tribune le traite aussitôt d'antisémite en arguant qu'il faudrait "choisir son camp". Une seconde s'attache à démontrer point par point que la comparaison ne tient pas. Fassin répond que c'était pour alerter sur la situation etc. Tout ça n'a aucun intérêt.

J'ai sélectionné quelques textes qui se démarquent un peu de la soupe médiatique et semblent avoir quelque chose à dire :

La position des États-Unis

Un texte affirme que Biden "approuve pleinement le génocide", arguant qu'il pourrait l'arrêter en stoppant sa livraison d'armes à Israël, et que ses appels du pied pour freiner Israël sont de la poudre aux yeux destinée aux électeurs américains.

Les palestiniens et le Hamas

Leila Seurat, chercheuse politiste, écrit dans Le Monde "qu'à Gaza comme en Cisjordanie, les Palestiniens seraient unanimes dans leur soutien au Hamas". Elle affirme que depuis son arrivée au pouvoir en 2013 en Egypte, le général Sissi "trouve son intérêt à coopérer avec le Hamas pour assurer la sécurité du Sinaï", ce qui aurait amené à ce que le Hamas ne fasse plus "mention de son affiliation aux Frères musulmans", et qu'il élude dans ses discours "toute identification partisane voire religieuse, pour parler au nom de tous les Palestiniens". Et donc, en dépit du nombre de morts tués par Israël, elle soutient que les palestiniens salueraient ce qu’ils considèrent comme "une victoire historique contre Israël".

Du même tonneau, une journaliste palestinienne, opposante de longue date à l'islamisme et appelant à la fin de la division politique entre le Fatah et le Hamas, le dit plus doucement : "Bien que nos valeurs, nos principes et nos visions divergent, cette guerre brutale ne nous laisse d’autre choix que de tolérer le Hamas" (lien). Pour elle, "les membres du Hamas partagent une profonde croyance en la victoire instillée depuis l’enfance, et que l’on soit d’accord ou non avec les moyens qu’ils emploient, que leur rêve soit d’aller au paradis ou de libérer la Palestine, ils mettent leur vie au service de leurs convictions". Du coup, on ne peut selon elle "reprocher à un peuple de sympathiser avec un mouvement qui le défend, d'autant que "Nétanyahou traite l’ensemble de la population comme s’il s’agissait du Hamas".

La dimension juridique du conflit

Une interview de Serge Sur, un universitaire qui, à propos de la riposte d'Israël, rappelle que la proportionnalité est en droit international un standard assez vague, mais que "si l'on considère que Gaza est un territoire occupé, la légitime défense ne peut être invoquée et les non-combattants ne peuvent être pris pour cible"... et que "la légitime défense s’applique uniquement contre les attaques extérieures, sinon il s’agit de maintien de l’ordre". Il poursuit en notant qu'Israël considère que Gaza est "administrée de manière indépendante par une autorité, en l’occurrence le Hamas", ce qui est selon lui "juridiquement contestable". Il note encore que détruire Gaza de façon indiscriminée "n’est pas conforme au droit international humanitaire qui demande une réponse proportionnée à l’attaque".

Autre article sur le même thème, "Israël et ses alliés au mépris du droit des peuples" est plus engagé, mais a surtout, par rapport au témoignage du dessus, l'intérêt de rappeler que "la bande de Gaza est considérée en droit international comme un territoire occupé par l’État d’Israël" (et que "le peuple palestinien en relève sans contestation possible"). Il parle ensuite d'Israël comme d'un "état colonial", ce qu'il est sans doute vis-à-vis des palestiniens, mais pas tout à fait quand même, dans la mesure où les juifs sont présents en Palestine depuis eux aussi bien longtemps.

La propagande d'Israël

J'avais fait deux textes en prenant des précautions sur un possible complotisme (ici et ). Je m'aperçois qu'ils sont étayés par un article de Haaretz, journal israélien de gauche qui parle de propagande voire de mensonges à propos d'Israël (lien).

Dans mon second lien (), il est aussi question d'un imbroglio autour d'une manif féministe : ce texte source les choses.

                                                                                                             ***

Reste des textes que je veux relire et peaufiner avant que de poster. En attendant, on peut en mettre un, issu du Monde Diplomatique, qui certes répète ce qui a été dit ici, mais qui peut faire office de récapitulatif chronologique, sur la façon indigne et pour tout dire, quasi totalitaire, dont l'ensemble des médias français a couvert ce conflit. Le texte, à peine réduit :

Le journalisme français, un danger public, par Serge Halimi & Pierre Rimbert

Depuis le 7 octobre dernier, les grands médias veillent à l’alignement des planètes autoritaires en France. Leur soutien inconditionnel à Israël s’accompagne de leur diffamation des opinions dissidentes, de leur mise en cause des libertés publiques et de leur chasse aux immigrés. Jusqu’où ira cette guerre idéologique ? Au service de qui ?

Un moment de folie médiatique a révélé en même temps que précipité un mouvement de bascule politique : dans les semaines qui ont suivi les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023, les principaux médias et le gouvernement français ont réalisé une double prouesse. Celle d’exclure de "l'arc républicain" La France insoumise qui refusait d’absoudre d’avance les représailles militaires du gouvernement israélien à Gaza, et, symétriquement, celle d’y inclure le Rassemblement national. Le parti fondé en 1972 par Jean-Marie Le Pen s’est trouvé subitement réhabilité et blanchi par son alignement sur les positions du gouvernement israélien de M. Netanyahou. Au même moment, la presse progressiste pilonne Jean-Luc Mélenchon dans les termes qu’elle réservait autrefois à M. Le Pen : "il accumule les dérapages rances" (L’Obs) à force de déclarations "imprégnées de stéréotypes antisémites" (Mediapart) ; "Antisémitisme : comment Mélenchon cultive l’ambiguïté", titre un article du Monde qui échoue à produire le moindre propos antisémite : en trois mois, ce quotidien aura consacré une demi-douzaine d’articles et plusieurs éditoriaux à la tentative d’assassinat symbolique du dirigeant de LFI. Dans les médias, l’arc républicain se confond alors avec l’arc israélien.

