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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 0:56

Dictature sanitaire (bilan provisoire des responsabilités)


1/ Le plus grave a été d'interdire le soin aux gens. D'interdire aussi aux médecins de tenter de soigner les gens. Je n'ai jamais affirmé que la chloroquine était fiable et n'en sais toujours rien ; toujours est-il que c'est à partir de là qu'on a vu se mettre en place la dictature sanitaire.

En période d'urgence pour ne pas dire de panique, et en l'absence de médicament reconnu pour soigner du Covid, on n'a pas trouvé mieux à faire que de se caler sur le temps de recherche, que chacun sait long, voire très long, voire très très long s'il s'agit d'arriver à un vaccin ! Les gens sont morts les uns derrière les autres sans avoir eu le simple droit d'agir sur leur destin, d'essayer. Les médecins, de la même façon, ont été réduits à ne pas avoir le droit de tenter de soigner. Dix mille malades seraient ainsi morts étouffés chez eux. Le pire, ça a été l'infecte prise de position de l'Ordre des médecins, qui n'a pas hésité à appeler ses conseils départementaux à la délation, en les chargeant de mener des enquêtes auprès des médecins qui auraient osé proposer autre chose que du paracétamol en guise de soin, jusqu'à menacer ceux-là de les exclure de la profession ! Peu importe 10.000 morts, pourvu qu'ils soient "scientifiques"...

Le gouvernement a donc décidé que lui et lui seul était en droit de poser un diagnostic. Pour cela, il ne s'est appuyé que sur des pontes : des hôpitaux, de la recherche... sans semble-t-il s'être jamais préoccupé de savoir de quelle façon les choses avaient été traitées en Extrême-Orient. On a même promu d'urgence un comité scientifique nommé selon des critères inconnus alors qu'existait une instance censée faire la même chose. L'urgence était donc d'attendre le verdict de ce petit comité. Je passe sur les affirmations contradictoires qui volaient dans tous les sens, la dernière évaluait à 10% voire plus le nombre d'infectés en France (les derniers chiffres sont à 4,4). Nombre de gens ont été renvoyés chez eux avec du paracétamol, priés de ne déranger les hôpitaux qu'au moment où ils n'arrivaient plus vraiment à respirer !

La dictature sanitaire érigée pour l'occasion est responsable de cette catastrophe. Humainement, la solution était pourtant simple, laisser aux gens le droit de se soigner avec le protocole qu'ils souhaitaient, tout en déchargeant bien sûr les médecins des conséquences qui auraient alors pu en en résulter. Et laisser aussi aux médecins le droit de proposer aux patients les traitements qui leur paraissaient judicieux (avec leur accord bien sûr). Bref, patients comme médecins ont été traités comme des moins-que-rien, obligés d'obéir au bon vouloir de quelques sommités scientifiques et médicales dont Philippe a révélé après coup qu'ils disaient tout et son contraire à un mois d'intervalle.



2/ Pourtant, la macabre leçon n'a pas suffit. A quelques jours du déconfinement, on entendait encore le ministre de la santé refuser de reconnaître la gravité de l'absence de tests. Or à l'exception de l'Italie (qui a payé un lourd tribut tout en faisant de nombreux tests), tous les pays du monde qui s'en sont bien sorti ont testé massivement. De plus l'OMS avait copieusement prévenu dès mi-mars : "testez, testez, testez". L'insuffisance de tests a partiellement été responsable du confinement à domicile, sans soins ou presque. Et ce pour la bonne raison que nombre de médecins eux-même n'en avaient pas ! Aujourd'hui encore où 700.000 tests par semaine sont supposés être disponibles, on en est, pour évaluer la propagation du virus, à se baser sur des "suspicions d'infections" à partir de gens se rendant à l'hôpital en lieu et place de testés positifs !

La responsabilité des autorités pourrait là encore être immense. Pour la déterminer, il faudrait vérifier si la France était apte à fabriquer massivement et en urgence des tests, et dans l'affirmative, si un ordre clair a été donné pour tout faire en ce sens. Faute de quoi le gouvernement serait coupable de négligence ayant entraîné des milliers de morts. Tout au plus peut-il arguer pour sa défense que de nombreux hôpitaux n'étaient pas en situation de répondre à cet afflux dans plusieurs régions. Sans doute, mais pas partout. Le confinement a répondu à l'impréparation, mais le reste tiendrait de l'amateurisme et de l'obstination. L'ordre aurait au pire du être donné mi-mars, étant prévisible qu'après un mois voire deux de confinement, le gros de la crise hospitalière serait résorbé ou en passe de l'être, et que la seule solution restante ne pouvait être que de se ranger enfin à la politique de tests de l'Extrême-Orient : celle dont on avait eu à un moment des mois de recul et dont on n'a jamais voulu rien tirer (tests + masques) : celle qu'on applique aujourd'hui !



3/ Pour ce qui est des masques, la responsabilité est moindre vu le passif. Et pas sûr que la France ait pu d'un claquement de doigts produire des dizaines de millions de masques par semaine. J'ignore si l'on pouvait encore en commander en janvier, en mars c'était trop tard : le monde entier en voulait. Si l'on en croit Philippe, les scientifiques eux-mêmes auraient raconté n'importe quoi sur le sujet. En tous cas, on a vu un paquet de types dans les chaînes d'infos, médecins, scientifiques et autres, venir expliquer au nom de leur précieux savoir que le masque ne protégeait que l'autre, et tout un panel d'autres idioties affirmées sur un ton définitif. Le ramdam fait autour des masques pourrait presque soulager les autorités dans la mesure où la responsabilité est largement diluée sur plusieurs gouvernements : il masque surtout le problème des tests, autrement plus grave, et dont la presse semble se ficher royalement. Une presse qui, on le verra, ne lui aura pas fait grand mal dans cette crise, c'est un euphémisme.



4/ L'Institut Pasteur s'est lui ridiculisé avec une étude inénarrable prétendant expliquer l'ensemble du territoire français à partir de données issues d'un bateau contaminé ! (depuis Paris en bouteille, on n'avait pas fait plus fort). Il a fallu se taper une démonstration basée sur des chiffres... qui sont justement les inconnues de l'équation ! Moins scientifique c'est difficile. Trois semaines après, ils sont revenus comme un fleur nous expliquer que finalement les infectés, c'était plutôt 3 millions que 4 ! (bah, trois ou quatre c'est pareil). Et ce selon des chiffres paraît-il "affinés", comme si un quelconque courbe (réanimations, décès, hospitalisations etc) avait depuis trois semaines fait des bonds dans tous les sens !



5/ L'autre scandale est bien sûr celui des journalistes. Le fameux "contre-pouvoir" tant vanté dans les pub à la gloire de la démocratie s'est avéré suivre la ligne sanitaire dictatoriale avec un zèle jamais vu ! Pas une tête n'a dépassé. Tout ce petit monde a par exemple été particulièrement actif pour dénigrer tout ce qui pouvait avoir trait à Raoult qui, quelle que soit l'efficacité de ses deux molécules, a en tous cas mis en place une politique de tests qui a montré ce qui était à faire et n'était pas fait - voire dénigré - et ce avec des résultats supérieurs à partout ailleurs (au point de se demander si, quand il a minimisé les effets du virus, Raoult n'aurait pas eu raison si l'on avait appliqué sa politique de tests à l'ensemble de la France). L'ensemble des journaux a été infect avec lui. Par exemple, je ne crois pas avoir lu une ligne critiquant la "scientificité" réelle du protocole de randomisation en double aveugle. Et si je l'ai raté, je n'ai pas vu le moindre débat là-dessus ! C'est scientifique, point... et l'urgence peut attendre, nous a-t-on expliqué. Même chose pour les essais testant soi-disant son protocole. Discovery dure par exemple depuis des mois maintenant, à se demander s'il a jamais commencé, personne n'en voulant en dehors de la France ! Et le métro. Les médias, pourtant souvent parisiens, ont semblé découvrir l'affaire un mois après, au vu des images enfin montrées ! Est-ce pour ne pas avoir à débattre du travail obligatoire en temps de confinement que cette lâcheté collective à eu lieu ? Se taire en laissant faire n'importe quoi sous prétexte "d'état de guerre" ? Insupportable ! Pèsent-ils au moins les morts que toute cette politique ne pouvait qu'impliquer à l'aune d'une responsabilité à ne pas faire de vagues en ces temps de gestes barrière... ou plus simplement est-ce qu'ils ne voient rien ? Et il faut encore rajouter tout ce qui est évoqué dans les autres points et dont les médias n'ont jamais fait part. En tous cas, la lâcheté et l'irresponsabilité du "quatrième pouvoir" a été totalement inacceptable : on a vécu des mois de dictature et personne n'a moufté : à les entendre, ils ne s'en sont pas même aperçu !


Dictature sanitaire est donc le mot. Des ordres venus d'en haut donnés à l'ensemble et des citoyens (et des médecins), et une absence totale des contre-pouvoirs. On en est maintenant à interdire aux gens d'aller voir la mer. On peut courir, nager, y faire je-sais-pas quoi, mais la regarder, à quoi ça sert ? C'est improductif, inexplicable : pourquoi regarder la mer ? C'est comme s'asseoir sur des banc en ville : ça sert à rien des bancs, on bouge pour aller d'un point à un autre, quoi d'autre ? La mer, les plages, les forêts, ce qu'on appelait jadis "nature", est désormais un lieu public, un "espace-citoyen".


Enfin sur le plan philosophique, on a eu parfaite confirmation du diktat du savoir sur les esprits.

(le savoir, c'est en son nom qu'on nous a dit d'attendre, et surtout que les gens ont accepté de le faire. Sa science seule pouvait nous délivrer. On nous a par exemple dit que le double aveugle était la panacée scientifique, et personne n'a jugé bon de s'interroger pour dire en quoi. Il a suffi de prononcer les mots magiques : science, savoir, preuve, pour que tout le monde oublie toute autre voie. Celle-là ne pouvait qu'être la bonne... puisqu'elle était la meilleure. Mais qu'y a-t-il de scientifique là-dedans ? Quel rapport au doute ? Il n'y a rien de scientifique à attendre dans l'urgence : l'urgence faisait partie de l'équation, aussi comment un vrai scientifique aurait-il pu oublier une donnée aussi essentielle du problème ?)


Dernière édition par chapati le Dim 2 Jan 2022 - 1:59, édité 3 fois

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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 1:05

Institut Pasteur, enquête


L'Institut Pasteur c'est une institution. Et c'est seulement à l'instant que j'apprends que c'est une boite privée ! J'en reviens pas. Des instituts Pasteur il y en a partout dans le monde. Bref, je ne le savais pas quand il y a un mois, j'ai vu débarquer leur étude, estimant que 3,7 millions de français auraient été infectés...

Deux choses m'ont alerté. D'abord que l'étude soit basée sur un taux de létalité (0,5%) et un de contagion (3,3%) pris comme constantes de l'équation alors que c'en est justement les inconnues ! (si on connaît le taux de létalité par exemple, une simple multiplication à partir des décès suffit à donner le nombre d'infectés). Ensuite qu'il soit question de rapporter à l'ensemble de la France ce qui a eu lieu dans l'espace clos d'un bateau !

