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Whitehead : résumé

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Message par chapati Mer 27 Juin 2018 - 12:24

Rendre compte de la totalité de "l’expérience", tel est le but de l’entreprise whiteheadienne.

Pour Whitehead, c'est l’émotion qui a la primauté dans l’interprétation de la vie . C'est par un processus de "sentir" que les entités s’approprient les données qu’elles unifient : "la forme primitive de l’expérience physique est l’émotion", et même "l’émotion aveugle" . Percevoir ("préhender" est son terme), c’est prendre et recevoir avant de comprendre. Il définit la philosophie comme étant "la correction que la conscience apporte à son propre excès initial de subjectivité", et il ajoute que "la tâche de la philosophie est de recouvrer la totalité rejetée dans l’ombre par la sélection". La conscience elle-même n’est pas "initiale" dans le procès, puisqu’elle se constitue au contraire au cours d’une expérience d’abord "aveugle" : la conscience introduit cette sélectivité qui "masque la totalité externe" dont elle provient.

Résumé tiré de : https://www.cairn.info/revue-philosophique-2006-1-page-7.htm



De l’auto-organisation à l’auto-création

A partir des années 1970, le concept d’auto-organisation a rencontré une popularité singulière en devenant le point de convergence de nombreuses théories scientifiques dans des domaines variés de recherche. Toutefois, l’idée selon laquelle les organismes possèdent une capacité autonome d’organisation a trouvé des applications bien avant la popularisation du concept. La notion kantienne de finalité interne selon laquelle "l’être organisé possède en soi une force formatrice", ou encore la théorie darwinienne de l’évolution qui suppose une capacité autonome des organismes à se reproduire et à se régénérer peuvent être considérées comme étant déjà des expressions du principe d’auto-organisation.

Mais certains auteurs décrivent de manière plus radicale l’immanence du monde et de la Nature en référence cette fois à un principe d’auto-création. Ces nouvelles théories maintiennent la thèse d’une autonomie des organismes tout en ne les définissant plus selon un caractère ordonné et évolutif. Il revient à Whitehead (1861-1947) le mérite d’avoir donné un fondement aux théories de l’auto-organisation en définissant un univers pleinement auto-créateur, qui oppose une transformation événementielle et non progressive au devenir auto-organisé et évolutif des organismes.

Withehead parle de processus . Son ambition consiste à donner une base spéculative ou un fondement métaphysique  à la physique du XX° siècle, concevant la Nature en termes de transmission d’énergie. Whitehead prend position contre l’abstraction des espaces extensifs et intemporels en considérant le caractère énergétique de l’acte processuel. "On soutient que l’être créé (ie la matière) est extensif, écrit-il, mais que son acte de devenir ne l’est pas ". La théorie de l’auto-création destitue la matière localisée à la faveur de relations entre les organismes qui se comprennent dorénavant en termes d’échanges énergétiques. Les processus deviennent affaire de vibrations et de potentialités. Avec Whitehead, les processus ont un caractère événementiel qui excède toute forme d’objectivité préexistante ou construite. Sa critique du positivisme constitue non seulement une récusation des doctrines essentialiste et substantialiste, mais détruit également la logique "sujet connaissant / objet à connaître". L’unité organique du réel (ou entité actuelle) n’est pas une origine, mais un résultat situé au milieu d’un nombre infini de préhensions.

Pour Whitehead, chaque processus possède une rationalité propre et déterminable qui advient dans un "présent local". La détermination d’un processus ne vaut qu’en fonction de la relativité de ce présent local. Le processus est donc irréductible à ce qui est visiblement instable dans sa forme. Au contraire, des entités actuelles en apparence aussi invariables dans le temps constituent des processus au même titre que l’onde marine ou la rafale de vent. Ces entités actuelles ne cessent de devenir dans la Nature en préhendant et en étant préhendées d’une multitude de manières par d’autres organismes. Dans ce contexte, les processus ne changent pas en passant d’un état stable à un autre, mais ne font que se transformer.

Le caractère imprévisible ou instable des processus témoigne de l’omniprésence de la possibilité du chaos dans le monde. La cosmologie de Whitehead ne suppose ni une rupture radicale entre l’ordre et le désordre, ni une conquête progressive et grandissante de l’organisation. Pour lui, la confusion ou le désordre est un élément possible tout aussi déterminant pour l’univers que la possibilité qu’ont les choses de s’harmoniser ou de s’ordonner entre elles. C’est en définitive le caractère toujours spécifique de l’ordre relatif à chaque processus qui donne une allure chaotique à l’univers des transformations processuelles.

Les processus produisent en chaque présent local de nouvelles règles de fonctionnement. C’est pourquoi Whitehead fait du principe de créativité le moteur du devenir de l’univers. "La créativité, écrit-il, c’est le principe ultime par lequel la pluralité, qui est l’univers pris en disjonction, devient l’occasion actuelle unique, qui est l’univers pris en conjonction ". En tant qu’une pleine autonomie est accordée à la Nature, la créativité naturelle devient auto-créativité. Les processus ne cessent de se créer pour eux-mêmes de nouvelles règles d’agencement.