Inimaginable il y a encore dix ans, une extrême-droitisation aussi rapide du spectre politique hexagonal a évolué de pair avec la restriction des libertés d’expression, d’opinion, de manifestation. À l’unisson du ministre de l’intérieur, les médias assimilent à de l’antisémitisme des manifestations ordinaires de soutien à la cause palestinienne, lesquelles sont d’abord interdites.

Le séisme couvait — et s’était déjà manifesté ailleurs en Europe. L’ironie veut cependant qu’en France un tel tournant autoritaire s’effectue sous la conduite conjointe d’une corporation journalistique qui s’autoproclame gardienne des libertés démocratiques et d’un gouvernement élu pour faire barrage à l’extrême droite. Et que l’une et l’autre justifient leurs agissements par la nécessité de soutenir le "droit d’Israël à se défendre" au moment où cet État multiplie les crimes de guerre dans l’espoir de précipiter l’exil ou la déportation de tout un peuple et d’empêcher ainsi qu’il devienne un jour souverain sur son territoire.

L’ampleur des massacres commis à Gaza, la réprobation internationale qu’ils suscitent, le discrédit d’un journalisme occidental à la partialité caricaturale amèneront probablement certains protagonistes à espérer qu’on oubliera leur égarement et les dégâts qui en ont découlé. Raison de plus pour revenir en détail sur les deux temps de la guerre de l’info ouverte le 7 octobre : la médiatisation des massacres du Hamas, abondamment décrits comme une culmination historique de l’horreur, puis celle, toute en retenue de la guerre totale menée par Israël contre les Palestiniens. En quelques semaines, la France a fait l’expérience d’un journalisme de meute qui déteste autant le débat contradictoire que la liberté d’expression.

Trois dimensions structurent la médiatisation du conflit israélo-palestinien. L’axe temporel d’abord, dont le point zéro correspond toujours au 7 octobre et jamais avant. Organiser ainsi le calendrier détermine mécaniquement la nature de ce qui fera l’événement, le rôle tenu par les protagonistes et le déroulement du scénario : à l’horreur succède la "riposte", le "droit d’Israël à se défendre". Ces deux séquences concentrent l’essentiel de la médiatisation au détriment de la troisième la contestation internationale d’une guerre potentiellement génocidaire.
Le regard journalistique sur le conflit israélo-palestinien s’articule autour d’un deuxième axe : l’occidentalisme. Alignées sur une diplomatie française et européenne de plus en plus atlantiste, les rédactions voient en Tel-Aviv l’allié qui partage la même vision du monde, les mêmes ennemis, la même conviction d’appartenir à une civilisation supérieure, celle des sociétés libérales. Au Proche-Orient fait rage "un combat des démocraties occidentales contre l’obscurantisme de l’islamisme radical", affirme Laurence Ferrari. "Parce que l’horreur a été commise, il faut qu’elle soit commise de l’autre côté ? interroge Dominique de Villepin face à Apolline de Malherbe, avant de s’attirer cette réplique : "Mais vous pensez comme quelle partie de l’humanité ?" L'Occident éclairé ou ce Sud populeux où "la rue" ménage les terroristes. "J’aime Israël parce que c’est un pays où souffle l’esprit européen", résume l’ancien directeur de Charlie Hebdo Philippe Val, désormais chroniqueur sur Europe 1, la radio de Vincent Bolloré.

Les médias entérinent sans vérification ni recul la plupart des récits du gouvernement et de l’armée israéliens. En revanche, toute information issue du Hamas se trouve frappée au coin du doute. Au-delà des multiples fake news de Tsahal (les quarante bébés décapités, les vingt enfants brûlés et exécutés, le nouveau-né rôti au four, la femme enceinte abattue et éventrée, le quartier général du Hamas sous l’hôpital Al-Shifa, etc), dont le démenti tardif a moins d’écho et d’impact que l’information sensationnelle initiale, c’est le cœur même du récit officiel israélien que les médias français relaient : l’armée de la "seule démocratie du Proche-Orient" a pour mission de détruire un monstre inhumain fondu dans la population gazaouie ; le Hamas porte par conséquent la responsabilité principale de toutes les victimes du conflit. En somme, comme le précisera M. Netanyahou, Israël mène une "guerre d’une moralité sans équivalent". Au fil des jours, cette fable débitée sur toutes les chaînes d’info relativise la courbe ascendante des victimes palestiniennes. Et maquille en riposte légitime ce qui a les apparences d’une tentative d’épuration ethnique.

Nul journaliste n’admettra volontiers qu’il assigne une partie de la planète à un statut de sous-humanité. Mais, ce qui revient au même, beaucoup se refusent à mettre "sur le même plan des massacres qui ont été commis, avec des viols, des femmes qui ont été mutilées, et puis des bombardements aujourd’hui qui sont dans le cadre d’une riposte, certes avec des morts qui sont tout à fait inacceptables" (Sonia Mabrouk).

Près de quatre mois après le déclenchement du conflit, aucun grand média français n’a réalisé une enquête quantitative sur le traitement journalistique du conflit. Aux États-Unis, The Intercep  a analysé un vaste échantillon d’articles du New York Times, du Washington Post et du Los Angeles Times parus entre le 7 octobre et le 24 novembre. Les résultats ne devraient pas dépayser les lecteurs français. "Le terme de “carnage” a été utilisé 60 fois plus dans le cas de victimes israéliennes plutôt que palestiniennes, et celui de “massacre” 125 fois dans le premier cas et 2 fois dans le second.
Le lexique chargé d’émotion pour les uns, distancié pour les autres, est également confirmé par l’étude d’un autre média occidental, la BBC. Les chercheurs ont passé au crible 90 % de la production en ligne de la BBC entre le 7 octobre et le 2 décembre 2023 avec l’association presque systématique des mots "massacres, meurtres et carnage" aux victimes israéliennes.