Là-dessus le coordinateur du test est invité le soir même au journal de la 2. Et là, ô miracle, une Lapix en grande forme se retrouve à lui poser LA bonne question, à savoir comment il est arrivé à ces chiffres, s'il a pris les stats chinoises ou quoi ? Le type dit que non, puis lâche tranquillement qu'il se serait en fait calé sur des données observées "à partir de cas d'une croisière" ! Je bondis : 600 infectés par exemple à 0,5 % de létalité, ça fait 3 morts ! Ce serait à partir de 3 morts que Pasteur aurait fait ses statistiques ? Effarant. Et s'il y en avait eu 6, il serait passé de 0,5% à 1% de létalité ? Plus tard dans la soirée, je tombe sur l'exemple d'un bateau où justement, le taux de létalité est de 1% : le voilà mon contre-exemple ! Le bateau s'appelle le Diamond Princess : 700 personnes infectées et 13 morts : ni 0,5 ni même 1%, finalement près de 2 % ! Pour finir, cerise sur le gâteau, j'apprendrai encore plus tard que c'est justement à partir de ce bateau que Pasteur a fait son étude...

Or à peu près au même moment débarque une autre étude, faite par l'EHESP et dont on a beaucoup parlé, car soutenant que si le confinement n'avait pas eu lieu, on aurait eu 60.000 morts de plus. Je n'ai ni les ordinateurs de ces gens ni leurs compétences, pas plus que les données à dispo, mais je m'aperçois qu'il y a un moyen de comparer les études à partir de données spécifiques à chacune des deux. J'arrive alors à des chiffres insensées et, ravi de mon effet, je mets ça au propre et l'envoie à un grand hebdomadaire pour que ça fasse du bruit. Pas pour frimer. Tout simplement que je ne supporte plus de voir les médias nous balader sans cesse, de voir qu'à chaque fois on semble occulter l'important, l'essentiel même (comme s'ils ne le voyaient jamais), et ce quel que soit le sujet. Bref, j'espère juste que le truc sera débattu (et tant pis si je me trompe et en fais les frais), que ça enclenchera quelque chose, des protestations de Pasteur, l'ouverture du débat, bref n'importe quoi plutôt que la soupe tiède de médias comme "aux ordres". J'envoie donc ceci :


L'inénarrable étude de l'Institut Pasteur

Après celle plutôt tartignole de Discovery, voilà qu'arrive à notre connaissance une autre étude tout aussi inénarrable, au point de se demander si l'on n'est pas en présence d'une machine savamment bidouillée afin d'être adaptée à l'absence de test en France. En gros et si j'ai bien compris, on tente de nous faire croire que des chercheurs ont rapporté toutes les informations qu'ils avaient sur le coronavirus sur un plan statistique, qu'ils auraient collé ces stats sur des données prises sur un bateau de croisière (le Diamond Princess, mis en quatorzaine en février avec 700 personnes infectées à bord), et auraient ainsi pu en déduire les chiffres de l'ensemble de la France !

Leurs chiffres semblent respecter le lot d'incertitudes auquel on est désormais habitué, sauf deux qui sont d'une précision absolue : un taux de létalité de 0,5% et un taux de contamination de 3,3. D'où ça sort, personne ne le sait. Et aujourd'hui, voilà que je m'aperçois qu'émerge un troisième chiffre, après lecture d'un article dont voici l'essentiel, résumé depuis Le Monde :

"Le confinement aurait permis d’éviter plus de 60.000 morts dans les hôpitaux, selon une étude publiée le 22 avril par des épidémiologistes de l’Ecole des hautes études en santé publique (EHESP). "Dans notre modèle, le nombre de décès quotidien double tous les quatre à cinq jours à partir du 19 mars, et atteint 10.000 morts le 19 avril", indique Pascal Crépey, qui a coordonné l'étude. Si le virus avait suivi son cours, 23% de la population aurait été infectée pendant cette période. Près de 670.000 patients auraient eu besoin d’être hospitalisés, et au moins 140.000 cas graves auraient dû être pris en charge, nécessitant plus de 100.000 lits de réanimation".

"Le nombre de décès quotidien double tous les quatre à cinq jours" et ils l'ont prolongé, disent-ils. A partir de là, il est facile de déduire que leur taux de croissance exponentielle quotidien est de 0,17 (et donc qu'ils ont fait leur calcul à partir d'une exponentielle de 1,17). Et qu'ils partent des morts ne change pas grand chose : des morts ils déduisent les réanimations et les hospitalisations, et le chiffre des hospitalisations est assez proche de celui des détectés positifs. L'institut Pasteur par contre utilise lui le chiffre de 0,3%, et est donc sur une exponentielle 1,3 (c'est écrit en page 13 de son rapport : "pendant une période de 45 jours, nous simulons une épidémie croissante à partir d'une seule infection, où le nombre de cas croît chaque jour avec un taux exponentiel de 0,3").
Quelle différence direz-vous ? C'est que c'est traître les exponentielles, et réfractaire à l'intuition. Ce chiffre donc, correspond à la contamination moyenne quotidienne par individu infecté. Aussi en regardant à quoi amène une croissance de 0,17 par rapport à une autre de 0,3, et ce sur 31 jours, on arrive à ceci : 128 environ pour la première ; 3340 pour la seconde ! Et si 128 se traduit par 6 fois plus d'hospitalisations et 60.000 morts de plus, 3340 amène en gros à 18 millions d'hospitalisations et 1,6 millions de morts ! Autant dire qu'il y a une des deux études qui raconte n'importe quoi ! Et pas sûr qu'il faille en rire...

C'est que ce genre de chiffres conditionne toute la validité de l'étude. Prenons 0,5%, soit le chiffre de la létalité. D'où sort-il quand si peu de gens ont été testés ? En l'absence de connaissance d'un virus, c'est bien le chiffre des décès par rapport aux infectés qui donne la probabilité de mourir et non une probabilité de mourir sortie d'on ne sait où qui ferait connaître le nombre d'infectés à partir du nombre de morts ! Ils peuvent bien tourner les choses comme ils veulent, c'est bien la probabilité de mourir, l'inconnue première ! Et voilà qu'à Pasteur ils semblent sortir ce chiffre de 0,5% de leur chapeau, comme s'ils l'avaient reçu d'une divinité. Au regard du fatras de précisions destinées à démontrer la rigueur scientifique avec laquelle ils ont procédé, on a droit en tout et pour tout à une malheureuse ligne qui évoque ledit chiffre : "Par ailleurs, écrivent-ils, l’étude estime que 0,5% des personnes infectées meurent". Fermez le ban ! Sauf qu'à ce compte, on peut remarquer que nul besoin d'étude aussi sophistiquée : 20.000 morts divisé par 0,5 = 4 millions d'infectés ! (je taquine un peu : les Ephad ne sont pas comptés, et à juste titre puisqu'ils obéissent à des lois différentes). On se demande quand même dans quel sens fonctionne leurs chiffres... et surtout leur logique !
Du coup tout le monde reprend bien sûr le chiffre de 4 millions d'infectés... alors que Pasteur lui-même admet une marge d'erreur, sortie là encore d'on ne sait où : en fait le nombre d'infectés serait de 2,3 à 6,7 millions, soit de 1 à 3 ! (et comme par hasard on revient là aux habituelles incertitudes quant aux chiffres)

Le deuxième chiffre c'est celui de la transmission du virus à partir d'un infecté, et là encore il est posé comme inamovible. C'est 3,3 et point-barre ! Pourquoi, comment... en dehors du fait que ça correspond précisément aux 70% d'infectés qui amèneraient selon certains à l'immunité collective ? Les deux chiffres sont cohérents puisque l'un dépend de l'autre, mais d'autres sont possibles. Or il se trouve qu'en matière de taux de transmission, les chiffres varient en gros de 2 à 9. Le chiffre chinois est de 2,2 et une étude de chercheurs américains l'estime entre 4 et 9. Saurait-on à Pasteur ce que le reste du monde cherche désespérément ? Et encore, il dépend des infectés asymptotiques et de ceux dont les symptômes sont pris comme sans gravité en France (en gros tout ceux qui arrivent encore à respirer). Or déjà pour les asymptomatiques, on a d'abord entendu le chiffre de 80%, et désormais il serait question de 30 à 60%. Se sont-ils seulement rendu compte à Pasteur que ce genre de donnée changeait tout ?

En réponse, un type du journal me dit que c'est "trop pointu pour notre lectorat" (sic). Pointu ? Quoi, les chiffres ? J'en déduis finalement que c'est de l'ironie, qu'il me prend pour une sorte de complotiste...


Que dire ? J'ai rien à changer ni du début ni de la fin.
Par contre, je me suis aperçu plus tard que la comparaison qui me ravissait tant en matière de chiffres avait de bonnes chances de ne pas tenir, et ce pour deux raisons. D'une part, elle est basée sur l'idée d'une contamination homogène sur l'ensemble de la France (alors que je pense maintenant qu'il faut différencier les régions très contaminées des autres), mais surtout parce que Pasteur n'a jamais dit que son taux quotidien de contamination valait pour la France ! Grosse erreur donc de ma part : il est bien dit qu'il s'agit d'une "simulation" et rien d'autre (ce qu'il en ont fait je n'en sais rien). Exit en tous cas mon million et demi de morts pour dix fois plus d'hospitalisés.

(il y a encore une erreur, petite cette fois : j'ai calculé sur 32 jours et non 31... ce qui ne change pas grand chose aux ordres de grandeur)

Bref, je pense donc qu'il faut différencier par régions, que les logiques de contamination ne sont pas les mêmes. Pour faire comprendre on peut parler de zones rouges et vertes, où les stats sont parfois hallucinantes tant elles divergent (encore que rouge et vert soit grossier, plus on affinera plus on arrivera à des estimations précises). En fait, j'ai appliqué aux chiffres de contamination quotidienne moyenne d'un infecté une logique homogène qui courrait sur l'ensemble de la France, ce qui m'a amené à parler d'une croissance exponentielle de 0,17% pour l'EHESP qui, si elle n'est pas forcément fausse en tant que moyenne, n'a aucun intérêt. Il est tout à fait possible que l'étude ait justement raisonné en tenant compte des différences entre régions (je n'en sais rien en fait), et donc avec des chiffres plus importants en "zone rouge" et bien moins en "zone verte"... voire même qu'elle ait pris le même taux de contamination quotidienne (0,3%) que Pasteur, mais pour les seules régions très touchées. Ça ne dédouane pas Pasteur pour autant : je ne vois toujours pas comment raisonner à partir d'un bateau peut être compatible avec dissocier des logiques de contagions, ça sonne au contraire comme un aveu qu'ils ont tout mis dans le même sac. Je peux certes me tromper, en attendant c'est pas la réduction de leur estimation d'infectés de 4 à 3 millions qui m'incite à le penser...