Pour Whitehead, la limite de la théorie de l’évolution se définit par le fait qu’elle ne tient pas compte du potentiel créateur d’un individu ou d’un organisme particulier, indépendamment de l’espèce générale à laquelle il appartient. De plus, le processus d’autocréation des organismes n’accorde aucune priorité à une ligne de devenir particulière. Les processus sont donc discontinus, ce qui signifie qu’il n’y a pas de sérialité unique et que les processus d’auto-création produisent une multiplicité de lignes de devenir dont aucune n’est à privilégier. Le principe whiteheadien de créativité maintient une tension entre la multiplicité des lignes sérielles du devenir : "Une multiplicité a seulement une relation disjonctive au monde actuel. L’univers qui comprend les données absolument initiales pour une entité actuelle est une multiplicité ".

Résumé tiré de : https://www.cairn.info/revue-d-histoire-des-sciences-2012-1-page-81.htm#no1



Whitehead (et ses rapports avec Leibniz).

Whitehead c'est le successeur de Leibniz, mais en même temps il renouvelle tout. Son grand livre : Procès et Réalité. (1933, Aventure des Idées). Le schème catégoriel de la pensée classique c'est : sujet-attribut, substance-attribut. Whitehead est imprégné de Leibniz. Mais pour lui, ce qui est important ce n'est pas de se demander si les choses sont des substances, mais de savoir si la substance doit être pensée en fonction d'un attribut ou bien d'autre chose ? De savoir si le prédicat est réductible à un attribut, du type "le ciel est bleu". Et pour lui non, parce que le prédicat est événement. La notion fondamentale c'est celle d'événement. Tout est événement puisque le sujet est une aventure qui ne surgit qu'à l'événement.
Tout est événement.
Ce cri a retentit une première fois avec les stoïciens. Ils s'opposaient à Aristote précisément dans l'entreprise de définir la substance par l'attribut. A la notion d'attribut ils opposaient celle de manière d'être. L'attribut c'est ce que la chose est, mais la manière d'être, c'est autre chose. Et les stoïciens firent la première théorie de l'événement. Ensuite, il y eu Leibniz, et il n'y a pas pire erreur sur lui que de comprendre l'inclusion du prédicat dans le sujet, comme si le prédicat était un attribut. Leibniz ne cesse de le nier, le prédicat est pour lui rapport, le prédicat c'est la relation, c'est l'événement.

Tout est événement, dit Whitehead. Généralement on considère qu'un événement c'est une catégorie de choses spéciales, par exemple se faire écraser par un autobus, c'est un événement. Mais la grand pyramide elle, c'est pas un événement. Whitehead dit que si. Qu'elle est un événement en tant qu'elle dure. Toute chose, dit-il, est passage de la nature. Leibniz disait : toute chose est passage de Dieu. C'est pareil. Il n'y a pas de choses, il n'y a que des événements, tout est événement.


Sa philosophie peut se résumer avec trois coordonnées : les occasions actuelles, les préhensions, et les objets éternels (voir précisions ici). Mais le problème, c'est qu'il part des conjonctions, c'est à dire des occasions actuelles, et s'est déjà donné un monde d'événements.  Mais comment arrive t-on à des conjonctions ? Peut-on faire la genèse de l'événement ? Qu'il y ait des conjonctions dans le monde ça ne va pas de soi. Comment se forment-elles ? C'est quoi cette genèse ? Mais l'essentiel pour lui est que cette genèse respecte l'exigence de ne pas être telle que l'occasion actuelle dérive, découle ou résulte de ses composantes génétiques, mais rende compte de ce que la loi de l'occasion actuelle est d'être toujours une nouveauté par rapport à ses propres composantes, n'implique aucune réduction du nouveau à l'ancien. C'est cette genèse même que Whitehead va faire dans des conditions qui font de sa philosophie une des rares à avoir opéré un lien fondamental avec la science moderne. Il part de quelque chose, il se donne quelque chose. Une occasion, une conjonction, c'est un quelque chose de nouveau, du type ce soir il y a concert. C'est une nouveauté, ce n'est pas l'effet d'une cause. Alors qu'est-ce c'est ?

Il part du "many", du multiple, mais d'une multiplicité pure et aléatoire. Il lui donne un nom dans Procés et réalité, c'est la "diversité disjonctive". Il se donne une diversité disjonctive. Le mot disjonctif est important puisque on part de l'opposé de la conjonction. Il part du "many", multiplicité aléatoire définie par la diversité disjonctive, et il va nous montrer qu'à partir de cet état de diversité disjonctive se produit quelque chose de nouveau : du nouveau se dessine dans cette diversité disjonctive des séries infinies, qui ne tendent pas vers une limite. Ce premier moment, c'est que la diversité disjonctive est soumise à un processus de divisibilité infinie qui organise des séries infinies, sans limite. Qu'est-ce que c'est que ces séries sans limite ? Ça repose sur une analyse de la vibration : au fond de l'événement il y a des vibrations.