Cent jours après l’attaque du Hamas en Israël dont le bilan s’élève selon Tel-Aviv  à 1 139 morts dont 766 civils et 132 otages toujours retenus à Gaza, les militaires israéliens, équipés et financés par les États-Unis, avaient tué 23 000 Palestiniens (8 000 autres étant portés disparus), bombardé des hôpitaux, des écoles, des églises, les centres culturels, les archives, les routes, les infrastructures énergétiques, endommagé ou détruit 60 % des bâtiments, déplacé 85 % de la population, organisé méthodiquement une pénurie d’eau et de médicaments ainsi qu’une famine à grande échelle qui menace 40 % des survivants. C’est "l'une des campagnes punitives contre des civils les plus intenses de l’histoire", relève l’historien américain Robert Pape, l’ampleur des destructions surpassant celles d’Alep en Syrie, de Marioupol en Ukraine et même de villes allemandes par les bombardements alliés à la fin de la seconde guerre mondiale. Or il ne s’agit pas d’un dérapage : l’opération a été précédée de déclarations officielles à tonalité génocidaire. À commencer par celles du président socialiste Isaac Herzog ("C’est une nation entière là-bas qui est responsable") et du ministre de la défense Yoav Galant ("Gaza ne redeviendra jamais ce qu’il a été. Nous éliminerons tout").

Analyser un carnage israélien conforme au destin que les dirigeants de Tel-Aviv entendaient réserver à des "animaux humains" n’exigeait pas une puissante enquête pour en retracer l’origine, ni des cours de sémiologie avancée pour en saisir le sens. Mais les médias ont alors changé de stratégie. Après avoir disséminé sans relâche une histoire boiteuse résumant le destin palestinien au "terrorisme islamiste" et la politique israélienne à une série de "ripostes" à ces massacres, après avoir affiché une solidarité occidentale permettant d’humaniser l’allié et d’ensauvager l’adversaire, la plupart des journalistes français ont choisi de détourner le regard. Ils ont délibérément réduit la médiatisation du conflit afin de ne pas devoir poser des questions qui fâchent.

La logique et la justice auraient pourtant voulu que les régiments de commentateurs et de décideurs qui avaient proclamé en octobre "qu'Israël avait le droit de se défendre" soient à leur tour interpellés sur les conséquences de ce droit au regard du nombre de victimes qui en avait découlé. Et qu’ils soient sommés de proposer des actions et des sanctions pour interrompre la tuerie. Ne pas parler de "terrorisme" palestinien avait valu une lapidation médiatique aux contrevenants. Cette fois, d’autres termes paraissaient découler de l’observation de la conduite israélienne de la guerre : "déportation, nettoyage ethnique", voire "tentative génocidaire". Les journalistes allaient-ils à présent retourner leurs armes et leurs commentaires contre certains des avocats d’un "soutien inconditionnel" à Israël, allaient-ils leur reprocher leur aveuglement alors que les massacres de civils, cette fois à Gaza, imposaient qu’on haussât le ton contre leur protégé ? Mme Yaël Braun-Pivet, présidente de l’Assemblée nationale, M. Gérard Larcher, président du Sénat, M. Éric Ciotti, président des Républicains, Mme Anne Hidalgo, maire de Paris, pour ne citer que ceux-là, auraient pu être soumis à la question comme les dirigeants insoumis quelques semaines plus tôt. "Approuvez-vous le nettoyage ethnique, s’agit-il plutôt d’une déportation, Quand prendrez-vous enfin des sanctions contre Israël ?" Il n’en sera rien. Même un journal comme Le Monde, qui s’est distingué par une couverture plus juste du conflit que la plupart de ses confrères, ne recommande toujours pas que l’État coupable de crimes de guerre en Palestine soit sanctionné par la communauté internationale.

Lors de ses vœux du Nouvel An, le président Macron a consacré quinze mots aux 22 000 morts de Gaza. Deux semaines plus tard, deux dirigeants politiques aussi différents que MM. Raphaël Glucksmann et Éric Zemmour étaient longuement interrogés, l’un par France Inter, l’autre par Europe 1. Seul point commun entre ces deux émissions : cinquante minutes d’entretien, aucune consacrée à Gaza. M. Glucksmann parla bien d’hôpitaux attaqués, mais seulement de celui de Corbeil-Essonnes, victime de hackeurs russes.

En quatre mois, les dirigeants du "quatrième pouvoir" n’ont pas seulement alimenté un culturalisme qui, comme au temps des empires coloniaux, place l’Occident au pinacle de l’humanité. Ils ont, dans leur grande majorité, entériné le point de vue de l’extrême droite israélienne et accompagné ou cautionné en France la marginalisation des opposants à la guerre en leur interdisant d’exprimer des solidarités hier encore évidentes. Ils ont ainsi précipité le baptême républicain du RN, en même temps qu’ils célèbrent le réarmement militaire et moral de la France au nom de la lutte contre la menace russe et le terrorisme islamiste. Le combat mené depuis quinze ans par les gouvernements libéraux contre les mouvements "populistes" et les régimes "illibéraux" a ici trouvé un renfort inattendu : la naissance et l’installation en France d’un journalisme autoritaire.


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Message par chapati Mer 7 Fév 2024 - 10:05

"Massacres à Gaza, le mirage du droit" (suite d'au dessus)


Rappelons d'abord qu'existe une hiérarchie en droit international : crimes de guerre, crimes contre l'humanité, génocide.
Entretien du 12/01/2024 avec Michael Sfard, éminent avocat israélien spécialisé dans les droits de l’homme, qui s’occupe en grande partie des violations commises par l’Etat dans les territoires occupés.

Contrairement à ce que beaucoup pensent, les nazis n’ont pas été jugés pour génocide. Le crime de génocide n’existait pas au moment de Nuremberg. Les principaux responsables du Troisième Reich ont été jugés pour le crime d’extermination. Mais après Nuremberg, on a soutenu que ce crime n’était pas suffisant, ne rendait pas compte de la particularité d’une extermination massive visant à anéantir un groupe humain. Ce fut un débat passionnant entre deux juristes juifs survivants de l’Holocauste. Leur désaccord portait sur la question de savoir si le meurtre d’un million de personnes, parce qu’elles appartiennent à un certain groupe et dans le but d’éradiquer ce groupe, est plus grave que le meurtre d’un million de personnes sans cette intention. Plus tard, les Nations unies ont décidé de considérer le génocide comme une catégorie spécifique. Il est défini comme un acte d’extermination ou comme la création de conditions propres à anéantir un groupe particulier dans l’intention d’éradiquer ce groupe ou même une partie distincte de celui-ci. La Convention sur le génocide stipule qu’un soldat ou un civil qui tue une personne, même une seule, tout en étant conscient qu’il fait partie d’un système visant à une extermination, se rend coupable du crime de génocide. Ce crime  s’applique également à ceux qui conspirent pour commettre un génocide, qui incitent au génocide et qui tentent de participer à un génocide.