EDIT du 14 juillet :
Je m'aperçois que ce qui a modifié leur estimation d'infectés, c'est justement le chiffre de létalité, soit un des deux que j'avais largement critiqué, parce que pris comme une constante de l'équation alors que c'en est une inconnue. Or entre la pré-étude et l'étude définitive (3 semaines), ils sont passé d'une constante de 0,5 % de létalité à une autre de 0,7 % (sans explication)... et ça correspond tout à fait à la différence d'environ un million dans leur estimation. C'est donc bien en bout de leur chaîne de réflexion qu'ils font jouer le taux de létalité - donc capital - puisqu'en reportant leur correction sur les chiffres, ça impacte immédiatement l'estimation des infectés de façon proportionnelle. CQFD


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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 1:17

La presse sous dictature sanitaire


L'enjeu des autorités n'est pas ce qui se dit. On se fiche des visions qui s'opposeraient ça et là avec un savant marseillais au milieu. L'enjeu c'est pas un sujet politique, local, gaulois. L'enjeu c'est Le Récit : historique, civilisationnel. Que l'histoire continue à s'écrire selon le récit qu'on nous vend, c'est ça qu'il fallait préserver à tout prix.

L'enjeu et le seul enjeu a été que les gens continuent à croire au récit.

La presse elle, a sans doute fait au début l'erreur basique de vouloir donner son opinion sur tout. C'est comme un sport national chez les gaulois, un sport dont l'arbitre est supposé être la raison. Quand on est incapable d'avoir une vision globale des choses, de les mettre en perspective, ne reste que la raison pour s'en faire une idée. Faute de quoi on les traite alors de façon décontextualisées, au cas par cas. C'est ainsi qu'au fur et à mesure que les événements s'enchaînaient, la raison chuchotait que telle position était meilleure... ainsi par exemple la médecine dite "scientifique" a-t-elle semblé être le meilleur choix, sauf que c'était la meilleure solution DONC les autres étaient mauvaises, ont-ils conclu (c'est quand ce genre de raisonnements tient lieu de pensée que s'invitent les si passionnantes opinions).

A un moment, les gens de presse se sont-ils aperçus qu'ils avaient pris parti, ou cela leur et-il venu peu à peu ? Qu'importe, la ligne directrice devenait visiblement dès lors de ne pas subir l'affront d'avoir à se déjuger (en tant qu'élite, ça ne se fait pas... d'ailleurs personne ne fait ça). Ça aurait été le discrédit. Oh pas par rapport à eux-mêmes (c'est pas comme ça leur monde). Non, crédit et discrédit médiatique se mesurent aujourd'hui au regard des réseaux sociaux. Ça fait un moment que la presse focalise sur eux, se bat avec eux et nous emmerde avec ces querelles. La conséquence première ? Elle en a oublié son rôle de contre-pouvoir. La démocratie, elle a d'autres chats à fouetter ! Il s'agit désormais de survivre face aux réseaux, en clair de préserver son casse-croûte.

Son nouveau sacerdoce semble être devenu d'éduquer le peuple, assimilé depuis peu aux réseaux sociaux. Raoult, la presse s'en foutait en fait. Elle l'avait même vaguement préservé un moment (des fois qu'il ait raison). Mais elle a surtout jugé bon de ne jamais réfléchir sérieusement à cette histoire, ou alors elle l'a savamment camouflé ! Les réseaux étaient pro-Raoult ? Il fallait donc être contre, au nom de... (avec toujours ce vice de parler "au nom de" quelque chose) : au nom de la science, de la raison, de la responsabilité. Aussi, quand à un moment il fut entendu que la vague ne serait pas un tsunami, nonobstant les milliers de morts qui continuaient à s'accumuler, l'affaire pour elle fut comme close, ça n'était plus qu'une question de temps.


La suite est désormais rodée. Les réseaux sociaux sont assimilés à un amas de rumeurs (l'info la vraie, c'est nous). On évite soigneusement de reproduire tout argument intelligent (voire même on se l'attribue) ; certains n'hésitent pas à aller jusqu'à citer les pires dégueulis trouvés sur le net pour illustrer le niveau de l'adversaire (j'ai ainsi vu passer dans des journaux autrefois respectables des délires antisionistes ou fascisants en guise d'exemple de pro-Raoult). Au final on se sert du caniveau de la pensée pour stigmatiser quiconque ne s'alignerait pas sur la ligne directrice du journal. Des méthodes donc à l'exact niveau des réseaux sociaux. Et ces gens-là se pensent être l'élite (c'est dingue).

On a ainsi eu droit à la désinformation quotidienne de gens qui, le doigt sur la couture du pantalon, ont reproduit à la lettre les mots d'ordres du gouvernement. Chacune des questions essentielles qui s'imposaient jour après jour semblait soigneusement occultée. A chaque fois à chaque fois. C'était donc ça ce qu'on appelait jadis "contre-pouvoir" ? C'est devenu ça ce dont les démocraties s'enorgueillissent et nous rebattent les oreilles ?

Le problème est aujourd'hui clairement posé : ont-ils seulement pris conscience qu'une dictature sanitaire s'était instaurée (et dont ils étaient partie prenante, qui plus est), ou plus simplement n'ont-ils strictement rien vu ? Dit autrement, la France est-elle mûre pour passer de la démocratie au totalitarisme sans même s'en apercevoir tant les gens pensent tous pareil ?

Les spécialistes, experts et autres machins officiels reviendront, blancs comme neige et toujours aussi sûrs d'eux et arrogants. La presse elle, a rassemblé ses moutons, comme si rien n'avait jamais eu lieu. Tout ça n'aura été qu'une parenthèse au sein de l'immuable savoir dont une nouvelle élite bon marché est devenue l'auguste représentante. Aujourd'hui la page est tournée, et les gros titres portent sur les changements sociaux ou autres qui pourraient advenir : les voilà replongés avec soulagement dans leur environnement naturel. Tout est bien qui finit bien.



Un peu plus était pourtant en jeu. Le récit donc. Le récit du monde, le récit de l'Occident (rappelez-vous : il y est question de liberté, de droits de l'homme... de progrès surtout : encore et toujours et d'abord). Les vestales du pouvoir chargées de le perpétrer ont encore gagné. Comme pour mai 68, on récupèrera l'affaire pour l'insérer en douceur au sein d'un récit qui tiendra donc lieu d'environnement mental comme d'identité collective (c'est la même chose).

La presse en aura elle été la complice, trahissant son rôle de gardienne de la démocratie, mais ça, le récit ne le dira pas. Comment disent-ils déjà : le vainqueur écrit le récit ? Sauf qu'avant quand ils disaient ça, c'était en général pour s'en démarquer. Ça sera peut-être plus difficile dorénavant, mais gageons que pas trop quand même. En dessous d'un million de morts, pourquoi s'emmerder à penser ?

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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 1:21

Faute de mieux ou les études contrôle randomisées (ECR)


Contexte :
Que vaut un ECR par rapport à un traitement avéré, un traitement qui marche et avec le recul du temps ? Telle est la seule question et la réponse est simple : ce que vaut un sondage par rapport à un vote. Une stat, un élément de spéculation. Le traitement avéré est supérieur. Point. Qu'y a-t-il de scientifique dans un ECR ? Essentiellement la façon de procéder, c'est grâce à elle qu'on lui accole gracieusement le terme de "scientifique". C'est que le procédé a quelque chose de l'ordre de "l'objectif" à faire valoir : un double aveugle est supposé non seulement éliminer les triches les plus grossières (sauf au Lancet, où ça fait rigoler tout le monde), mais doit surtout éliminer les présupposés que pourraient avoir les auteurs de l'étude, auteurs qui sont confrontés à une somme de résultats individuels qu'ils sont censés évaluer sans savoir à quel traitement chaque cas correspond. Du coup les résultats sont théoriquement indubitables. Ainsi un groupe x présentera un taux d'amélioration significativement supérieur à un groupe placebo, et paf (comme on dit),"c'est scientifique" ! Le côté "scientifique" s'arrête là : "x > placebo" est sa limite. La condition nécessaire est donc objectivement supérieure au placebo. Mais est-elle suffisante ? C'est que l'âne confond vite objectivité et science, alors que la vraie science doit elle se placer sous contrôle de la subjectivité : c'est bien le sujet et lui seul qui seul pourra juger ici de la réalité du soin.

Méthode :
Que dit placebo ? Placebo dit 30 %. Pas vingt ni quarante : trente. 30 c'est scientifique. Scientifique ? Placebo semble être surtout statistique. Oui mais les statistiques c'est de la science. Oui mais juste de la science statistique. Oui mais, donc (en résumé). Des études se seront arrêtées à ce pourcentage (?), le taux de confiance arrivant paraît-il à guérir de certaines maladies suivant ce taux. Bref, une affaire hautement ésotérique de spécialistes. Oui mais donc. A moins bien sûr qu'en dessous de 30 %, les gens rechignent à avaler les pilules ? (les gens sont pas scientifiques, c'est ça le problème). Bref, on peut pas savoir. En tous cas, placebo est très à cheval sur ses 30 % et placebo fait la loi (c'est comme ça).

Mais x alors, que nous raconte-t-il ? Il nous dit que lui guérit quatre personne sur dix, peut-être même six voire huit dans ses bons jours. Il nous dit aussi qu'il ne fait pas de mal aux autres, c'est un gentil x (encore qu'il fréquente des actionnaires mais c'est une autre histoire). Pourquoi en guérit-il quatre ou six mais pas dix ? On n'en sait rien. C'est pas tant qu'on sache rien de la façon dont il fonctionne, mais plutôt qu'on ne sait pas grand chose de la façon dont un corps fonctionne. Les médecins ont bien un modèle, comme quoi la somme des organes devrait faire totalité, c'est peu ou prou la pointe ultime de leur philosophie, mais hélas ça relève de l'idéologie, comme nous l'apprendront les scientifiques du troisième millénaire (ou Molière à défaut). Des fois ils savent quand même... enfin ça peut leur arriver.

Et qu'est-ce qu'il fabrique, x ? Ben par exemple il vise un organe, un organe dysfonctionnant (en général). Et vu que ça marche quatre ou six fois sur dix, placebo s'incline. Mais pas toujours... c'est qu'à force de se faire trimballer, il a pris un mauvais pli, placebo : "quatre sur dix c'est faute de mieux" qu'il chante pour faire enrager x. Mais x s'en fout [c'est un médicament, ndlr]. En fait c'est la science que ça énerve. Et elle démarre au quart de tour. C'est que x et placebo, elle en a marre de ces deux-là, elle préfèrerait les oublier. Ils ont rempli leurs rôles et hop : place nette, c'est moi que voilà ! "C'est moi que je soigne", qu'elle dit la science (faute de mieux, est-ce que j'ai une gueule de faute de mieux ?)

Résultats :
Et "mieux" bien sûr, c'est Traitement avéré (the boss). Auréolé de ses victoires indubitables, à mi-chemin entre Bruce Springsteen, Dider Raoult et Jean-Pierre Coffe, il tranche de façon ultime : "faute de mieux", ça a une tête de sondage, de promesse à deux balles, de débats de débiles, de dialectique de labo pharmaceutiques des bas-fonds, avec mots d'oiseaux hors charte dans les réseaux select. Bref, c'est de la merde ! "Faute de mieux" rendez-vous compte, dire qu'on nous avait dit que c'était ça la science ! Mais Traitement avéré n'en a pas fini, il en rajoute une couche, voilà qu'il traite ECR de "pansement" maintenant ! Gilead sort de ses gonds (et prend 10 % en bourse). Zut je délire. Reprenons. ECR c'est "faute de mieux"... ah que ça c'est de la bonne formule.