Le premier stade c'est le "many", des vibrations n'importe comment, aléatoires. Tout est vibration. Pourquoi la vibration met-elle déjà ce début d'ordre ? Parce que toute vibration a des sous-multiples, s'étend sur ses sous-multiples. la propriété de la vibration c'est de s'étendre sur ses sous-multiples. Ça a un nom, ce sont des harmoniques. Une couleur, un son est une vibration, toute couleur a des harmoniques. Mon hypothèse [celle de Deleuze, ndlr] est que c'est la vibration qui surgit dans le "many", et dès ce moment la diversité disjonctive commence à s'organiser en séries infinies sans limite. Il faut supposer chaque vibration ayant des sous-multiples, des harmoniques à l'infini, dans le pur cosmos. Le cosmos c'était le many, c'est à dire le chaos.

Ensuite, toute vibration infiniment divisible a certains caractères intrinsèques, qui soit concernent la nature de la vibration envisagée, soit même - caractères extrinsèques - ses rapports avec d'autres vibrations. La vibration entre dans des séries infinies sans limite, mais, dit Whitehead, les expressions quantitatives capables de mesurer ces caractères entrent dans des séries qui, elles, convergent vers des limites. Les séries vibratoires ne sont pas convergentes et n'ont pas de limite, premier stade de la genèse. Et deuxième stade : les séries de caractères intrinsèques et extrinsèques, elles, convergent vers des limites, et cette fois, on a une idée de séries convergentes. Les timbres vont former une série convergente; les intensités vont former une série convergente, les hauteurs vont former une série convergente, etc. C'est beau. Et puis c'est tellement plein de science, c'est une manière moderne et pourtant c'est tout simple.

Donc premier stade le "many" ou la diversité disjonctive ; deuxième stade l'organisation de séries infinies sans limite avec les vibrations et les sous-multiples de vibrations ; troisième stade, formation de séries convergentes. Tout est prêt. L'occasion actuelle c'est la conjonction. La conjonction vient après la convergence. La conjonction c'est une réunion de deux séries convergentes au moins. Voilà engendré l'occasion actuelle, qui est une conjonction, et est radicalement nouvelle par rapport aux séries génétiques qui l'engendrent.

Le many c'est un espèce de soupe, c'est le fleuve qui charrie les membres disjoints, épars, un bras un nez, c'est le chaos (mais il faut supposer que ce n'est pas un nez, c'est un électron de nez). Dans cette soupe se dessinent des séries sans limite et sans convergence. Et puis chacune de ces séries sans limite ni convergence a un caractère, et les caractères de séries entrent dans des séries convergentes, alors des conjonctions qui se produisent, comme des grumeaux dans votre soupe. Une occasion et vous vous apercevez que votre grumeau est composé de préhensions. Mais l'occasion actuelle n'est pas présenté comme un résultat passif. Il y a chaque fois activité et rétro-activité. Les séries convergentes réagissent sur les séries infinies sans convergence, les conjonctions réagissent sur les séries convergentes. A chaque niveau il ya émergence d'un nouveau type d'activité. La série est une activité, la convergence des séries est une autre activité, la conjonction est une autre activité, etc.

On ne sait pas bien ce qui s'est passé dans la diversité disjonctive, mais on se donne des vibrations. Il y a formation de vibrations. D'où viennent-elles ? Il semble scientifiquement possible de concevoir une vibration qui s'étend sur une infinité d'harmoniques, c'est à dire sur une infinité de sous-multiples. La métaphysique qui correspond à cette science, ce n'est pas une réflexion sur cette science, elle doit dire métaphysiquement. J'insiste sur le point suivant parce que c'est un genre de philosophie qui est en connexion avec la science moderne. Je reprends l'exemple de Bergson. L'idée de Bergson elle est que la science moderne nous apporte une nouvelle conception du temps, scientifique. Elle définit le temps par rapport à l'instant quelconque, quand la science antique définissait le temps en fonction de moments privilégiés. L'idée de Bergson est très simple, très belle : il dit que l'ancienne métaphysique était le corrélat de la science antique. Elle était adaptée à la science antique et inversement la science antique était adaptée à sa métaphysique. Aristote fait la physique du mouvement et la métaphysique qui correspond à cette physique du mouvement, et la physique du mouvement correspond à la métaphysique d'Aristote. Aujourd'hui il faut faire la métaphysique qui est le corrélat de la science moderne, exactement comme la science moderne est le corrélat d'une métaphysique potentielle qu'on a pas encore su faire. Quelles est la métaphysique qui corresponde ? C'est une métaphysique de la durée et non plus de l'éternité. Qu'est-ce que c'est que la métaphysique pour Whitehead qui correspond à la science moderne ? Ce serait une métaphysique de la créativité. Une métaphysique du nouveau.