L’Afrique du Sud fonde son accusation sur deux éléments. Le premier est le comportement d’Israël. Elle cite de nombreuses statistiques sur les attaques aveugles et disproportionnées contre les infrastructures civiles, ainsi que sur la famine, sur le nombre considérable de victimes et la catastrophe humanitaire dans la bande de Gaza – des statistiques terribles auxquelles le public israélien est à peine informé, parce que les grands médias ne nous les montrent pas. Le deuxième élément, plus difficile à prouver, est l’intention. L’Afrique du Sud tente de prouver l’intention à travers des citations de hauts responsables israéliens. Le plaidoyer accuse également Israël de n’avoir rien fait en réaction à ces déclarations: il ne les a pas condamnées, il n’a pas démis de leurs fonctions les personnes qui les ont exprimées, il n’a pas engagé de procédures disciplinaires contre elles.

La charge de la preuve qui pèse sur l’Afrique du Sud est nettement moins lourde pour obtenir des "mesures conservatoires" que pour prouver en fin de compte qu’Israël commet un génocide. Cette affaire se poursuivra des années. Mais la procédure ayant trait aux "mesures conservatoires" est plus rapide et a de bonnes chances d’être rendue – non pas dans le domaine de l’activité militaire, mais dans celui de l’incitation à des actions génocidaires. La bataille juridique portera principalement sur la question de l’intention. Si vous déplacez des gens vers une zone où il n’y a ni eau ni nourriture, vous les forcez à se rendre dans un endroit où les conditions sont telles qu’elles sont calculées pour causer leur mort; cela, même si ce n’est pas un meurtre direct, est toujours considéré comme un génocide.


J'avais en fait tourné autour du truc (lien) sans aller au bout, à propos d'un CheckNews de Libé, en ironisant que "c'était pas la peine d'en faire un plat, de toutes ces histoires de génocides, qu'aussi bien, c'est juste un tout petit crime contre l'humanité de rien du tout". Je me dois d'abord de préciser que j'avais écrit ceci à partir des seules lignes accessibles aux non-abonnés, et que je le retirerais immédiatement si, en cours d'article, il se disait autre chose que faire part des réactions de chacun face au verdict de la CIJ pour les relativiser. Mais avouons que la formulation était infernale. Je la re-cite, que ce soit bien clair :
Si la Cour internationale de Justice s’est contentée d’ordonner à Israël de prévenir tout acte de "génocide", les camps israélien et pro-palestinien ont chacun interprété le contenu de la décision en servant leur narratif
Comment peut-on oser employer le terme "se contenter de" devant un tel sujet ! On parle de plausible génocide ici !
Ou le CheckNews interprète lui-même les choses avec un narratif pro-Israël tout en le dénonçant, et ça devient immonde.


Dans un billet de blog daté du 9 décembre : "Massacres de Gaza, le mirage du droit" (lien), c'est bien mieux formulé et ça répond parfaitement à ce qui semble être le fond du problème, en particulier avec cette phrase extraordinaire : "on voit prospérer l’idée que le seuil minimal à partir duquel ces actions mériteront d’être condamnées est celui du génocide" (soit très exactement ce qu'il pourrait bien se passer avec ce CheckNews).

Que l'engagement de l'auteur soit évident n'empêche pas l'intelligence de son analyse. Je livre donc son texte in extenso :
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterrez vient d’échouer dans la tentative désespérée qu’il a faite pour obtenir un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" sur la base de l’article 99 de la charte des Nations-Unies. Cet article, qu’il a actionné en dernier recours et à titre exceptionnel, est le seul de la charte qui lui permet d’enclencher sur sa seule initiative une procédure de saisine du Conseil de sécurité de "toute affaire qui, à son avis, pourrait mettre en danger le maintien de la paix et de la sécurité internationales". C’est une procédure qui équivaut selon l’expression de certains journalistes à "sonner le tocsin". En la mettant en œuvre, Gutterez a jeté tout son poids dans la balance, engagé tout son crédit. Elle a été contrecarrée hier sans autre forme de procès par le veto américain.

Cet événement nous alerte sur le déséquilibre des moyens de persuasion et de réaction auquel nous assistons depuis que la guerre d’Israël dévaste la Palestine. Il a suffi qu’Israël allègue sans la moindre preuve recevable dans la forme et dans le fond que la résistance palestinienne avait commis une action terroriste à divers égards criminelle contre ses civils pendant une seule journée pour que le monde lui accorde un permis de massacrer pendant plus de deux mois des dizaines de milliers de personnes et dévaster les lieux de vie et les infrastructures de base d’un territoire habité par deux millions et demi de personnes.