"Et moi alors" demande l'organe ? (on l'avait presque oublié, celui-là). Traitement avéré lui balance qu'il ne vaut guère mieux qu'une cellule : in vivo c'est vraiment lui faire trop d'honneur, à peine à mi-chemin entre in vitro et sapiens sapiens qu'il végète, et que c'est pour ça qu'une personne sur deux le snobe. Traitement avéré clame maintenant que les médecins racontent des fables en parlant d'organisme, comme si une somme d'organes devait aboutir à sapiens sapiens. "Il leur manque plus que l'intelligence artificielle" assène-t-il, comme pénétré.

Interprétation :
Là-dessus, les grands manitous de la Salpêtrière débarquent, emperruqués de leurs plus belles plumes de guerre. Pas d'étranglement hurle le chef, le plus sage d'entre eux. Ils empoignent Traitement avéré et l'emmènent. A l'occasion il servira de cobaye, rien ne se perd en médecine. La voiture de police s'éloigne. Exit les pontes.

Conclusion :
Pour le covid-19 c'est compliqué. Placebo est directement propulsé à 95 % ! Et les types font des tests, encore et encore. Discovery par exemple : à 95 % de problématiques sur 140 patients par protocole, ça va se jouer sur sept personnes, pour l'effet placebo ça va être coton ! Deux c'est placebo, quatre c'est historique (achetez du Gilead les gars, c'est un bon plan).

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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 1:29

Coronavirus (tentative de récit)


Le 23 janvier, Wuhan et deux grandes villes alentour sont confinés (sur la base de 17 morts, il est bon de le rappeler). Peu après, ce sera au tour de l'ensemble de la province de Hubei (60 millions d'habitants). Le 17 février, le confinement est maximum à Wuhan, on ne peut plus sortir faire ses courses, les provisions sont déposés devant la porte des habitations.
Fin février, les premiers cas de covid sont diagnostiqués en Italie. Le 10 mars, l'Italie est entièrement confinée. Le 12, elle compte plus de 1000 mort du covid. Ce même jour, Martin Hirsch n'est pas inquiet, c'est seulement le lendemain que ce brave petit gars, accessoirement directeur des hôpitaux de Paris, sera convaincu par deux de ses collègues. Quatre jours après, la France est confinée.

Est-ce que c'est pour rire qu'on confine 60 millions de personnes pendant deux mois ? C'est en tous cas ce qu'ont semblé penser les autorités françaises. Sans doute y ont-elles vu une méthode moyenâgeuse les confortant dans l'idée que ces bridés ont encore du boulot pour en arriver à notre stade de civilisation. A l'époque pourtant, ils auraient pu apprendre de l'expérience chinoise, regarder tout ça de près. Mais non, l'occident se voit au dessus de ça. Il y en a malgré tout au moins deux en France qui ont pensé autrement : Raoult pour qui la Chine est en avance en matière d'hôpitaux, d'équipements voire au niveau scientifique ; et la chère Agnès Buzyn, dont le mari avait inauguré l'hôpital de Wuhan, et qui s'est forcément aperçu que c'était pas exactement ce qu'on peut appeler le moyen-âge en matière d'équipements.


La peste

La vanité de l'occident a donc encore fait des siennes. Et la panique y a succédé. La panique ne fut que la conséquence de l'arrogance et de l'incompétence de ceux qui auraient pu et auraient du se préparer à l'épidémie : il leur aura fallu prendre les choses en pleine figure pour qu'ils daignent s'y intéresser (les gens de pouvoir ne comprennent que la force). Le maître-mot a été "exponentiel". Ils avaient tous une exponentielle de retard et ça sentait la catastrophe. Et soudain, retour aux vieilles méthodes, celles-là mêmes considérées hier comme moyenâgeuses : confinement donc. La guerre, ça a été la panique des dirigeants face au caractère exponentiel des chiffres. On n'avait d'un coup plus le temps, la peste menaçait, et chacun voyait bien la responsabilité qui pouvait lui sauter au visage face à la catastrophe à venir. Pris de panique, les dirigeants n'ont tout simplement pas eu le temps de se poser la question du soin, et ils ont confiné quelques jours seulement après avoir joué les bravaches.

Mais ça encore, c'était au début. Le problème c'est que le temps, quand ils l'ont eu, ils ont regardé ailleurs. Sans doute avaient-ils déjà pris le pli de penser en terme de guerre et non de santé. C'était en tous cas pour eux plus tant des gens qu'il fallait soigner qu'un pays auquel il fallait éviter une catastrophe, une catastrophe qui n'aurait été que le fruit de leur désinvolture et de leur arrogance.

Deux formes de réaction correspondent donc aux deux stades de pénétration du virus. La désinvolture avant, la panique après (à l'exception de l'Allemagne qui a fait les choses intelligemment). La désinvolture, ça a été a priori au Royaume-Uni ou en Suède (comme aux USA et au Brésil)... enfin à condition de penser (comme moi) que le confinement a aidé, ce qui - c'est à noter - n'est pas le cas de tout le monde. La panique, ça a été l'Italie, qui avait certes l'excuse d'être le premier pays touché en Europe ; l'Espagne, qui avait elle celle d'une croissance brutale des hospitalisations etc ; et la France enfin, où les pontes se sont contentés d'observer tout ça de haut sans rien faire, se pensant au dessus de toute cette vulgate.


Mise en équation de l'incertitude

La panique a en outre été entretenue par des experts en modélisations qui jouaient avec les exponentielles. Un jeu qui pourrait bien en avoir arrangé certains. C'est que face aux chiffres, on peut réagir : c'est autrement plus confortable de s'attaquer à des chiffres que de faire face à l'incertitude (on se souvient encore du matraquage quotidien de Jérôme Salomon).

Au départ certes, les choses étaient donc trop grandes pour eux. Le "trop grand" avait un double visage, celui de la peste et celui de l'incertitude. Le virus convoquait une telle dose d'inconnu et de complexité que ça rentrait pas dans leurs cases. Quant à leur expérience de l'incertitude, c'était tout au plus choisir entre trois ou quatre possibilité. Mais là on ne savait rien, et des possibilités il y en avait de partout. Bref, le seul levier qu'ils ont trouvé, ça a été les chiffres, là ils pouvaient se raccrocher à quelque chose, ils pouvaient agir. Ils ont donc basculé dans un monde dématérialisé où il n'était question que de se battre avec des chiffres et non de gérer la maladie. Ils ont réduit le problème à des chiffres : sauver le pays était devenu une équation. Sauf qu'une équation pour résoudre une incertitude, ça n'a pas de sens.

On peut comprendre la difficulté qui nous submerge face au "trop grand pour nous". C'est difficile de juger. Sauf qu'assez vite est intervenu un événement qui a tout changé : on s'est aperçu que la covid, c'était pas la peste. Il ne touchait même qu'une petite catégorie de personnes (vieilles et affaiblies). Et là, les dirigeants avaient toutes les cartes en main pour reprendre les choses à l'endroit. Or tout s'est passé comme si, pris en otage par les décisions hâtives du début, ils en aient été incapables ; comme si, dès que l'idée de peste ait été derrière eux, leurs ego surdimensionnés aient aussitôt refait surface et que plus rien n'ait importé. Et plutôt que de reconnaître leurs erreurs et de réajuster la mire, ils n'ont rien fait. Et l'erreur s'est transformée en faute. Ça pourrait d'ailleurs bien être ce qui a coûté la tête de Philippe, qui commençait à parler sérieusement juste avant son départ. Au point de reconnaître les erreurs ?


La "science" et les soins

Le problème a donc été pris sous l'angle du collectif au détriment de l'individuel, en terme de chiffres et non de soins. Les chiffres, c'était du concret, du solide, là au moins ils savaient pouvoir agir, peser sur les choses. En outre, l'enfant-roi en a là encore profité pour vouloir tout gérer, tout contrôler. Sauf qu'en même temps qu'il s'attelait aux chiffres, il a semble-t-il oublié le reste, et en particulier l'incertitude concernant le problème des soins. Tout s'est en fait passé comme si on avait cherché les clefs sous le lampadaire parce que c'est là qu'il y avait de la lumière. Les autorités semblent même arrivés à se convaincre qu'elles représentaient la science et se sont mises à parler en son nom. En même temps, la science est au dessus des erreurs des hommes et ça les arrangeait bien : elle les protégeait de leurs décisions, ils pouvaient se cacher derrière en cas d'erreur. Les choses devenaient presque faciles...

Sauf que personne ne peut parler au nom de la science. La science c'est pas un point de vue, c'est une démarche. Par définition, la science ne sait pas, elle doute. Ce n'est que par expérience qu'elle sait, c'est seulement après coup qu'elle peut affirmer, une fois que le réel a entériné ses conclusions. Et là on était tout sauf dans "l'après coup". La science leur a donc permis de se dégager de leurs responsabilités tout en se posant au dessus des problèmes, dans une sphère dématérialisée où l'on peut prétendre agir sur les choses (ici donc le collectif). Et agir, outre d'être une philosophie en Occident, c'est d'abord et surtout la spécialité de nos technocrates suractifs ; agir c'est ça qu'ils connaissent, ça qu'ils sont supposés savoir faire. C'est ça, les "premiers de cordée".

Dans un article très intéressant (ici), Philippe Pignarre suggère que le problème politique actuel serait celui d'une montée de l'incertitude (avec les problèmes écologiques par exemple), et la méfiance envers les autorités qui va avec. Pour le résoudre, il pense que celles-ci miseraient sur la science pour sauver "l'idée de progrès", idée qu'elles voudraient remettre au centre du débat : à leurs yeux, c'est elle qui devrait "triompher des hésitations et nous remettre sur le droit chemin". C'est plausible, mais je ne suis pas sûr que dans notre cas de figure, les choses aient été aussi calculées que ça. J'avais de mon côté parlé de "récit" : d'un récit historique officiel (où l'idée de progrès est effectivement centrale) dans lequel on baigne, un récit qui fait inconsciemment consensus. C'est donc pas seulement que la science serait "du solide", mais surtout que le récit fait qu'on est habitués à penser que les choses avancent et ne peuvent qu'avancer, et qu'on est en outre imbibés par l'idée que c'est nos actions qui font qu'elles avancent. Bref, ne pas agir ne fait pas partie de notre façon de penser. Ils ne pouvaient donc tout simplement pas ne pas agir. Alors ils ont agi... et là où il se trouvait qu'ils pouvaient agir.

Tout ça non pour dire qu'il ne fallait rien faire, mais que se pencher sur la science des chiffres n'était qu'une part du problème, et ne miser que sur la science un pari. En fait, ils ont déplacé le réel pour se mettre en position d'être apte à le résoudre. Ils avaient trouvé un levier d'action et ont semblé arrivés à se persuader que si ce n'était pas forcément le bon, c'était en tous cas le meilleur (un raisonnement du type : la science est forcément la meilleure solution donc c'est la bonne, ce qui est intellectuellement très faible en regard de la complexité des choses). Face à l'incertitude, ils n'ont donc rien trouvé de mieux à faire que de répondre par des certitudes : ils ont occulté la dimension d'incertitude au point de le réduire à une affaire de chiffres, à une équation d'où la maladie, la souffrance, la part humaine donc, n'était plus au cœur des choses, au cœur de l'actualité. Et ça leur a suffi. Et de cette erreur toutes les autres ont découlé.