Résumé tiré de : http://www.le-terrier.net/deleuze/14leibniz10-03-87.htm


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Message par chapati Jeu 20 Sep 2018 - 20:02

Whitehead et la Subjectivité (résumé à partir d'un texte de Xavier Verley)

La philosophie critique et la phénoménologie ne peuvent concevoir l’expérience sans un sujet conscient de soi et des choses. Whitehead rompt avec cette tradition d’un sujet comme centre : si connaître implique la relation d’un connaissant à un connu, et si cette relation devient objet à définir, cela implique qu’elle est objet pour un sujet qui n’est déjà plus en prise sur l’expérience. Il faut chercher le sujet sans supposer un champ transcendantal et un acte, foyer de rassemblement d’une diversité empirique. La voie pour y parvenir consiste à renverser l’image du cercle, avec son centre (sujet) et sa circonférence (intuitions sensibles), et à lui substituer l’image linéaire du passage et du flux qui traverse les moments et les strates de l’expérience. Décentrée, l’expérience met alors en rapport des sujets et des choses à l’intérieur d’un univers qui, loin d’être un contenant statique, permet de découvrir des relations internes de chevauchement et d’inclusion entre les sujets, les objets et leurs voisinages. Ainsi le cerveau, le corps, mais aussi les choses se chevauchent dans l’expérience immédiate du sujet.
À l’idée égologique de l’expérience fondée sur le concept de sujet comme point fait place celle fondée sur la relation différentielle entre événements à l’intérieur d’ensembles ouverts. L’expérience qui fonde la connaissance n’est donc pas réduite à ce que le sujet peut apercevoir à partir de sa réflexion ; elle s’étend à tout ce qu’il éprouve dans l’expérience du sentir. Il s’ensuit que ce qui est donné et évident dans l’expérience ne s’identifie plus à ce qui est clair et distinct pour un sujet qui se pense comme centre de rassemblement.
L’analyse de l’expérience ne peut être une propédeutique à la connaissance qu’à condition de ne pas la restreindre à ce qui est a priori, autrement dit à ce qui est rationnel, où la raison subjective finit par confondre le donné avec ce que le sujet reconnaît comme clair et distinct : "Ce point de vue envisage l’expérience consciente comme une connaissance bien définie de choses bien déterminées, ayant entre elles des relations bien nettes. C’est l’idée d’une expérience finie, propre et nette sous un éclairage uniforme. Rien de plus éloigné de la vérité". Pour Whitehead, le sujet ne peut être isolé de sa relation à l’objet. Chacun est condition de l’autre, le sujet comme ce qui reçoit et l’objet comme ce qui provoque ; mais ce qui provoque fait naître dans l’expérience du sujet une tonalité affective, une émotion par exemple. Le sujet qui fait l’expérience n’est donc qu’une simple occasion dans un processus naturel où l’on ne sait plus très bien si c’est le sujet qui s’approprie l’objet ou bien l’inverse.


Principe de subjectivité
Whitehead propose un principe de subjectivité remanié, qui "consiste en ce que l’univers dans son ensemble est fait d’éléments découverts par l’analyse des expériences des sujets". La notion de sujet appelle des données qui se découvrent dans l’expérience conçue comme un ensemble ouvert. Parmi ces données, des "objets éternels" entrent en relation avec le sujet et lui permettent d’interpréter ce qui se donne dans le flux des événements.
Les principes de subjectivité et de sensation présupposent un sujet certes séparé de ce qui se donne à lui, mais néanmoins indispensable pour mettre en relation des éléments multiples (les choses ne peuvent entrer en relation sans l’intervention d’un sujet). Par suite, on n’a pu constituer le sujet comme "je pense" qu’en rompant sa relation immédiate aux choses, et, en l'élevant par ce biais au rang d’une substance première. La philosophie s’est installée dans un idéalisme conduisant au solipsisme : le sujet qui existe ici et maintenant finit par se confondre avec la conscience qu’il a de lui-même.
La relation sujet-objet se transforme alors en relation asymétrique dans laquelle l’objet dépend d’abord du sujet (révolution copernicienne). D’une telle relation on croit pouvoir abstraire le sujet sans avoir à tenir compte de ses relations aux autres éléments de l’expérience : croyant exister séparément des autres entités, il fait comme s’il n’avait de relation qu’avec lui-même, en réduisant l’expérience d’où il surgit au hic et nunc. Négligeant toute la potentialité du passé et du futur, il peut alors s’imaginer qu’il n’a besoin que de lui-même pour exister. Mais pour Whitehead, ce n’est pas ainsi que le sujet se donne dans l’expérience, la conception du sujet réduit au hic et nunc de l’ego contredit le fait de la relation interne du sujet au monde réel et aux objets éternels. Il s’agit d’une relation de préhension entre sujet et objet, alors que la relation intentionnelle admet la modification de l’objet qui se donne dans une telle expérience mais non celle de la conscience, qui reste invariante et n’est pas modifiée par l’objet.