L’impasse organisée par la convention sur le génocide
Il nous interpelle simultanément sur la pertinence du débat en cours sur le génocide et plus généralement sur l’invocation du droit international comme argument pour obtenir sur le terrain concret une condamnation d’Israël et l’arrêt du carnage auquel il se livre.
Il n’est certes pas question de désarmer la vaste protestation populaire suscitée par l’agression israélienne en lui contestant la légitimité de la dénonciation qu’elle fait du génocide menaçant Gaza et qui représente un argument de mobilisation efficace en faveur de la cause palestinienne. Mais au plan de l’analyse, il est plus rentable d’opposer au déni d’Israël et de ses alliés une qualification matérielle de l’attaque multiforme subie par Gaza qui n’offre aucune prise aux polémiques juridiques sans issue et à leur formalisme, par exemple celle de massacre de masse combiné à une entreprise d’extermination. Une telle qualification, faisant résonner en écho des précédents puisés dans la longue histoire de l’abjection colonialiste, est mieux faite pour contrer l’alibi israélien de la légitime défense.
En comparaison, la cristallisation du débat sur le génocide tend à donner l'impression qu’Israël ne sera comptable des actions meurtrières qu’il mène depuis deux mois contre une population civile désarmée que si la preuve est apportée qu’elles constituent une entreprise génocidaire. Autrement dit, on voit prospérer l’idée que le seuil minimal à partir duquel ces actions mériteront d’être condamnées est celui du génocide [c'est moi qui souligne, ndlr]. Et, en conséquence que, tant qu’il ne sera pas démontré que ce seuil est atteint, la moitié du monde, États et opinions confondus, qui a toujours soutenu l’occupation et les exactions qui l’accompagnent, pourra continuer, en bonne conscience, à lui apporter son appui "moral" et militaire.
Le problème vient de ce que le génocide n’a pas d’autre existence qu'en tant que notion strictement juridique que le droit international, dans l’état d’élaboration où il se trouve actuellement, rend d’une application impossible. Il est privé de tout usage en dehors de ce cadre, par exemple sur le plan de la morale. Et, à cet égard, on serait presque tenté de considérer que la convention internationale sur la prévention et la répression du génocide, dans les termes qui sont les siens, fait plus de mal que de bien.
Elle aboutit à transformer en impasse la dénonciation de ce crime du fait de la définition qu’elle en donne dans son article II et des modalités d’en assurer la prévention qu’elle énonce notamment dans son article VIII. D’une part en effet, les actions visées par l’article II ne sont constitutives d’un génocide que si l’élément intentionnel qui les sous-tend est prouvé et, d’autre part, la prévention et la répression du crime ne peut s’effectuer qu’à travers le recours au Conseil de sécurité. Or, si majoritaire que soit l’avis des experts qui s’accordent actuellement à qualifier de génocidaires les massacres de Gaza, il n’aura force de loi qu’une fois qu’un juge compétent l’aura validé, alors que, dans le même temps, les rapports de force existant au sein du Conseil de sécurité paralyseront à coup sûr toute démarche faite auprès des Nations-Unies en vue d’une action d’urgence. Et pendant ce temps, l'armée israélienne effectue sous une impunité plus assurée que jamais une escalade dans les exactions commises contre les civils à Gaza.

Le terrain commode de la lutte antiterroriste
L’invocation du génocide à Gaza est de ce fait, dans le court terme utile qui permettrait de mettre fin à la tragédie de Gaza, tout à fait improductive, alors même que, simultanément, la défense d’Israël et la justification de ses crimes sont menées sur le terrain efficace et commode de la légitime défense contre le terrorisme, c’est-à-dire sur un terrain qui n’est pas aplani par la rigueur du droit et se prête à toutes les allégations de la propagande.
Le terrorisme parle directement et dans une langue claire aux opinions occidentales sans qu’il faille s’embarrasser de subtilités juridiques dont il ne relève en aucune manière. C’est un concept qui n’a jamais été directement défini par le droit international. Celui-ci ne l’a cerné qu’indirectement à travers la Convention internationale pour la répression du financement du terrorisme, adoptée en 1999, qui y range "tout autre acte destiné à tuer ou blesser grièvement un civil, ou toute autre personne qui ne participe pas directement aux hostilités dans une situation de conflit armé, lorsque, par sa nature ou son contexte, cet acte vise à intimider une population ou à contraindre un gouvernement ou une organisation internationale à accomplir ou à s’abstenir d’accomplir un acte quelconque". Cette formulation dénote déjà tout le parti pris de la définition qui se prononce subrepticement sur le point litigieux qui a toujours empêché l’élaboration directe de la notion et qui était celle de savoir si un terrorisme d’État était concevable. On voit bien qu’il est ici sous-entendu qu'un "gouvernement" ne peut être que victime d’actes terroristes et ne saurait en être le commanditaire ou l’auteur à travers ses appareils de la violence.
Ce sont les États occidentaux qui se sont toujours efforcés de faire barrage à la notion de terrorisme d’État, "excluant du champ de la définition les actions menées par les forces armées étatiques, non seulement en situation de conflit armé mais également en temps de paix", alors que de leur côté les États du Tiers-Monde ont tout fait pour "exempter de toute qualification 'terroriste' les modes de lutte des mouvements de libération nationale".
En définitive, cette opposition, qui date de la guerre froide, a empêché qu’un consensus se dégage sur une définition juridique du terme. Mais la polarisation qui s’est affirmée depuis deux décennies (et notamment le 11 septembre) sur le terrorisme islamiste aboutit aujourd’hui à considérer que les États ne sont jamais que victimes du terrorisme avec pour conséquence que les actions de terreur menées par leurs forces armées en différents points de la planète (en Afghanistan, en Irak, de manière ininterrompue en Palestine mais aussi ailleurs), entraînant la mort de centaines de milliers de civils et la destruction massive de villes et de villages ont toujours pu se justifier par la légitime défense.

Le marché monopolistique du droit international
Le terrorisme présente pour les États qui en invoquent le prétexte cet avantage majeur qu’il n’a pas à être prouvé par un tiers impartial au moyen de procédures de vérité codifiées, il suffit qu’il soit allégué par les États au moyen d’une propagande de guerre répercutée par une presse aux ordres.
Cette prégnance de l’idéologie impérialiste par laquelle se légitime une action "antiterroriste" dont l’étendue et la durée sont laissées à l’appréciation de l’État "victime" est la marque de la défaite du droit. Ceux qui ont préconisé de substituer à l’approche de la tragédie actuelle fondée sur les catégories du terrorisme et de la lutte antiterroriste une approche articulée autour des catégories du droit (en recourant aux notions de crimes internationaux : génocide, crimes de guerre et contre l’humanité) ont une position théoriquement pertinente.
Mais c’est une position qui conduit à une impasse pratique dans la mesure où le droit international est le droit des États agissant dans le champ hiérarchisé de la communauté internationale.
La froide réalité des rapports de force internationaux réduit l’appel aux notions du droit humanitaire à un bavardage impuissant. La prévention et la répression des crimes internationaux, et notamment du génocide, n’ont aucune valeur d’usage qui puisse leur permettre d’avoir cours dans la réalité. Elles sont captives de l’espace juridique où elles se désincarnent en valeurs marchandes dans la mesure où le droit évolue précisément dans un marché monopolistique et inégalitaire qui méprise le vécu, c’est-à-dire l’acuité des souffrances et des injustices auxquelles il est censé remédier.
Pour qu’il reprenne pied dans la réalité, il faudrait qu’interviennent sur ce marché des acteurs qui rééquilibrent le rapport de forces. Mais les candidats naturels à cette mission ont décidé de se tourner vers des marchés plus lucratifs. Au sein même de la nation palestinienne, des forces ont fait défection. Gageons que le sacrifice de ceux qui s’obstinent à résister les rappelle à leur devoir.