HCQ vs Remdesivir

Si l'on adhère à ce diagnostic, la question de la querelle HCQ vs Remdesivir prend une autre dimension. J'ai pour ma part toujours été dubitatif face à ceux qui en ont fait la clef de voûte de l'histoire. Sans doute que trois quidam ont à un moment chanté les vertus du Remdesivir aux autorités et qu'elles se sont laissés convaincre, mais je crois que c'est surtout parce que c'est cette autre échelle, celle donc du pays, qui les préoccupaient. Cette querelle a pu par exemple amener les dirigeants à faire face à des choix simplistes, mais c'est parce qu'on les a amené à ce genre de choix, à se positionner face à ce type de problème supposé concret, et donc qu'il fallait bien traiter. Qui peut par exemple affirmer avec certitude que la visite de Macron à Raoult à grand renfort de médias ait été beaucoup plus qu'une opération de com destinée à montrer aux français qu'il était préoccupé par le problème des soins ? Mais peu importe, la faute aura en tous cas été de ne jamais avoir été capable de se déjuger, comme certains ne sont par exemple jamais revenu sur leur décision d'interdire l'HCQ (suivez mon regard). Ne jamais reconnaître ses erreurs. Dans le même ordre d'idées, quand les vilains dictateurs chinois avançaient en faisant régulièrement remonter l'expérience des médecins et en travaillant empiriquement dessus, nos arrogants promoteurs de la démocratie se sont cru au dessus de ces balbutiements et n'ont pas daigné s'en inspirer. Eux préféraient savoir. Des certitudes, rien que des certitudes (ils ne comprennent rien d'autre, c'est au delà de leurs capacités).


Confinements et vaccins

Le confinement, qui était une méthode archaïque quand les chinois le pratiquaient (comme les masques et les tests d'ailleurs), est donc devenue leur seule arme ensuite, en dehors des vaccins bien sûr, auréolés du label scientifique et donc approuvés à grand bruit (d'autant qu'ils avaient mis le reste à la poubelle). Les vaccins éviteront-ils la contagion ou seront-ils une sorte de nouvelle ligne Maginot que les variants contourneront ? On n'en sait rien. Peut-être. Drôle de guerre.

En tous cas d'autres façons d'agir étaient possibles, d'autres façons de voir les choses, de poser les problèmes, d'autres façons qui elles, n'oubliaient pas l'humain, l'échelle humaine pour être vraiment précis. Mais ils ont fini par en faire une affaire personnelle, ils ont décrété un jour que toute autre façon de penser que la leur était "complotiste". Et même s'il et possible qu'il n'y ait pas eu d'erreur dans leur équation, celle-ci n'était que leur façon d'envisager les choses. Ils racontent aujourd'hui que voir les choses autrement, c'est contester leur calcul. C'est faux. C'est pas leur calcul qui est contesté (la réponse collective devait bien être traitée), c'est leur façon de poser le problème. L'erreur, c'est d'avoir cru pouvoir mettre l'incertitude en équation. Ils ont raisonné en terme de solutions et non de problème, sans jamais prendre en compte la dimension réelle du problème.

Mais ils tenaient leur réponse, et une réponse, c'est la seule chose qui pouvait les délivrer de cette chape de plomb du "trop grand pour eux". Sauf que celle-ci n'a aujourd'hui plus que la forme d'un vaccin, puisqu'ils ont écarté tout le reste. Et le reste, c'est en particulier le soin, l'empirisme des tâtonnements du soin, ses erreurs, ses avancées. Leur équation fut une erreur de diagnostic, le fruit de leur panique et rien d'autre. Et cette erreur est d'autant gênante qu'ils se sont crus autorisés à en imposer un autre, de diagnostic, médical cette fois. Dans leur mégalomanie, l'État et les têtes enflées réunies autour ont décidé que les soins devraient plier face à la pseudo science issue des modélisations ; que seules deux armes étaient aptes, aptes et surtout autorisées (!) à lutter contre le virus : les vaccins et le confinement. Et toute autre mise en perspective est depuis qualifiée de "complotisme".

Avec le confinement, Macron avait l'arme absolue. Fort bien. Sauf que c'était pas la parade au covid, mais l'arme contre la peste. C'est une histoire d'autisme. L'arme en question est surtout ce qui l'a délivré de sa propre panique. Ensuite, sous prétexte d'éviter que les gens ne se relâchent, on a continué à les balader, comme si les données du problème n'avaient jamais changé. Je veux bien accepter la communication anxiogène, mais pas sous ces conditions, et pas non plus jusqu'aux mensonges incessants, au trafic de chiffres etc. La covid c'est pas la peste. Ces types prennent les gens pour des imbéciles, ne leur parlent pas comme à des êtres humains. Leurs mensonges sont pourtant bien évidemment anxiogènes, à se demander s'ils s'en rendent seulement compte, ou s'ils sont tellement déconnectés des gens que ça aussi leur passe au dessus de la tête.

Mais quand un rebond a eu lieu, nouvelle vague ou variant peu importe, tout le monde s'est rendu compte que notre glorieux général avait été infoutu de préparer la suite : pas même de lits de réanimation supplémentaires, rien. Vautré dans le petit salon fermé des conseils de défense, l'enfant-roi n'a alors pas pu se dépêtrer des choses qu'en répétant ce qui avait semblé marcher. Retour au confinement ! Et puisque rien ne fera jamais revenir tout ce petit monde à une politique de soins sous peine de se déjuger, ne reste que le vaccin pour tenter d'endiguer une succession de confinements sans fin comme seule prise en charge de l'épidémie, jusqu'à ce que celle-ci daigne s'éteindre toute seule. Ils diront alors qu'ils ont gagné la guerre. Enfin ils diront "nous", communication oblige.


Épilogue

Petit à petit, les verrous sautent. Les gens se seraient réveillés. Est-ce la peur qui les avait fait se taire ? Des consignes ont-elles été données ? A la presse en particulier ? Sûrement. Il semble en tous cas que bon nombre de gens en aient eu marre de cet amateurisme, et que ça les ait fait retrouver l'usage de la parole. Sauf que là encore, ça va pas. Si la gestion de ce qu'on appelle "la première vague" m'a fait hurler, les choses me semblent quand même mieux gérées aujourd'hui... enfin, dans la mesure où elles suivent la même logique (plutôt débile) du confinement ou rien, celle choisie au départ par les autorités. Mieux gérées donc mais sans pour autant jamais prendre en compte cette horreur qui consiste à ne pas soigner, ou plutôt à ne pas laisser aux gens le droit de tenter d'agir sur leur destin, et peu importe de quelle façon (je ne leur pardonnerai jamais ça). Les gens se sont réveillés ? Pas sûr. Le chapitre de la peste étant maintenant derrière eux, c'est surtout le train-train qui a repris son cours, et aujourd'hui les types de s'écharper parce que les vaccins seraient trop lents ou... ou sur n'importe quoi d'autre en fait. Ils causent, ça ils causent. Mais ne répondent à rien. Et ce qu'ils objectent n'a pas plus de sens que ce contre quoi ils objectent. Chacun recommence surtout à donner son opinion sur tout, bref le cinéma habituel a repris ses droits. La peste est derrière nous, ils ont déjà tout oublié.

On a vu au printemps une dictature en place. Ça a duré des mois sans que personne ne moufte, voire peut-être ne s'en rende compte ! Ils disent voir aujourd'hui, sauf que la dictature, c'était il y a un an. A la prochaine peste, on saura donc jusqu'où le politique est capable d'aller, jusqu'où les médias aussi sont capable d'aller, dans leur infinie putasserie. Cet épisode aura en outre dévoilé l'opacité totale des milieux médico-scientifiques. Et là et au moment même où l'opacité tente de reprendre ses droits, quoi qu'il en soit de son fameux protocole, il est clair que les interventions de Raoult (qui éclairent sur le sujet) devraient être connues de tous, pour le bien des malades en premier lieu, et donc de vous et de moi.



Pour rappel, les statistiques du nombre de morts en Extrême-Orient au 1° février 2021 :
(https://fr.statista.com/statistiques/1101324/morts-coronavirus-monde/)

Philippines : 10.807
Japon : 5654
Chine : 4.636
Corée du Sud : 1425
Malaisie : 760
Hong-Kong : 181
Thaïlande : 77
Vietnam : 35
Singapour : 29

(la Thaïlande a le même nombre d'habitants que la France, le Vietnam est une fois et demi plus peuplé)

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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 1:32

Frankenstein


(il se pourrait qu'on ait en main la dernière pièce du puzzle concernant la covid-19, celle qui nous permette enfin de comprendre pourquoi et comment les choses ont pris cette tournure...)


L'autre jour, j'avais tenté un récit du déroulement de la gestion du coronavirus (1). Je n'ai pas grand chose à y changer, si ce n'est qu'un élément nouveau pourrait bien s'avérer en être la clef ultime, celle qui permette de reconstituer l'ensemble du puzzle. Ce nouvel élément, c'est la haute probabilité que le covid-19 soit un mutant, une création de laboratoire, une sorte de Frankenstein qui aurait échappé au contrôle des hommes en sortant du labo qui l'avait créé.

L'avantage avec cette histoire, c'est que si elle s'avère vraie, elle explique tout !

Mais revenons un peu en arrière. J'étais parti il y a un an sur un billet intitulé "dictature sanitaire" (2) où je narrais les faits insupportables qui à mes yeux avaient émaillé la gestion de l'épidémie. Mais l'un d'eux m'avait particulièrement choqué, celui qui m'avait en fait amené à parler de "dictature" : que l'ensemble de la presse ait suivi le gouvernement comme un seul homme. Or il se pourrait que si le covid-19 est un mutant créé par l'homme, on ait enfin le fin mot de l'histoire.

Récapitulons. Ça commence par un documentaire de 38 minutes (hautement recommandé) d'Envoyé Spécial (3). Il nous apprend qu'une équipe chinoise (dirigée par le docteur Shi) travaillait à Wuhan depuis des années sur les coronavirus de chauve-souris, et pose clairement la question de savoir si ce ne serait pas ses expériences qui auraient créé un mutant particulièrement adapté à l'homme. Lesdites expériences consistaient en effet à faire ce qui s'appelle un "gain de fonction", à partir d'un coronavirus de chauve-souris. Un gain de fonction consiste à doter ledit virus d'autres fonctions que celles naturelles, en l'occurence ici de le rendre le plus compatible qui soit avec l'homme. Il s'agit donc de créer des virus qui s'adaptent au plus près à l'homme, qui soient susceptibles de l'infecter le plus sûrement qui soit. Pourquoi faire ? A priori des vaccins censés combattre les ennemis les plus redoutables qui pourraient un jour advenir. On imagine évidemment la dangerosité de telles expériences, et l'on ne peut être que stupéfait quand le documentaire nous montre que les manipulations faites à Wuhan l'auraient été sans même respecter les normes les plus élémentaires de très haute sécurité !