Conscience et subjectivité
Si seule l’expérience peut légitimer l’admission du sujet, il convient de comprendre d’où émerge ce sujet. Pour Descartes il se révèle comme conscience quand il doute. Pour Kant et Husserl il se découvre dans l’activité réflexive lorsque notre représentation devient objet d’une autre représentation. Chaque fois la conscience devient sujet après un retour sur soi dans lequel elle se dédouble en une conscience sujet et une conscience objet. Pour Whitehead : "la conscience porte sur la forme subjective d’un sentir". Ce qui prime surtout dans l’expérience est le "sentir", qui loin de dépendre d’un acte de la pensée, apparaît au contraire comme un champ à partir duquel se développent des complexes d’entités dans des croyances, des jugements ou des propositions.
Puisque la connaissance n’implique plus nécessairement la conscience, on peut se demander où celle-ci intervient dans le sentir. La forme subjective intervient au moment où un "objet éternel" (un possible, une idée au sens platonicien, un universel) fait "ingression" dans notre expérience et se conforme aux éléments qui la composent. Le rôle de la conscience consiste alors à rendre possible la continuité de l’expérience en éclairant le sentir, afin que les objets éternels qui surviennent dans l’expérience s’accordent avec les phases antérieures du sujet. La conscience relie le domaine des objets éternels avec la mémoire du sujet : "La conscience rappelle des phases antérieures en les faisant sortir des recoins obscurs de l’inconscient (...) cela signifie que la conscience éclaire l’expérience qui la précède et qui, si on la considère comme un pur donné, peut exister sans elle".
La conscience n’assure pas seulement une fonction de remémoration mais également de négation, qui oppose le réel au possible : "La conscience est le sentir de la négation". Whitehead entend montrer que toute réalisation étant d’abord invention, suppose un sentir, un sujet et une forme issue du pouvoir de la conscience de mettre en relation ce qui est réel avec ce qui n’est plus et avec ce qui pourrait être. La conscience participe à un procès au sein duquel des objets éternels (ou possibles) tendent à se réaliser dans un sujet ; elle intervient non par son pouvoir de présence mais par sa fonction de conservation et d’anticipation.


Appétition et satisfaction
La subjectivité whiteheadienne ne s’identifie pas à la conscience mais au lieu de convergence d’un procès naturel dans lequel les possibles ne peuvent atteindre le réel auquel ils tendent que s’il y a un sujet. Et puisque le sujet provient de l’expérience du passage de la nature dans le sentir, il n’est pas ce qui subsiste mais ce qui oriente le sentir vers son but. Pris dans ce mouvement de réalisation de soi à partir d’une appétition, le sujet tend à la fois à persévérer dans son être et à réaliser ce qu’il appète : "Le but subjectif n’est pas d’abord intellectuel : c’est l’appât du sentir. Cet appât du sentir est le germe de l’esprit". Il convient d’introduire en outre ce que Whitehead appelle "satisfaction". Le sujet étant occasion d’expérience, il est non seulement dans le procès du sentir mais aussi dans son but : "et cette fin est le sentant. Les sentirs tendent au sentant comme à leur cause finale. Les sentirs sont ce qu’ils sont afin que leur sujet puisse être ce qu’il est".
Le sujet représente la différentielle entre ce qu'il a été et ce qu’il tend à être, entre la trajectoire historique venant de sa mémoire, la potentialité des objets éternels qui jouent comme appât, et la satisfaction qui fait de ce sujet un être vivant. La conception naturaliste de la subjectivité de Whitehead fait du sujet un but en même temps qu’une cause, l’individualise sans l’isoler de la nature.


Conclusion
Si nous ne pouvons échapper à la subjectivité, cela ne signifie pas que nous sommes définis par la conscience. Pour penser le sujet, l’idéalisme subjectif commence par l’isoler et le dénaturer pour mieux légitimer son caractère a priori : un tel sujet exsangue, conscience pure, juge prisonnier de la forme du "je pense", ne peut sentir que s’il a conscience de sentir. Or partant de l’expérience du sentir, le sujet se donne non comme instance qui pense en jugeant, il n’est plus la condition mais l’occasion d’une activité qu’il oriente dans l’exacte mesure où il est élément naturel au milieu d’autres éléments naturels. À la fois moi et soi, commencement et fin, cause et but de soi, il cherche à s’approprier la vie, le plaisir d’être soi-même.

https://www.cairn.info/revue-les-etudes-philosophiques-2002-4-page-511.htm


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Message par chapati Dim 14 Avr 2019 - 15:35

Whitehead - résumé global (à propos de Process & Reality)

Je m'essaie à un autre résumé sur Whitehead, plus global sans doute, élaboré à partir d'un texte de Bertrand Saint-Sernin, intitulé "Whitehead, Procès et réalité : Fait et formes", lisible ici. J'ai bien bossé, c'est censé pouvoir se lire de façon linéaire, les titres sont supposés permettre de clarifier le texte (je n'ai pas lu Whitehead lui-même, j'espère être ok et qu'avec ce qu'il y a au dessus, ça donne un bon aperçu).