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Message par chapati Sam 10 Fév 2024 - 11:21

Rappel de la situation politique actuelle et perspectives

Palestine, le spectre de l’expulsion

par Gilbert Achcar, professeur en études du développement et relations internationales à l’École des études orientales de Londres. Un peu résumé depuis Le Monde Diplomatique.

Pour l’extrême droite israélienne, dominante dans le gouvernement formé par Benyamin Netanyahou fin 2022, l’opération "déluge d’Al-Aqsa", lancée par le Hamas le 7 octobre dernier, a fourni l’occasion idéale de mettre à exécution le projet d’un Grand Israël incluant la Cisjordanie et Gaza, soit l’intégralité de la Palestine du mandat britannique (1920-1948).

La souche politico-idéologique dont est issu le Likoud, que dirige Netanyahou, est constituée par une branche d’inspiration fasciste connue sous le nom de "sionisme révisionniste", née dans l’entre-deux-guerres, qui militait pour englober la totalité des territoires sous mandat britannique de part et d’autre du Jourdain, y compris la Transjordanie. Il reprocha à Ben Gourion d’avoir cessé le combat en 1949 sans s’emparer de la Cisjordanie et de Gaza. En 1949, 80 % des palestiniens du territoire sur lequel l’État d’Israël s’était établi avaient fui les combats à la recherche d’un refuge temporaire (nakba = catastrophe en arabe), qui s’avéra finalement définitif. En 1967, les populations de la Cisjordanie et de Gaza avaient retenu la leçon et  se sont majoritairement accrochées à leurs terres. Le gouvernement israélien se trouva confronté à un dilemme : accaparer les deux territoires en octroyant la citoyenneté israélienne à leurs habitants mettrait en péril le caractère juif d’Israël ; les annexer sans naturalisation compromettrait son caractère démocratique en créant un apartheid officiel. Une solution consistait à s’emparer à long terme de la vallée du Jourdain et des zones à faible densité de peuplement palestinien en Cisjordanie (plan Allon), et restituer le contrôle des zones peuplées à la Jordanie. Opposé à ce projet, le Likoud milita sans relâche pour l’annexion des deux territoires et la colonisation intégrale à cette fin. Il remporta les élections en 1977 : moins de trente ans après la fondation de l’État d’Israël, l’extrême droite sioniste parvenait aux commandes et s’y maintiendra la plupart du temps, avec un glissement continu vers une droite encore plus extrême.

La première Intifada (1987), mit à mal l’hégémonie du Likoud et la perspective du Grand Israël. Les travaillistes revinrent au pouvoir en 1992 sous la direction d’Itzhak Rabin, décidé à mettre en œuvre le plan de 1967. La monarchie jordanienne s’étant officiellement récusée de l’administration de la Cisjordanie en 1988, elle fut remplacée par l'OLP, qui accepta d’abandonner provisoirement les conditions du retrait à terme de l’armée israélienne de l’intégralité des territoires palestiniens occupés en 1967 et le démantèlement des colonies. C’est ainsi que purent être conclus les accords d’Oslo, signés par Rabin et Arafat en 1993. Le Likoud revint au pouvoir avec Netanyahou en 1996 mais il fut battu trois ans plus tard par les travaillistes menés par Ehoud Barak. Netanyahou fut remplacé à la tête du parti par Ariel Sharon, lequel mena le Likoud à la victoire en 2001, après la seconde Intifada (2000). En 2005, il exécuta un retrait israélien unilatéral de la bande de Gaza, avec démantèlement des quelques colonies qui y avaient été établies, donnant ainsi satisfaction aux militaires éprouvés par la difficulté de contrôler ce territoire très densément peuplé. Sharon était surtout intéressé par l’annexion de la plus grande partie possible de la Cisjordanie. Netanyahou, auquel Sharon avait confié le portefeuille des finances, démissionna en protestant contre le retrait de Gaza ; il évoqua des raisons sécuritaires, tout en caressant dans le sens du poil la base du Likoud ainsi que le mouvement des colons. Se retrouvant en porte-à-faux, Sharon quitta son parti. Devenu premier ministre en 2009, Netanyahu allait s’y maintenir jusqu’en 2021, puis récupéra le poste en décembre 2022 via une alliance avec deux partis de l’extrême droite sioniste religieuse.

Le gouvernement israélien actuel est ainsi dominé par des hommes qui souhaitent de réaliser le Grand Israël. Mais un tel projet ne peut être réalisé que par un processus de longue haleine. Il fallait une forte occasion politique à l’extrême droite. A cet égard, l’analogie entre les attentats du 11 septembre et l’opération du Hamas est pertinente. Le "déluge d’Al-Aqsa" fut immédiatement exploité par l’ensemble de l’extrême droite israélienne pour pousser à l’exécution de son dessein expansionniste. L’armée israélienne n’était manifestement pas préparée à cette éventualité. Les trois semaines écoulées entre l’opération du Hamas et le début de l’invasion furent employées à bombarder intensivement des concentrations urbaines afin que les combats puissent se dérouler au moindre coût en vies de soldats israéliens. L’intention du gouvernement israélien,  partagée par le cabinet de guerre,  de faire peu de cas du sort de la population civile, fut exprimée de la manière crue par le ministre de la défense, Yoav Galant, membre du Likoud et rival de Netanyahou, qui annonça dès le 9 octobre avoir ordonné un siège complet de la bande de Gaza, qu’il justifia en décrivant l’adversaire comme des "animaux humains". Les déclarations du même type se sont multipliées depuis lors de la part de membres du gouvernement et de personnages influents de la vie politique et intellectuelle d’Israël.