Tout semble donc coller pour que l'hypothèse n'ait rien d'absurde, mais le point d'orgue du documentaire intervient en la personne d'un virologue australien qui, en étudiant le génome du covid-19, nous explique avoir été particulièrement choqué de découvrir qu'il semblait fait sur mesure pour l'homme, c'est-à-dire qu'il y était en fait bien mieux adapté qu'à la chauve-souris même !

Le documentaire est passé à la télé il y a quelque semaines, et à l'époque je considérais que mon enquête s'était plus ou moins terminée avec la parution de mon récit sur la gestion du covid (et puis j'en avais marre). J'étais donc moins attentif et je l'avais vu comme une question de plus parmi les innombrables alimentant la parano ambiante : encore un truc insensé, ça n'arrête jamais, m'étais-je dit sans plus trop y penser. Puis est paru récemment dans Médiapart un billet de Mucchielli reprenant la même affaire, en fait la traduction d'un article d'un certain Nicholas Wade, journaliste scientifique américain, ayant enquêté en profondeur sur le sujet. Et petit à petit les pièces du puzzle se sont mises en place...

C'est que s'il s'avérait vrai, cet élément serait susceptible d'apporter rien moins que la dernière pièce du puzzle : à savoir pourquoi dans une démocratie comme la nôtre, la totalité de la presse a pu se coucher à ce point devant un éventuel mot d'ordre de Macron. C'est qu'on n'est pas non plus dans une république bananière, et une telle unanimité (celle donc qui m'a fait parler de dictature sanitaire) n'est quand même pas tout à fait la norme en France comme aux États-Unis. La presse donc, aurait été informée. Difficile de dire avec précision de quoi, mais pas exclu qu'elle ait su très vite la totalité de l'histoire, qu'il ait fallu ça pour faire taire son appétence naturelle à livrer des scoops. Ceci pourrait encore être corroboré par le fait que, bizarrement, cette hypothèse n'a pas été considérée comme complotiste en France, en tous cas à un moment... quand tout semblait l'être à l'époque ! (je me souviens encore de ma surprise quand je m'en suis aperçu en lisant les journaux, après avoir rigolé que ce que je racontais sur le sujet ne pouvait qu'être encore une fois vu que comme "complotiste"). Se pourrait-il que la raison en soit que la presse ait justement été informée de cette possibilité et qu'elle ne pouvait que la garder sous le pied ?

L'enquête de Wade (4) apporte encore des choses en plus du documentaire. D'abord nombre de précisions scientifiques que je ne suis pas vraiment en mesure de comprendre, mais qui me semblent corroborer sa thèse. Mais son texte ajoute en tous cas que ce sont les plus hautes autorités de santé américaines, le NIAD (sous la coupe du professeur Fauci désormais bien connu) et le NIH (sous celle d'un dénommé Collins) qui auraient financé cette recherche en Chine. Il n'est pas inintéressant à ce stade de remettre les conclusions de Wade (ici résumées) pour mieux comprendre les choses :

Si l’hypothèse que le SRAS2 a été créé dans un laboratoire est si solide, pourquoi n'est-elle pas plus connue ? De nombreuses personnes ont des raisons de ne pas en parler et d'abord les autorités chinoises. Mais les virologues des États-Unis et d'Europe n'ont pas grand intérêt à déclencher un débat public sur les expériences de gain de fonction que leur communauté mène depuis des années. 
D'autres scientifiques ne se sont pas non plus manifestés pour soulever la question : les fonds de recherche gouvernementaux sont distribués sur l'avis de comités d'experts issus des universités ; quiconque fait des vagues en soulevant des questions politiques gênantes court le risque que sa subvention ne soit pas renouvelée et que sa carrière de chercheur prenne fin. 
Le gouvernement américain partage un étrange intérêt commun avec les autorités chinoises : aucun des deux ne tient à attirer l'attention sur le fait que les travaux du Dr Shi sur le coronavirus ont été financés par les instituts américains de santé publique. On peut imaginer la conversation en coulisses ; le gouvernement chinois dira : "Si cette recherche était si dangereuse, pourquoi l'avez-vous financée, et en plus sur notre territoire ?". Ce à quoi la partie américaine pourrait répondre : "On dirait que c'est vous qui l'avez laissé s'échapper. Mais avons-nous vraiment besoin d'avoir cette discussion en public ?" 
Le Dr Fauci est un fonctionnaire de longue date qui a servi sous le président Trump et a repris le leadership de l'administration Biden dans la gestion de l'épidémie de Covid. Le Congrès peut avoir peu d'appétit pour le traîner sur les charbons ardents pour l'apparente faute de jugement dans le financement de la recherche sur les gains de fonction à Wuhan. 
À ces murs de silence s'ajoute celui des médias grand public. À ma connaissance, aucun grand journal ou chaîne de télévision n'a fourni à ses lecteurs un traitement approfondi du scénario d'évasion du laboratoire. Comment expliquer le manque déterminé de curiosité des médias ? Une raison est la migration d'une grande partie des médias vers la gauche du spectre politique. Parce que le président Trump a déclaré que le virus s'était échappé d'un laboratoire de Wuhan, les rédacteurs en chef ont décidé que cela ne pouvait pas être vrai. Ils ont considéré l'évasion des laboratoires comme une théorie du complot. Mais quand la directrice du renseignement national du président Biden a dit la même chose, elle a aussi été largement ignorée. Ignorer la question était pour les rédacteurs en chef devenu une habitude si commode. Cela leur évitait d'avoir à reconnaître qu'ils avaient écarté pendant des mois une histoire qui leur avait été mise sous le nez en avril 2020

En dehors d'expliquer le silence de la presse, cette hypothèse ne change pas grand chose à mon récit, si ce n'est que ce que j'ai appelé "la peste", soit l'idée que les dirigeants ont pu se faire de la menace qui planait, aurait été remplacée par une menace bien plus précise et concrète : l'apparition d'un virus mutant, donc. Aussi dans un tel scenario, comment imaginer que lesdits dirigeants n'aient pas été très vite mis au courant de la menace ? Cellle donc d'un nouveau type de fléau n'ayant donc plus rien de naturel, et qui pouvait agir non plus comme n'importe quel autre virus, mais comme une chose monstrueuse créé sur mesure pour l'homme. Et jusqu'où un tel monstre était-il capable de faire des dégâts ? Et encore : pourrait-on même s'en débarrasser un jour ? Ce pourrait bien être ce type de questions auxquelles les dirigeants ont été confronté. Bien évidemment je n'en sais rien et ne suis pas qualifié, et déjà pour savoir si ces questions se posent ou non, c'est pour moi plus intuitif qu'autre chose. Mais comme les réponses scientifiques ne viennent plus jamais nous éclairer depuis un an, pas facile d'affirmer les choses. N'empêche que l'article de Wade cite un virologue de l'institut Pasteur, qui parle de ce genre de mutant en ces mots : "si le virus s'échappait, personne ne pourrait prévoir sa trajectoire". La question n'est donc pas absurde. Quant aux dirigeants, nul doute que les réponses des scientifiques, eux les ont eu.


PS : on peut encore noter que ça pose aussi d'autres questions, en particulier par rapport aux vaccins. On sait que l'essentiel des expériences consistait à greffer des gènes de protéine Spike sur du virus, comment ne pas imaginer alors que les chercheurs n'aient pas travaillé en même temps sur cette protéine en vue d'élaborer des vaccins ? Est-ce que ça expliquerait que les vaccins américains sont focalisés sur la Spike ? Mais alors pourquoi les chinois ont-ils au contraire sorti des vaccins traditionnels ? N'étaient tout simplement pas au point dans la recherche sur l'ARN ou y a-t-il d'autres raisons ? (etc)

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Message par chapati Dim 2 Jan 2022 - 1:55

Dictature démocratique


"Une dictature, ça n’est pas ça. C’est pas un endroit où toutes vos libertés sont maintenues, où on a maintenu tout le cycle électoral (...) où vous pouvez exercer vos droits, où on rembourse tous vos tests, où le vaccin est gratuit (...) ça s’appelle pas une dictature, je pense que les mots ont un sens" (E. Macron)


1/ Les mots ont un sens ?

Les mots ont certes un sens, mais c'est surtout la façon de les agencer entre eux qui fait sens. Parce que le risque, c'est qu'à force de les prétendre gorgés de sens, ils finissent par ne plus répondre qu'à eux-mêmes. C'est d'ailleurs un problème actuellement : on pousse des hauts cris face à qui "dérapent" avec les mots, plus généralement le leitmotiv est d'appeler à bannir toute forme de violence comme étant "has-been", et pendant ce temps on justifie les yeux crevés lors des manifs. Les mots sont bons à faire taire alors qu'on les emploie en même temps pour justifier de ce qu'on veut. Bref, les mots ont un sens, en effet, sauf que rarement plus que les actes.

Or ici Macron joue avec le mot "dictature". Il joue et ne fait rien d'autre. Il joue avec les vieilles images qu'on a tous en tête. Une dictature, ça doit être comme ça, nous dit-il en prenant l'histoire à témoin. Sauf que l'histoire se répète rarement, et en tous cas jamais à l'identique : la Shoah, par exemple, n'est pas reproductible en Europe de l'Ouest tant elle est gravée dans les consciences. De plus, les formes de totalitarisme n'ont pas de raison d'être les mêmes en occident, en Chine ou en Inde (aucune chance qu'à l'instar de l'Inde, un régime autoritaire religieux s'instaure en France). Bref, il est bien plus "raisonnable" de croire qu'un totalitarisme ne pourrait au contraire advenir que sous une forme nouvelle. Et cette nouvelle forme semble être celle d'une "dictature démocratique".


2/ Rappel : covid-19 ou la première escarmouche totalitaire.

Certains d'entre nous ont considéré que la façon de traiter la crise du covid a été totalitaire dès le début. Elle l'a en tous cas été bien plus en France qu'en Chine par exemple, où aucune autorité n'a imposé un traitement unique et où les médecins ont continué à jouer leur rôle habituel (la tradition empiriste y à joué son rôle de garde-fou). Quant à nous, de cet épisode nous ne sommes pas sortis. Le "néo-fascisme" envisagé par certains a historiquement commencé avec le coronavirus.

Pour la chronologie de cette folie, on se rapportera à mes différents billets :
-"Dictature sanitaire". Le premier, écrit lors des deux mois suivant l'apparition du covid en France, et répertoriant les choses les plus choquantes ;
-"Coronavirus (récit), écrit un an après, tentant d'expliquer comment les dirigeants ont pu en arriver là (sans verser dans le complotiste) ;
-"Frankenstein", tentant une hypothèse apte à donner un sens au suivisme général de la presse face aux mots d'ordre du gouvernement.
Je ne reviens donc pas ici sur ces points.


3/ Situation actuelle : vaccins ARN et pass sanitaire.