La nature
Il y a toujours une imprévisibilité des êtres et des choses. L’espérance rationaliste veut croire que dans certaines conditions, l’esprit pénètre le procès de la nature, mais ne nous fournit rien à partir de quoi faire démarrer une recherche. La notion de "donné" implique en effet que ce qui est donné est séparé de ce qui ne l'est pas. Aussi il faudrait décider, trancher... mais on ne sait qui manie le couteau : l’esprit ou la nature ? Bref, quand bien même l'esprit trancherait, ce sont bien les forces de la nature qui façonnent le contour des choses, contour qui n'est ni accident ni choix arbitraire.

Identité et nouveauté
Et même si les choses étaient tout autres, ce n'est en fait pas tant les formes elles-mêmes qui sont énigmatiques, mais bien que certaines plutôt que d’autres trouvent une illustration concrète. Ce qui nous amène au problème de l'identité et de la nouveauté.
Sur l'identité, on ne peut se contenter d'admettre que des entités persistent, il faut mettre au jour le mécanisme qui fait passer ce qui les caractérise d’un instant à l’instant suivant. C'est le caractère qui fait la chose. La chose est un processus qu’un même caractère unifie à travers la durée. L’identité est une puissance agissante qui maintient la cohésion de processus qui sont comme les fibres dont est faite l’étoffe d’une chose. L’identité, la nature d’une chose s’engendre ainsi à chaque instant, dans la mesure où l’état de cette chose à un instant contient les conditions qui lui font garder les mêmes caractères à l’instant suivant (même quand une nouveauté opère).
Mais l'énigme de la singularité des choses est qu’elles soient à la fois contingentes et intelligibles. Expliquer la nouveauté par la seule causalité efficiente ne tient pas. C'est en terme de multiplicités qu'il faut penser la diversité des processus et l’intention que les créations révèlent. Une multiplicité n'est pas la somme de ses composantes mais un ensemble d'éléments disjoints en interaction. Son unité dérive des qualités propres à chacun desdits éléments. Il faut donc que la somme des éléments soit doublée d’une diversité qualitative propre à ceux-ci pour que leur interaction crée de la nouveauté. Alors seulement et malgré des structures différentes (par exemple monde inorganique et êtres organisés), on peut parler d'un ordre de la nature.

Interaction et "familles"
Le multiple est mouvement, relation, événement. Whitehead veut penser l’unité de la nature au travers des relations entre les choses. A l'instar des idées qui se coordonnent et s'articulent au lieu de rester à l'état chaotique, les choses sont pour lui reliées entre elles. Et c'est par germination, synthèse, concrescence, que la nature amène à ce que chaque entité se constitue, amène à l'émergence de situations, d'êtres, de choses. Mais chaque chose n'est pas pour autant connectée avec toutes les autres. Aussi quand bien même les entités sont susceptibles de rentrer dans des systèmes complexes, elles se rangent en familles ayant chacune leur propre constitution (dont on ne peut adjoindre d’autres ingrédients sans altérer la nature).

Pensée et objets éternels
Chercher la raison d’une chose, c’est ainsi découvrir comment elle est connectée aux choses avec lesquelles elle interagit. Or il y a pour Whitehead de l’éternel dans la constitution (fluente) des choses : il faut donc "quelque chose qui combine l'actualité de ce qui est temporel avec l'intemporalité de ce qui est potentiel", faute de quoi le concret ne serait selon lui jamais pénétré de sens. Il distingue donc des "objets éternels" et des choses temporelles. Les objets éternels ne sont pas transcendants et ne se rapportent jamais non plus a une existence singulière, ils sont commun à un ensemble d’entités actuelles ; il me semble qu'on pourrait parler de lois de la nature. En ce sens et au regard des entités temporelles, les objets éternels sont des potentialités. Et c’est par participation (le mot de Whitehead est "ingression") qu'ils entrent dans la composition des choses, via des processus amenant donc à la création d'entités concrètes, dites "actuelles" dans le sens où elles ne sont pas figées mais en devenir.
Et ces objets éternels : 1/ nous les captons par concepts (ils permettent aux idées de s'articuler à travers la compréhension des concepts qu'ils véhiculent) ; 2/ ils ne deviennent constitutifs d’une entité que s’ils font l’objet d’une "préhension positive" (la justice par exemple, est un objet éternel, mais reste neutre tant qu’on n'a pas faim de justice, la notion de justice fait alors comme s'incarner en nous).

