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Spinoza : résumé

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Message par chapati Lun 3 Avr 2017 - 9:31

Spinoza semble parler de sagesse. Il propose un nouveau modèle à la philosophie, où le corps n'est plus dévalué au profit de l'esprit. C'est d'un même mouvement qu'il s'agit de saisir la puissance du corps et celle de l'esprit : "l’ordre et la connexion des idées sont les mêmes que l'ordre et la connexion des choses" (parallélisme). Et si la pensée et le corps n'influent pas l’un sur l’autre (une idée ne peut être affectée que par une idée, un corps par un corps), ils se disent d'un même sens : on ne sait ce que peut un corps, de même la pensée dépasse la conscience qu'on en a (soit une préfiguration de l'inconscient).  
Spinoza définit le désir comme "l'appétit avec conscience de lui-même" (en précisant que la conscience n'ajoute rien à l'appétit), mais l'appétit n'est pour lui rien d'autre que l'effort-même (appelé "conatus") par lequel chaque chose tend à persévérer dans son être. Persévérer dans l'être, telle est la nature des choses selon lui, nature qu'il faut suivre si l'on veut accomplir notre puissance d'être et d'agir.

Quand un corps rencontre un autre corps, une idée une autre idée, ou bien ils composent un tout plus puissant ou bien ce rapport affaiblit notre cohésion. Quand on compose avec ce qui convient à notre nature, on augmente ainsi notre puissance d’agir, alors que les passions tristes nous en séparent. Ainsi l'on oscille entre joie et tristesse, ce qui nous détermine.
La conscience apparaît comme le sentiment continu d'un tel mouvement, mais ne fait que recueillir ces variations sans en connaître les causes (plus tard, Nietzsche écrira que "la conscience n'apparaît que quand le tout veut se subordonner à un tout supérieur, elle est d'abord la conscience de ce tout supérieur, de la réalité extérieure au moi"). Sans cesse elle prend les effets pour des causes : l'effet d’un agent extérieur, elle en fait une finalité ou une volonté (ainsi un garçon en colère croit vouloir la vengeance). Ainsi elle se prend pour cause première de toutes choses, et invoque son pouvoir sur le corps (et quand elle ne peut s'imaginer cause première, elle invoque Dieu transcendant).

Spinoza dénonce les valeurs transcendantes liées aux illusions de la conscience. La vie est selon lui empoisonnée par les catégories de Bien et de Mal, de faute et de mérite, dévorée par la haine et la culpabilité. Il substitue l'éthique à la morale et ses valeurs transcendantes. Pour lui on tend vers une chose non parce qu'on la juge bonne mais on la juge bonne parce qu'on tend vers elle.
 Bien et Mal deviennent ce qui convient ou pas à notre nature, les valeurs sont celles correspondant à nos modes de vie. Le mal n'exprime plus que l'ignorance, il est issu d'un idéal que l'imagination plaque sur les êtres. L'éthique n'envisage plus ce que l'on devrait être pour se conformer à ce qui serait notre essence, mais ce que peut tel ou tel homme (en fonction de ses propres capacités et limites).
Connaître les causes, les lois naturelles, nous fait renoncer au diktat des lois morales. Or pour lui la philosophie n'a pas à parler de morale. Il s'agit de comprendre. Comprendre les relations de causes à effets est le vecteur de notre accomplissement. Comprendre nous évite de pâtir des choses et nous permet au contraire d'agir sur elles, d'augmenter notre puissance, d'aller vers toujours plus de liberté. La liberté est de passer de la puissance à l'acte, d'exprimer la puissance de notre entendement et non celle de l'imagination. La joie éthique est le corrélaire de l'affirmation spéculative.

Spinoza se veut moniste, pour lui il n'y a qu'une seule substance : "Dieu ou la Nature". La substance est cause du monde, mais cause immanente : elle n’est rien d’autre que son effet (on pourrait peut-être remplacer Dieu par "la Vie" : la vie cause d’elle-même, sans nécessité d'aucune autre instance). L’existence est éternelle et en mouvement. Elle est cause en soi. La substance n’est pas un "composé de", mais contient tout, elle est totalité. Elle n’est pas cause initiale, mais cause enveloppante : "La connaissance de l'effet dépend de la connaissance de la cause, et elle l'enveloppe". L’effet est prolongement des causes immanentes.
Spinoza établit un système qui s'ordonne à partir de là, un monde sans transcendance ni finalité.  
De la substance, notre entendement perçoit deux attributs, le corps et la pensée. Le corps est un mode fini (de l'étendue), l'âme est l’idée du corps (mode infini de la pensée). L’entendement peut voir intuitivement ce qui existe, et donc Dieu ou la Nature (la pensée en étant donc une facette).
Les modes eux, sont les différentes manières d’être (modes de vie). L'homme est envisagé comme un mode. Il est affecté par le monde extérieur (le soleil m'affecte). Un mode agit ainsi sur un autre sans sortir de son mode. Ce qui caractérise un mode de vie, c'est avant tout sa puissance d'être affecté.