Aujourd'hui, ça fait un moment qu'on nous raconte que le vaccin serait l'unique porte de sortie de crise. La presse mainstream le reprend dans sa totalité comme elle a repris tous les mots d'ordre. Que dit Macron à propos du pass sanitaire : "les libertés sont maintenues". Mais quelles libertés ? Pas celle de choisir son vaccin en tous cas ! On est libres, mais pas de choisir ? Un nouveau concept est né ! Rappelons que ce qui est en jeu avec le pass sanitaire, c'est de pouvoir sortir, aller au resto, au ciné, danser etc, soit ce qu'un temps et face aux attentats Macron vantait comme "l'art de vivre à la française". Or tout ça, ce serait pour inciter à se faire vacciner, nous disent ses sbires. Et c'est là qu'on voit qu'on a encore affaire à un mensonge, parce que si Macron voulait vraiment inciter les récalcitrants à se vacciner, que n'ouvre-t-il pas la vaccination aux vaccins traditionnels ?

Franchement, c'était pas si compliqué d'y penser. Et sans doute qu'à part les antivax purs et durs, la plupart de ceux qui n'ont simplement pas envie de jouer les cobayes avec un vaccin expérimental (soit les vaccins ARN), soit en gros ceux qui contestent la politique sanitaire en cours, seraient prêts à se faire vacciner. Moi déjà, j'y serais prêt, et sans la moindre hésitation. Or au lieu de cela, Macron assimile tous les sceptiques face aux vaccins ARN à des antivax ! Encore du bidonnage. Bref, une question de plus en plus insistante se pose : qu'est-ce qu'il veut, ce type ? Au stade où l'on en est, il n'est pas impossible que seul un psy soit en mesure de répondre...

Car ce type de vaccin existe, bien entendu : déjà en Chine où l'on a vacciné des centaines de millions de gens avec (plus d'un milliard de doses injectées), mais ailleurs aussi. Mieux : un vaccin "traditionnel" est en cours d'élaboration en France, et aux dernières nouvelles, l'Europe n'en veut pas ! (quand le Royaume-Uni en a lui déjà passé commande). Le n'importe quoi s'arrêtera-t-il un jour ? La vaccin français (franco-autrichien en fait) s'appelle Valneva et est actuellement en phase III d'essais (voir lien ici).

Nota : un vaccin traditionnel consiste à injecter une micro-dose "désactivée" du virus en entier, ce qui permet théoriquement au corps de lutter contre de façon globale.
Avantages : on se soucie moins de tel ou tel variant, comme c'est le cas avec les vaccins ARN, eux focalisés sur la seule protéine Spike (sujette aux variants). Ils ne nous plongent pas dans l'inconnu d'éventuelles conséquences à long terme, mais ont aussi semble-t-il infiniment moins effets secondaires à court terme.
Inconvénients : il semble qu'ils protègeraient moins que les ARN.


4/ De la dictature sanitaire à la dictature démocratique

Récapitulons : mensonges incessants ; médecins muselés ; ensemble de la presse comme aux ordres ; mots d'ordres érigés au nom de la science en tant que Sainte Vérité : quelle différence avec une dictature , ou du moins un moment de dictature ? Mais le plus terrifiant n'est pas là.

Le plus terrifiant, c'est que les gens ne s'en sont pas aperçu !

La question se pose : comment est-ce possible ? Suffit-il que la presse se taise pour que les gens se trouvent dépossédés des mots, inaptes à se faire leur propre idée des choses ? Comme si faute de pouvoir se représenter les choses, ce qu'ils avaient sous les yeux ne comptait plus car ne pouvait plus faire sens ? Pourtant on a vu dès le début les autorités mentir, tricher, faire d'incessantes voltes-faces etc, sans qu'en dehors des masques (eux traités par la presse), ça ne semble les avoir perturbé plus que ça. Ils ont suivi comme si c'était tout droit : aussi absurde qu'elle soit, n'importe quelle explication valait semble-t-il mieux que rien... et sans doute même qu'elle leur semblait faire avancer les choses ! Bref, la seule vraie cohérence à ce stade eût été de ne pas savoir et de l'accepter, de mettre le jugement en stand by.

Sauf que c'est justement là qu'intervient le problème. Mettre des mots, se représenter le monde, les choses, c'est ça la représentation. C'est un monde de savoir, et il semble que rien ne puisse faire que les gens fassent un petit pas de côté, non pour en sortir bien sûr (comment faire ?), mais juste pour prendre un peu de recul. Quelle est donc ce monde qui se dit cartésien et qui s'affole à la moindre incursion du doute, de l'incertitude ? Préférer n'importe quoi plutôt que rien signifierait-il qu'un simple regard de côté pourrait nous amener à des endroits si terribles ? N'y a-t-il donc d'autres solutions que de reculer devant l'obstacle, de regarder ailleurs, bref de couper court à toute abominable possibilité d'intrusion de ce qu'on appelle penser ? Le risque serait-il de se retrouver face aux questions que pose une civilisation toute entière occupée à juger, à savoir ; une culture où chacun se prétend comme en droit d'avoir une opinion sur tout. Aussi quel est donc ce vice que de vouloir juger de tout ? La question est certes délicate à résoudre, mais une autre se profile en même temps : jusqu'où cette dinguerie peut-elle nous mener ? Et cette fois y répondre est simple depuis le covid : jusqu'à une dictature de la pensée unique, collective, soit l'endroit précis où une dictature démocratique devient possible.

Et l'on voit bien que le problème n'est plus du tout dans les vieilles images qu'on nous agite sous le nez. Le pas de l'oie n'est plus l'apanage d'une armée fanatisée qui devrait nous hanter pour toujours, mais est rythmé par des petits bouts de certitude dans la tête de chacun. Ce n'est plus à d'abominables SS qu'on risque d'avoir à faire face, mais à de braves gens qui ne comprennent tout simplement pas qu'on pense autrement qu'eux. Les récalcitrants ne seront plus d'affreux êtres immoraux mais de simples réfractaires au "bon sens populaire". Car la vraie condition d'acceptabilité des mots d'ordres est qu'ils soient perçus comme "de bon sens".

Le "bon sens" est traditionnellement attribué au peuple, il a toujours été l'arbitre ultime de l'air du temps, celui censé sonner le tocsin quand les choses vont trop loin, quand on atteint les limites à ne pas dépasser, quand "ça se voit"... c'est dire que les autorités s'en méfient. Aussi le politique semble agir aujourd'hui pour récupérer le bon sens à son profit, afin de pouvoir désormais le dicter au peuple. Ne nous y trompons pas, quand on nous parle de science, c'est bien le bon sens qu'on nous agite sous le nez, c'est bien au nom du bon sens qu'on met la science en exergue, qu'on se sert d'elle, et l'on se sert d'elle parce qu'elle a une image incontestable : sûr que le la science, le peuple n'a pas les moyens de la remettre en question ! Le bon sens, c'est donc croire à la science : voilà ce qu'on nous dit. Ne reste alors plus qu'à jouer avec les mots pour faire entendre raison aux gens. Les mots ont un sens, oui en effet. Sauf que là, il n'est plus question que de mots d'ordres : oui monsieur Macron, vos mots d'ordres, hélas, ont un sens.

Mais vous n'en avez pas pour autant fini avec les mots.

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Message par chapati Jeu 17 Fév 2022 - 16:19

Médiapart et la démocratie totalitaire


Le plus terrible, c'est de voir qu'un journal qui prétend être à la pointe de l'indépendance et fait des grands effets de manches pour dénoncer le contrôle de la presse, ne se soit pas aperçu qu'on n'est plus en démocratie depuis deux ans : depuis le moment précis où une "dictature sanitaire" s'est mise en place.

J'imagine qu'à la lecture de ce début, certains doivent déjà penser comme Macron que c'est pas ça le fascisme, que le fascisme c'est des bruits de bottes, des emprisonnements arbitraires, de la terreur. A ceux-là ouvrez s'il vous plaît un livre de Deleuze, ou de Foucault. Ils appellent ça néo-fascisme. Et le néo-fascisme c'est le fascisme individuel en chacun de nous porté par un système qui nous conforte dans ce biais. C'est à travers la norme qu'il se manifeste : il est question de faire adhérer à la majorité de nos concitoyens un panel de normes sur lesquelles il n'y aura plus à revenir. On appelle ça de l'idéologie aussi.

Des normes non seulement acceptées par tous, mais défendues par chacun. Le néo-fascisme c'est plus un psychopathe qui hypnotise un peuple et l'entraine vers un destin tragique, c'est le flic en chacun de nous qui portera des valeurs consensuelles contre lequel on ne pourra plus rien... et pour cause de démocratie ! Parce que personne ne peut trouver meilleure idée d'organisation politique que la démocratie, dans la mesure où la seule alternative semble être un état totalitaire. Oui le monde des idées aura triomphé en dictature démocratique, mais hélas aux dépends du réel.

Aujourd'hui il est donc question de démocratie totalitaire et elle a de beaux jours devant elle, parce que le peuple entier sollicitera toujours un sytème qui répond à son micro-fascisme individuel, parce qu'il croira avoir triomphé en imposant sa pensée à lui. Ce système est et sera étayé par les normes revendiquées par le peuple, au nom du bon sens et du sens commun. Foucault nous avertissait il y a un moment sur le désir de fascisme populaire, dans son introduction à l'édition américaine de l'Anti-Œdipe :

"... l’ennemi majeur : le fascisme. Et non seulement le fascisme historique de Hitler et de Mussolini – qui a su si bien mobiliser et utiliser le désir des masses – mais aussi les fascisme qui est en nous tous, qui hante nos esprits et nos conduites quotidiennes, le fascisme qui nous fait aimer le pouvoir, désirer cette chose même qui nous domine et nous exploite".


                                                                            ***


Les mécanismes du néo-fascisme sont quant à eux parfaitement analysées dans un texte de Deleuze intitulé : "Y a-t-il moyen de soustraire la pensée au modèle d'état ?", un long texte que donc je résume ici :

Il arrive qu’on critique des contenus de pensée jugés trop conformistes. Mais la question est d’abord celle de la forme elle-même. La pensée serait par elle-même déjà conforme à un modèle qu’elle emprunterait à l’appareil d’Etat, qui lui fixerait des buts et des chemins. Il y aurait une image de la pensée qui recouvrirait toute la pensée et qui serait comme la forme-Etat développée dans la pensée.

Cette image possède deux têtes qui renvoient aux deux pôles de la souveraineté : un imperium du penser-vrai, une république des esprits libres. Ces deux têtes ne cessent d’interférer, dans l’image classique de la pensée : une "république des esprits dont le prince serait l’idée d’un Etre suprême". Et si elles interfèrent, ce qu'elles sont nécessaires l’une à l’autre.

On voit bien ce que la pensée y gagne : une gravité qu’elle n’aurait jamais par elle-même, un centre qui fait que toutes le choses ont l’air, y compris l’Etat, d’exister par sa propre efficace. Mais l’Etat n’y gagne pas moins. La forme-Etat gagne en effet quelque chose d’essentiel à se développer ainsi dans la pensée : tout un consensus.

Seule la pensée peut inventer la fiction d’un Etat universel en droit, élever l’Etat à l’universel de droit. Comme si le souverain devenait seul au monde, et n’avait plus affaire qu’avec des sujets. L'Etat devient le principe qui fait le partage entre des sujets rebelles, renvoyés à l’Etat de nature, et des sujets consentants, renvoyant d’eux-mêmes à sa forme. S’il est intéressant pour la pensée de s’appuyer sur l’Etat, il est non moins intéressant pour l’Etat de s’étendre dans la pensée, et d’en recevoir la sanction de forme unique, universelle.