Expérience sensible et individuation
Pour Whitehead, l'esprit n'existe que relié au monde, et c'est en s’essayant à décrire le monde en termes de sujet, de prédicats, de qualités, de particulier et d’universel, que la philosophie déforme le vécu de l'expérience : nous ne sommes pas des substances solitaires adonnées à une expérience plus ou moins illusoire, l'univers est bien présent en nous et ce jusque dans les rencontres les plus infimes. Et l’expérience de nos liens avec l'extérieur va de pair avec l'approfondissement de notre singularité. Un être est ainsi fait de processus qui se retrouvent peu ou prou chez d'autres êtres (quand bien même la constitution de chaque entité est unique). Mais le problème, c'est que face à une situation ou une chose à laquelle on est confronté, on a tendance à gommer le caractère (unique) de l'expérience en l'intellectualisant un processus multiple dans une famille générique (de situations, de choses). Or l’expérience est une alchimie concrète et immédiate de la puissance des choses, dont l'individualité n’est pas donnée par concepts mais par feelings (il n’y a aucun sens à supposer a priori que nos sens déforment les choses).
D’un être, dit Whitehead, on peut dire que "ses idées des choses sont ce que les choses sont pour lui"... soit ce qu'il nomme "sentir" (feeling) : les choses ont une présence qu'on sent ou pas comme faisant part de notre constitution. La perception/préhension (expérimentale) des choses désigne l’activité par laquelle on les assimile, mais par transformation et pas seulement par absorption.  

Sentir (feeling)
Lors de chaque processus de connexions (Whitehead emploie le terme de "concrescence") se forme un réseau de liens entre l'entité actuelle existante et le reste de l’univers. Un jeu de préhensions rayonne à partir d'un pôle de puissance propre à chaque entité. Ce jeu (mouvant) d’affinités et d’incompatibilités fait que, par synthèse et croissance, des entités nouvelles se forment. C’est dans cette perspective que la notion de sentir (ou de feeling) est introduite. Le sensible fait partie du processus expérimental qui amène à la connexion/concrescence des choses. Il n'est pas une projection d'états mentaux sur des choses, mais un caractère de l’univers lui-même : c'est le sensible qui appréhende, qui "perçoit" les choses (Whitehead emploie le mot "préhension"). Percevoir, c’est à la fois subir et exercer un pouvoir. Et les choses, on les perçoit sous forme d'attirances et de répulsions. Chaque entité "sent" le réseau de liens qui le rattache à l’univers comme une présence singulière. Et c'est en fonction de cette présence qu'on sent (et juge) de la réalité ou non des choses... et qu'on façonne ainsi l'émergence de certaines en nous. Et quand bien même on ne serait pas capable d’embrasser tous les caractères des choses, de n'en sélectionner que certains, ceux qui ne sont pas retenus colorent la partie consciente de la perception.

Devenir et cause interne
Certes notre action comprend l’évaluation de ce que nous faisons, et nous pouvons modifier nos fins de l’intérieur, mais si loin que nous poussions cette exploration, nous n'avons pas de pouvoir qui agirait sur un donné inerte. Il ne s'agit pas de contester l'existence de causalités efficientes, mais de trouver un point d'équilibre entre causalité efficiente et cause interne, un point d’équilibre qui n’est pas fixé une fois pour toutes. Penser le devenir, c’est penser une unité qui se forme, se stabilise ou se défait, sans croire que la permanence et l’unité de ce qui devient aillent de soi. Dans la nature, il n’y a pas seulement à l’œuvre des causalités efficientes, mécaniques, mais bien aussi des causalités internes propres à chaque famille d'entités, car quand bien même la singularité et l’être des réalités existantes sont donnés du dehors, chaque chose ou être exprime à sa façon qu’il y a plus de cohésion entre ses parties qu’entre ces mêmes parties et le reste du monde.
Whitehead décrit le monde comme un procès d’engendrement d’entités mettant au jour l'individuation propre à chacune. Il veut saisir le réseau des interactions entre les choses, la façon dont chacune, tout en se construisant sous l’effet de causes efficientes, trouve unité et sens dans une sorte de projet interne qui serait comme son accomplissement. Chaque chose vivante a une unité forte qui lui permet de distinguer entre soi et non-soi, mais sans jamais la soustraire au reste du monde. Au contraire, elle est un lieu de pouvoir sensible au pouvoir qu’exercent sur elle les autres entités. L’individuation d’une entité (être ou chose) se fait par le pouvoir que d’autres entités exercent sur elle. L’existence est toujours interaction. L'essence d'une entité est son devenir, soit rien d’autre que son réseau de liens avec le reste de l’univers...

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Message par chapati Dim 8 Déc 2019 - 13:49