Résumé d'un non-lecteur de Spinoza, bidouillé ça et là à partir de je-ne-sais-où et souvent Deleuze : à discuter, arranger, compléter, améliorer etc... à vos plumes et merci d'avance !


Dernière édition par chapati le Lun 19 Nov 2018 - 8:07, édité 3 fois

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Message par chapati Dim 15 Mar 2020 - 10:00

Spinoza et le problème de l'expression - Deleuze


J'ai pas lu Spinoza. Ce serait donc très con de ma part de dire des choses définitives sur lui. Et comme je suis seulement un peu con, je vais dire des choses non définitives : je préfère Leibniz (que j'ai pas lu non plus). La joie dont Spinoza est censé regorger me gonfle. Alors pourquoi Deleuze en semble fan ? Peut-être que son "système" est à la fois irréfutable et 100 % immanent, et que lui aussi ça le rend fou de bonheur ? N'empêche, Leibniz c'est quelque part magnifique. Enfin il me semble. Voyons voir...

Selon Deleuze la grande invention de Spinoza (et de Leibniz) serait l'expression, laquelle aurait valeur métaphysique. Deleuze dit que quand Spinoza parle des attributs de la substance comme étant ce que l'entendement en retient, il veut dire qu'il existe une correspondance d'identité entre l'être et l'expression des choses. L'expression serait la façon dont se manifestent les choses, elle indiquerait la détermination et la forme de l’être en tant qu'il se manifeste (les aspects de la réalité constituant les manifestations de la Nature). L'homme ne serait lui rien d'autre que ce qu'il exprime : c'est "l'âme" en lui qui s'exprimerait. Or vu que les attributs ont les mêmes qualités de perfection que la substance (dont ils font partie), en mettant donc la manifestation des choses et celle des idées sur le même plan de l'expression, on devrait pouvoir comprendre la façon dont la Nature s'exprime selon la façon dont les choses se manifestent. Bref, c'est par l'expression que l'homme serait capable d'atteindre l'infini de la Nature.

Avant Spinoza et Leibniz, il y eu un grand couillon nommé Descartes, qui aurait définit Dieu comme être parfait. Et ça coince pour eux : ils trouvent que "parfait", c'est juste un attribut, un jugement de valeur, peut-être même un truc moral (je sais pas). Bref que c'est pas une bonne définition. Eux, ils préfèrent "infini". Peut-être parce que la Nature leur semble infinie dans sa diversité, ou peut-être pour dire c'est plus intéressant de discuter de l'homme en termes de fini et d'infini que de perfection.

De plus, Descartes en serait resté au domaine des identités : en gros pour lui, l'homme serait Un... sauf qu'il se dirait de deux manières différentes, l'expression corporelle et l'expression intellectuelle. Et il laisse ça en l'état. Dualisme. Or Spinoza et Leibniz (qui sont moins couillons), ça leur va pas : forcément que que si on est Un, le corps et l'esprit marchent ensemble. Alors Spinoza va concevoir une substance unique, qu'il a le goût suspect d'appeler Dieu... ou la Nature rajoute-t-il, vu qu'il veut partir du monde - immanent donc - et non faire un sermon de plus. La Nature-Dieu-Substance aurait nombre de facettes, et l'homme aurait donc conscience du corps et de l'esprit. Spinoza appelle ça des "attributs". Les attributs seraient donc "l'expression" de la manifestation de la substance, ils exprimeraient son "essence". Les modes eux, seraient l'expression des "qualités" de cette même substance. L'essence, les qualités.

C'est pas mal fait. Mais perso la joie intellectuelle, ça le fait pas trop chez moi. Et je préfère Leibniz, qui lui n'en fait pas tant (enfin il me semble) avec la joie que procurerait la connaissance. Je trouve qu'il y a de la psychologie dans Leibniz et pas sûr qu'il y en ait tant que ça chez Spinoza. Je trouve Spinoza froid (à lire, déjà) et c'est peut-être la raison de l'espèce d’engouement qu'il y a aujourd'hui à son égard. La raison, la raison, la raison. L'idée de monade va pour moi plus loin, surtout correspond mieux (je développerai ça un jour). Elle prend en compte un constat d'isolement en chacun de nous, avec peut-être l'intuition que le couple savoir-ignorance est bien plus abstrait (et bien moins humain) que celui qui le précédait, le couple croyance-doute. Deleuze dit que Leibniz veut sauver Dieu quand Spinoza est dans l'immanence, et moi j'en suis pas très sûr.


(élaboré avec l'aide de : https://journals.openedition.org/philosophique/953)

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