En droit, l’Etat moderne va se définir comme "l'organisation rationnelle et raisonnable d’une communauté" : la communauté n’a plus de particularité qu’intérieure ou morale (esprit d’un peuple), en même temps que son organisation la fait concourir à l’harmonie d’un universel (esprit absolu). L’Etat donne à la pensée une forme d’intériorité, mais la pensée donne à cette intériorité une forme d’universalité : le but de l’organisation mondiale est la satisfaction des individus raisonnables à l’intérieur d’Etats libres.

Dans la philosophie dite moderne et dans l’Etat dit moderne ou rationnel, il faut que l’Etat réalise la distinction du législateur et du sujet dans des conditions formelles telles que la pensée, de son côté, puisse penser son identité. Obéissez toujours, car, plus vous obéirez, plus vous serez maître, puisque vous n’obéirez qu’à la raison pure, c’est-à-dire à vous-même...

Depuis que la philosophie s’est assignée le rôle de fondement, elle n’a cessé de bénir les pouvoirs établis, et de décalquer sa doctrine des facultés sur les organes de pouvoir d’Etat. Le sens commun, l’unité de toutes les facultés, c’est le consensus d’Etat porté à l’absolu. Ce fut notamment la grande opération de la "critique" kantienne. Kant n’a pas cessé de critiquer les mauvais usages pour mieux bénir la fonction. Il n’y a pas à s’étonner que le philosophe soit devenu professeur public ou fonctionnaire d’Etat. Tout est réglé dès que la forme-Etat inspire une image de la pensée.

Tout ça se heurte à des contre-pensées, dont les apparitions sont discontinues à travers l’histoire. Ce sont les actes d’un "penseur privé", par opposition au professeur public. Toutefois, "penseur privé" n’est pas une expression satisfaisante, puisqu’elle enchérit sur une intériorité, tandis qu’il s’agit d’une pensée du dehors. Toute pensée est déjà une tribu, le contraire d’un Etat. C’est la force qui détruit l’image et ses copies, le modèle et ses reproductions, toute la possibilité de subordonner la pensée à un modèle du Vrai, du Juste ou du Droit. La pensée n’a pas d’image, ni pour constituer modèle, ni pour faire copie. Est-ce un hasard si, chaque fois q’un "penseur" lance une flèche, il y a un homme d’Etat ou une image d’homme d’Etat qui lui donne conseil et admonestation, et veut fixer un but ?

Mais le pire est dans la façon dont les textes mêmes finissent eux-mêmes par inspirer un modèle, pour les innombrables décalques qui prétendent les valoir. L’image classique de la pensée prétend à l’universalité. Dès lors, il est facile de caractériser la pensée nomade qui récuse une telle image et procède autrement. C’est qu’elle ne se réclame pas d’un sujet pensant universel, mais au contraire d’une race singulière ; elle ne se fonde sur une totalité englobante, mais se déploie dans un milieu sans horizon. C’est un autre type d’adéquation qui s’établit ici entre la race définie comme "tribu" et l’espace défini comme "milieu". Une tribu dans le désert, au lieu d’un sujet universel sous l’horizon de l’Etre englobant.

On voit bien les dangers qui coexistent avec cette entreprise, comme si chaque création se confrontaient à une infamie possible. Car comment faire pour que le thème d’une race ne tourne pas en racisme, en fascisme ou en micro-fascismes ? La tribu-race n’existe qu’au niveau d’une race opprimée, et au nom d’une oppression qu’elle subit : il n’y a de race qu’inférieure, minoritaire, il n’y a pas de race dominante,, une race ne se définit pas par sa pureté, mais au contraire par l’impureté qu’un système de domination lui confère. Bâtard et sang-mêlé sont les vrais noms de la race. Et de même que la race n’est pas à retrouver : elle n’existe que par la constitution d’une tribu qui le peuple et le parcourt. C’est toute la pensée qui est un devenir, au lieu d’être l’attribut d’un Sujet et la représentation d’un Tout.

Gilles Deleuze et Félix Guattari

(http://lesilencequiparle.unblog.fr/2009/02/23/y-a-t-il-moyen-de-soustraire-la-pensee-au-modele-detat-gilles-deleuze-felix-guattari/)


                                                                           ***

Cher Médiapart,

Vous vous étonnez que le peuple hésite en entendant Zemmour. Vous voilà sidérés et incapables de mots. Ça ne peut pas être ainsi, vous dites-vous. Sauf que ça l'est. La dictature n'a certes peut-être pas commencé avec le covid, forcément qu'elle était dans les cartons, mais il se trouve que c'est bien à ce moment qu'elle s'est exprimée au grand jour, qu'elle a pris ses aises.

Ça a commencé quand plus personne n'a paru choqué que l'état mente sans cesse à propos de tout. Les masques, les tests, bien sûr. Mais bien au delà, l'interdiction de soins : l'injonction faite aux hommes de les empêcher d'essayer quoi que ce soit... plutôt que rien. Alors que rien ne semblait avoir prise sur le virus.

La dictature a commencé quand l'état a décidé que l'homme n'avait pas à renâcler quand on lui signifiait qu'il ne pouvait se prévaloir d'aucune maîtrise sur son destin. Quand on l'a dépossédé de ce droit le plus fondamental qu'on appelait jadis la liberté.

Quoi ? Que dites-vous ? La science, la raison ? A ça aussi vous avez cru ? Ne voyez-vous pas qu'on vous a roulé dans la farine ? Qu'il était incohérent qu'un consensus scientifique vante l'absolu de l'Evidence Based Medecine alors que lui-même disait ne rien connaître du covid ; qu'il ait interdit tout traitement sous prétexte donc qu'il n'y avait pas d'essais randomisés ? N'avez-vous toujours pas compris que de tels essais ne pouvaient concerner justement qu'une maladie connue, pour laquelle on peut définir des critères précis, par exemple être au moins capable de savoir que les diabétiques se devaient d'être répartis équitablement dans les groupes-témoins pour ne pas conclure n'importe quoi ? Alors, vous saviez ou pas ? La science, c'est pas un consensus auquel il est question de croire ou pas. On croit pas à la science, c'est pas le sujet.

Vous n'avez rien vu, rien compris. Vous n'avez en tous cas rien voulu voir, malgré l'énormité des incohérences quotidiennes, alors qu'elles sautaient aux yeux de tant d'entre nous. Vous aviez tellement envie de revenir à votre petit confort, à cette place du justicier que vous avez investi sans vergogne, à cette conscience morale à partir de laquelle vous vous autorisez à juger de tout, et à l'exprimer haut et fort au nom de la chère liberté d'expression. Comme c'est facile ! Un tel ronronnement vous aurait fait rater la révolution il y a deux siècles. Et aujourd'hui vous avez raté la dictature démocratique, par inadvertance, peut-être par lâcheté.

A l'instar de ceux que vous dénoncez, vous vous êtes vite réfugiés dans l'après-crise, forcément le cauchemar s'éteindrait bien un jour. Il suffisait d'attendre. Puisque finalement c'était pas la peste. Et aujourd'hui, perdus dans les inévitables conséquences de vos choix, vous en êtes à vanter à marche forcée un "vaccin pour tous" qui pour l'Omicron, ne fonctionne pas, n'a aucun intérêt en mettant les choses au mieux. Et ce pour la seule raison de ne pas vous dédire. Vous avez perdu le sens des priorités, comme l'ensemble de la presse, en ne répercutant plus depuis deux ans qu'une information verticale.

Comme l'ensemble de la presse, vous avez étroitement contribué, oserais-je le mot : collaboré, à cette machine infernale, en avalant toutes les couleuvres de Véran et sa clique, et ce sans jamais un regard en arrière pour imaginer les conséquences d'un consensus médiatique jamais vu (sauf en temps de guerre) au sein de la presse.

En toute irresponsabilité.

Alors oui, le petit bonhomme avait parlé de guerre. Il vous aurait convaincu, vraiment ? Quant à votre fameuse indépendance, elle ne vous a pas empêché de censurer ce qui déplaisait aux injonctions de l'Elysée, pour un mot de travers, pour une précaution de langage insuffisamment prise, et ce au sein de blogs dont depuis le début, vous vous prévalez de n'être aucunement responsables.

De par votre faute, certes partagée, la liberté d'expression n'est plus qu'un privilège réservé à la seule presse, et non plus un droit de l'homme dédié à l'usage des citoyens.


                                                                           ***


Enfin, je me permets de reprendre ici les conclusions d'un billet qui s'intitule "Dictature démocratique" et qu'on peut trouver ici : https://blogs.mediapart.fr/aldo-b/blog/210721/dictature-democratique.

Le risque serait-il de se retrouver face aux questions que pose une civilisation toute entière occupée à juger, à savoir ; une culture où chacun se prétend comme en droit d'avoir une opinion sur tout. Aussi quel est donc ce vice que de vouloir juger de tout ? La question est certes délicate à résoudre, mais une autre se profile en même temps : jusqu'où cette dinguerie peut-elle nous mener ? Et cette fois y répondre est simple depuis le covid : jusqu'à une dictature de la pensée unique, collective, soit l'endroit précis où une dictature démocratique devient possible.

Et l'on voit bien que le problème n'est plus du tout dans les vieilles images qu'on nous agite sous le nez. Le pas de l'oie n'est plus l'apanage d'une armée fanatisée qui devrait nous hanter pour toujours, mais est rythmé par des petits bouts de certitude dans la tête de chacun. Ce n'est plus à d'abominables SS qu'on risque d'avoir à faire face, mais à de braves gens qui ne comprennent tout simplement pas qu'on pense autrement qu'eux. Les récalcitrants ne seront plus d'affreux êtres immoraux mais de simples réfractaires au "bon sens populaire". Car la vraie condition d'acceptabilité des mots d'ordres est qu'ils soient perçus comme "de bon sens".

Le "bon sens" est traditionnellement attribué au peuple, il a toujours été l'arbitre ultime de l'air du temps, celui censé sonner le tocsin quand les choses vont trop loin, quand on atteint les limites à ne pas dépasser, quand "ça se voit". C'est dire que les autorités s'en méfient. Aussi le politique semble agir aujourd'hui pour récupérer le bon sens à son profit, afin de pouvoir désormais le dicter au peuple. Ne nous y trompons pas, quand on nous parle de science, c'est bien le bon sens qu'on nous agite sous le nez, c'est bien au nom du bon sens qu'on met la science en exergue, qu'on se sert d'elle, et l'on se sert d'elle parce qu'elle a une image incontestable : sûr que le la science, le peuple n'a pas les moyens de la remettre en question ! Le bon sens, c'est donc croire à la science : voilà ce qu'on nous dit. Ne reste alors plus qu'à jouer avec les mots pour faire entendre raison aux gens. Les mots ont un sens, oui en effet. Sauf que là, il n'est plus question que de mots d'ordres : oui monsieur Macron, vos mots d'ordres, hélas, ont un sens.

Mais vous n'en avez pas pour autant fini avec les mots.


A lire aussi ici sur Médiapart.

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