Précisions terminologiques


Objets éternels, occasions actuelles
Whitehead ne cesse de répéter son opposition à ce qu'il appelle la "bifurcation de la nature", bifurcation entre deux systèmes de réalité qui "sont réels en des sens différents. Une de ces réalités serait les entités telles que les électrons, étudiées par la physique spéculative. Ce serait la réalité qui s’offre à la connaissance, bien que selon cette théorie ce ne soit jamais connu. Car ce qui est connu, c’est l’autre espèce de réalité qui résulte du concours de l’esprit. Ainsi, il y aurait deux natures". Il tient à ce que ce qui est donné dans la perception est l’herbe soit un élément de la nature : "les 'entités actuelles' (appelées "occasions actuelles") sont "les choses réelles dernières dont le monde est constitué". Elles se substituent aux objets persistants dont on a tiré l’idée de substance : le rocher, qui dure très longtemps, le brin d’herbe, qui dure moins longtemps etc. Mais nul n’a la possibilité de connaître ces objets en tant que persistants. Ce que nous connaissons, ce sont des occurrences spatio-temporelles du rocher, du brin d’herbe : des entités actuelles donc, non pas le rocher mais le rocher dans tel ou tel contexte spatio-temporel. Ce que nous appelons "rocher" n’est rien d’autre qu’un "trajet historique d’occasions actuelles". La vie d’un être humain n’est elle-même qu’un de ces trajets historiques ; le pur sujet s’évanouit donc, car il découle de la même illusion que la substance : dans un tel trajet historique, une occasion actuelle est certes sujet par rapport à celles qui en héritent mais est aussi "superject" (néologisme de Whitehead) de celles dont elle hérite : "Les philosophies de la substance présupposent un sujet qui, dans un deuxième temps, rencontre un donné puis réagit à ce donné. La philosophie de l’organisme présuppose un donné que rencontrent des sentirs, et qui atteint progressivement l’unité d’un sujet".

Mais les entités actuelles ont beau être "les choses réelles dernières dont le monde est composé", elles ne suffisent pas à rendre compte des choses, on a besoin des "objets éternels". Ceux-ci correspondent à peu près à ce que l’on appelle d’habitude les "universaux" sauf que ces derniers sont conçus soit comme premiers (position "réaliste" qui fait d’eux des substances), soit comme dérivés (position nominaliste pour laquelle les substances sont les particuliers). Pour Whitehead, les objets éternels ne sont ni premiers ni dérivés, ce sont des potentiels. Mais, la différence majeure entre objets éternels et entités actuelles, c’est le caractère fondamentalement relationnel des premiers. Les entités qui composent le cosmos ont beau être des "individus réels", atomiques et multiples, elles n’en sont pas moins en relation les unes avec les autres (le monde est interconnecté).


Préhensions
Les relations (sans doute les plus importantes) dites "faits concrets de relation", sont appelées "préhensions" : une préhension peut être définie comme une appréhension non cognitive (c'est pourquoi il n'emploie pas le terme de "perception" qui peut référer au cognitif). Elles sont importantes, car pour Whitehead, la préhension n’est pas une spécificité humaine : le brin d’herbe préhende le rayon de soleil et la chaleur de ce rayon, la terre dans laquelle il s’enracine et l’humidité de cette terre etc. Et toutes les relations servent à définir les entités individuelles qu’elles mettent en relation. Pour Whitehead, les relations dans lesquelles entre avec d’autres entités une entité quelle qu’elle soit sont des "relations internes" constitutives de cette entité, alors même que cette entité est différente des autres, voire parce que cette entité est différente des autres. Cela est vrai des entités actuelles comme des objets éternels.


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Message par chapati Jeu 16 Jan 2020 - 2:59

Récap

Pour un non-philosophe, c'est des fois plutôt compliqué d'en différencier certains, ce d'autant qu'on passe par Deleuze, qui semble prendre ce qui l'intéresse chez les uns sans s'attarder sur ce qui sans doute l'ennuie (en tous cas moi m'ennuie, merci encore Gillou). Du coup en résumant Bergson ou Whitehead, voire des fois Leibniz (ou même peut-être Spinoza), j'ai trop souvent l'impression d'avoir à faire à du Deleuze. Or ça semble commencer à vaguement s'éclaircir. Voilà donc où j'en suis :

Les monades de Leibniz reflètent des perspectives sur un univers soumis à la loi du "compossible", soit à l'impossibilité de points de vue incohérents entre eux au sein du monde. Whitehead utilise cette même notion de perspective et de mouvement, mais veut remplacer les points de vue des monades, peut-être trop identitaires à son goût (?), par les perspectives des événements. Son monde est plus "ouvert" que celui de Leibniz, vu que l'interconnectivité est partout au travers des préhensions. Quant à Spinoza, sous réserve que la substance soit l'activité sous-jacente de création s'individualisant en une pluralité de modes interconnectés ("sous réserve" puisque tout le monde semble s'arranger pour faire chier avec le concept de Dieu), il semble que ses "modes" ne sont pas si loin des façons d'envisager les choses des deux autres.

Chez Deleuze, l'interaction est aussi omniprésente, et le processus d'individuation est sans doute à peu près du même type que chez Whitehead, mais le devenir semble nettement plus aléatoire, il n'est pas dirigé comme par un moteur interne individuel qui prédisposerait à aller vers un ordre du monde. La nature certes crée, mais sans qu'il soit question d'objectif. Le sujet est plus passif : il n'y a pas d'essence de sujet, fut-elle inscrite dans le mouvement du devenir : il advient qu'on devient plus qu'autre chose.

Bref, il semble qu'il soit question de ce genre de choses, si jamais on en est friand...

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