Le ministère du renseignement israélien - que dirige un membre du Likoud, Mme Gila Gamliel - s’est attelé à l’élaboration d’un plan pour Gaza. Ce projet, intitulé "Options pour une politique à l’égard de la population civile de Gaza", envisage trois scénarios : a) les habitants de Gaza restent dans la bande et sont gouvernés par l’Autorité palestinienne ; b) ils restent, mais sont gouvernés par une autorité locale mise en place par Israël ; c) ils sont évacués de Gaza vers le désert égyptien du Sinaï.
Le document considère que les options a et b ne peuvent produire un "effet dissuasif" suffisant à long terme. L'option c est elle jugée réalisable à condition que les politiques soient déterminés face à la pression internationale et parviennent à s’assurer du soutien des États-Unis et d’autres gouvernements pro-israéliens. Le scénario envisagé, que privilégie le ministère, commence par le déplacement de la population civile de Gaza hors de la zone des combats, suivi de son transfert vers le Sinaï égyptien. Dans un premier temps, les réfugiés y seraient abrités sous des tentes. "L’étape suivante comprendra la création d’une zone humanitaire pour aider la population civile de Gaza et la construction de villes dans une zone dédiée à leur relocalisation dans le nord du Sinaï", tout en maintenant un périmètre de sécurité de part et d’autre de la frontière. Le 30 octobre, le Financial Times rapportait que Netanyahou avait démarché les gouvernements européens pour qu’ils exercent une pression sur l’Égypte afin qu’elle ouvre la voie au passage des réfugiés de Gaza au Sinaï. Cette perspective aurait été jugée non réaliste par Paris, Berlin et Londres. Selon le ministère du renseignement israélien, l’Égypte aurait, en vertu du droit international, l'obligation de permettre le passage de la population civile. En échange de sa coopération, elle devrait recevoir une aide financière pour alléger la crise économique dont elle pâtit. Or le président égyptien, Abdel Fattah Al-Sissi, s’est montré catégoriquement opposé à tout transfert de population sur le territoire national. Il a souligné qu'un tel transfert ferait du territoire égyptien "une base pour le lancement d’opérations contre Israël", mettant ainsi en péril les rapports entre les deux pays. De même, la Jordanie, alarmée par l’intensification des exactions menées par les colons et l’armée israélienne en Cisjordanie , a mis en garde contre tout déplacement des Palestiniens au-delà du Jourdain. Le refus du Caire a poussé Mme Gamliel, à lancer un appel à la communauté internationale afin qu’elle accueille les Palestiniens de Gaza et finance leur "réinstallation volontaire" dans le monde entier.

Washington s’est toutefois prononcé catégoriquement contre la relocalisation des Palestiniens hors de Gaza. Dans une tribune publiée le dans le Washington Post, le président américain a réaffirmé sa préférence pour une solution à deux États en appelant à unifier Gaza et la Cisjordanie dans le cadre des accords d'Oslo, sous une Autorité palestinienne "revitalisée". Cette option est privilégiée par les gouvernements occidentaux, mais aussi par Moscou et par Pékin de même que par la plupart des États arabes et par une partie de l’opposition israélienne. Pourtant, l'inanité d'une telle option est évidente. Un État palestinien créé dans un tel cadre ne saurait être plus qu’un bantoustan soumis au bon vouloir d’Israël, loin des conditions minimales sans lesquelles aucun règlement pacifique ne pourrait être accepté par les Palestiniens : retrait total d’Israël de tous les territoires occupés en 1967, démantèlement des colonies et aménagement du retour des réfugiés. Ces conditions ont été énoncées en 2006 dans le document élaboré par un collectif de prisonniers palestiniens détenus dans les geôles israéliennes, et approuvé par la quasi-totalité des organisations palestiniennes, y compris l’OLP et le Hamas.

Il est beaucoup plus à craindre que la guerre en cours ne débouche sur une nouvelle nakba, comme les palestiniens l’ont très tôt pressenti et comme l’ont ouvertement annoncé des politiciens israéliens, avec à la clé un problème de réfugiés sur le sol égyptien ou, tout au moins, de "déplacés internes" dans des camps au sud de Gaza. Il est évident, par ailleurs, que l’objectif même d’éradiquer une organisation implantée dans la population comme l’est le Hamas à Gaza ne saurait être atteint sans un massacre de très grande ampleur. Tout cela montre à quel point l’empressement des capitales occidentales à exprimer leur soutien inconditionnel à Israël était irresponsable. Il se retournera inévitablement contre leurs intérêts et leur propre sécurité. La fin de partie à Gaza sera déterminée par l’évolution des combats au sol et de la pression internationale sur Israël.

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Message par chapati Lun 12 Fév 2024 - 4:00

Liberté d'expression...

Au départ un article incompréhensible dans le Huffington Post (comme ailleurs), où les auteurs ne daignent pas nous informer clairement de quoi il s'agit. Par contre on apprend qu'il est question que "le gouvernement passe au crible les déclarations de toutes les associations féministes liées à l’attaque sanglante du Hamas en Israël et menace de supprimer les subventions à la moindre ambiguïté".
L'article ne précisant rien, on peut supposer qu'il s'agit de l'affaire racontée ici. En résumé, une manif-anniversaire d'un mouvement féministe (semble-t-il #Noustoutes) auquel se serait joint un autre mouvement appelé "Paroles de femmes", tentant de faire passer qu'on considère comme "féminicide de masse" les attaques du Hamas du 7 octobre. Ça a clashé entre les deux, les premières considérant semble-t-il que le sujet Israël-Hamas était politique et ne concernait pas le féminisme. Mais l'affaire est allée loin puisque des Paroles de femmes ont défilé avec des pancartes "#metoo sauf si vous êtes juives" !

Sauf que l'état vient mettre son nez là-dedans et considère que les initiatrices de la manif pourraient ne pas condamner comme il sied les attaques du Hamas... et il menace de couper leurs subventions. Avec perfidie, Aurore Bergé glisse même : "Si le drame qui s’est produit le 7 octobre à l’encontre des femmes s’était produit ailleurs, est-ce que les réactions auraient été plus fortes ? Malheureusement je crains que ça aurait pu être le cas".

En clair, si vous refusez de vous conformer au récit étatique pro-Israël dans cette affaire (où rappelons-le, il est quand même question de "génocide plausible" d'après la CIJ et donc le droit international), vous n'existez plus ! Chacun appréciera...


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Message par chapati Lun 12 Fév 2024 - 17:45

Robert Badinter

Ce culte a quelque chose d'agaçant. Et Badinter a dit ci, et Badinter a dit ça, et il doit entrer au Panthéon, etc. Tout comme il est agaçant de voir des freluquets prendre des airs solennels pour discourir avec lyrisme de ceux destinés à être identifiés par l'Histoire comme de "Grands Hommes". Mais le pouvoir est une valeur sûre dans les cercles de pouvoir, et même Taubira a quelque chose d'une groupie dans le portrait qu'elle fait de lui dans l'Obs. Mon père, plutôt mesuré dans le choix de ses termes, tiquait sur un côté "m'as-tu vu" qu'il disait voir en lui. Il n'existe pas de grands hommes indépendants d'une grande cause ou d'une situation exceptionnelle, et ils se distinguent peut-être surtout en n'étant pas aussi insignifiants que d'autres. A propos d'insignifiants, j'ai lu quelque part qu'à propos de la rafle du Vél' d'Hiv', il aurait prononcé une phrase de Mirabeau : "il y a pire que le bourreau, c'est son valet". Une phrase que certains suivistes de Netanyahu feraient bien de méditer...

Quoi qu'il en soit, Robert Badinter est mort et, à l'instar de Simone Veil et de sa loi pour l'avortement, son combat contre la peine de mort fait bien de lui une figure importante de l'Histoire de France. De plus, on ne peut qu'applaudir l'intelligence de ses arguments pour demander l'abolition de la peine de mort :




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Message par chapati Lun 19 Fév 2024 - 13:20

Des enfants "gênants" ou tout simplement des adultes intolérants ?

Non, les enfants ne sont pas "de pire en pire" comme l’écrivent les médias depuis presque un siècle. Le problème, ce sont les adultes, qui les supportent de moins en moins et doivent apprendre à coexister à leurs côtés.
Notre enquête démontre que partager l’espace public avec des enfants met aujourd’hui à l’épreuve la patience du collectif. Les parents ont naturellement la responsabilité de s’assurer qu’ils ne constituent pas une nuisance pour les autres : vos enfants sont votre problème, c’est évident. Tellement évident que c’est aussi complètement faux. Dans les cinémas, les trains, les avions, les restaurants, force est de constater que les enfants de chacun sont le problème de tout le monde. Acculés à la nécessité de s’assurer qu'ils ne dérangent personne, les parents en fait ne peuvent pas faire grand-chose, et leurs enfants vont donc se comporter comme des enfants. On objectera sans doute que "dans le temps", les enfants étaient moins gâtés. Le New York Times alertait d’ailleurs que les enfants d’aujourd’hui sont devenus une nuisance à cause de leur indiscipline, dans un article nostalgique de l’éducation d’antan publié… en 1956.
Quant à nos confrères du Figaro, leur éditorial remarquait avec justesse en première page : "Il semble que les enfants soient des gêneurs dans notre société". On serait tenté d’accuser les parents d’aujourd’hui, si cette chronique n’avait été publiée en février 1938. Dans Libé de 2024, on observe que le changement qui est intervenu est en fait l’exact contraire : ce sont les adultes d’aujourd’hui qui supportent de moins en moins les enfants dans l’espace public.

https://www.liberation.fr/idees-et-debats/des-enfants-genants-ou-tout-simplement-des-adultes-intolerants-20240218_QQVU36AHEZHHHOUT4OFM5BPXXY/
Ben oui, des enfants gênants : des enfants-rois que ça s'appelle. Et des parents qui n'ont plus plus la moindre autorité sur eux et qui, quand on ose leur faire remarquer que ça fait deux heures que les mômes emmerdent tout un compartiment par leurs cris incessants, foncent sur vous tels des pit-bulls menaçants pour vous faire remarquer que vous n'avez pas à vous mêler de leur éducation. Le droit au calme, c'est pas "progressiste", Libé ? Les enfants qui hurlent, c'est le progrès ? Les parents ne peuvent pas grand chose ? Crier pendant deux heures au milieu de cent personnes, c'est juste se comporter "comme des enfants" ? C'est ça, le fruit de je-ne-sais quelle "enquête" dont tu ne nous livres pas un élément ? Ça s'appelle une opinion, bonhomme : une enquête, c'est autre chose, c'est un job de journaliste ! Dans tous les pays du monde, les mères tentent de calmer les enfants qui crient et indisposent les autres, et ce depuis la nuit des temps. Tu t'en fous ? Le progrès, c'est toi ? Et sinon c'est quoi, ta "réflexion" ? Les enfants étaient corsetés en 1956 donc c'est mieux maintenant ? Libé date de 2024 quand Le Figaro en est resté à 1938 ? Encore bravo pour une telle finesse d'analyse, t'es une vraie tête pensante, Dov Alfon !

PS : si, il semblerait qu'il y ait une vague enquête ailleurs dans le journal : il faut le savoir !


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Message par chapati Jeu 22 Fév 2024 - 0:50

En laissant faire Netanyahou, on est en train de pousser l’humanité dans le vide

L’écrivaine libanaise Dominique Eddé plaide pour un réveil des consciences devant l’enfer de Gaza, à commencer par les plus décisives : celles des Israéliens.

Plusieurs dizaines de milliers de morts à Gaza, en l’espace de quatre mois, sur un territoire de 360 km2. 50 à 60 % de bâtiments détruits. Un nombre incalculable de cadavres sous les décombres. Des milliers de blessés privés d’hôpitaux, amputés sans anesthésie, parfois sur des trottoirs. Des dizaines de médecins de tous pays, tous horizons, affirmant qu’il ne s’agit pas d’une guerre mais d’un projet d’anéantissement. Des centaines de milliers de Gazaouis sur les routes. Ces chiffres ahurissants n’agissent pas.

Suite de ce beau texte dans l'Obs.


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