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Hume : Empirisme et Subjectivité

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Hume : Empirisme et Subjectivité Empty Hume : Empirisme et Subjectivité

Message par chapati Mer 9 Mar 2022 - 11:13

Empirisme & Subjectivité, résumé d'après Ricardo Tejada :

Empirisme et subjectivité est un livre surprenant à plusieurs égards. Le titre indique déjà le noyau du problème : le lien entre l'empirisme et la subjectivité. Quoi de plus normal que penser le lien entre l'origine de notre connaissance et le statut douteux du moi ? Or la façon dont ces notions sont comprises rompt ce que l'histoire de la philosophie a répandu à propos de cette école philosophique.

L'empirisme est définie par Deleuze à travers quatre thèses :
A) Les principes, aussi bien de l'association que de la passion, doivent être conçus en tant que donnés eux-mêmes et, par conséquent, en tant que génétiques.
B) L'empirisme est une philosophie de l'imagination et non des sens.
C) La thèse principale de l'empirisme ne consiste pas à soutenir l'origine sensorielle de nos idées mais à affirmer l'extériorité des relations aux termes.
D) Le problème de l'empirisme est le problème d'une constitution du sujet, et non exactement celui de la mise en doute de la substantialité du moi. Cette constitution du sujet ne se produit pas d'une manière théorique mais pratique. Ce n'est pas la connaissance qui est le plus important mais la réflexion des passions dans l'imagination qui nous mènent au domaine éthique et politique.

Cette quadruple définition peut se résumer de la manière suivante : “le sujet se constitue dans le donné”. Ça veut dire que l'esprit devient sujet grâce à quelques principes de la nature humaine : principes d'association et principes de la passion. Mais qu'est-ce à dire du donné ?
Deleuze s'explique: "sans cesse Hume affirme l'identité de l'esprit, de l'imagination et de l'idée. L'esprit n'est pas nature, il n'a pas de nature. Il est identique à l'idée dans l'esprit. L'idée, c'est le donné, tel qu'il est donné, c'est l'expérience. L'esprit est donné. C'est une collection d'idées".

L'identification de l'esprit, de l'imagination et de l'idée nous conduit d'emblée à un effacement de la distinction entre les impressions et les idées. Or l'affirmation la plus connue de l'empirisme de Hume consiste à établir une distinction entre impressions et idées. Toutes les perceptions de l'esprit humain se réduisent à cette double bipartition. Celles-là sont les perceptions les plus vivantes et violentes, tandis que celles-ci sont les perceptions les plus faibles. Nos idées dérivent ou sont des copies de nos impressions et on peut trouver une correspondance entre les premières et les secondes. Toute idée simple a une impression simple à laquelle elle ressemble. Jusqu'ici la vulgate de l'empirisme.
Or il y a des états particuliers - Hume même le concède - où la distinction entre les idées et les impressions est presque effacée (sommeil, état fébrile, folie ou émotion très violente de l'âme). Là, je cite Hume : "nos idées peuvent s'approcher de nos impressions".

Deleuze puise dans cette possibilité négligée par Hume et il renverse ainsi le problème. En établissant un esprit pour ainsi dire chaotique avant la sédimentation d'une nature humaine (prenons cet "avant" avec toutes les précautions), Deleuze cherche un autre type d'expérience, plus primordial, que celui de l'empirisme classique. L'expérience est pour celui-ci l'assemblage d'une cause ou d'un effet avec un objet. Elle se dit de tous les états sans conscience ou presque comme, par exemple, les sensations des nouveau-nés, les états comateux, et les hallucinations provoquées par certaines drogues, qui semblent introduire dans l'esprit certaines manières nouvelles de sentir et de penser.
C'est le donné à l'état pur mais tellement pur qu'on ne peut l'atteindre que par une espèce de détournement, et tellement donné qu'il est une expérience tout en étant une condition de l'expérience. Cette condition n'est donc pas un apriori mais un plan génétique dans lequel on est plongé en droit à n'importe quel moment.
Le donné ne peut pas se réclamer d'autre chose que de soi. Il n'a pas d'arrière- fond ou de substance qui puisse l'expliquer et auquel il serait subordonné. C'est - je cite Deleuze - “l'ensemble de ce qui apparaît, l'être égal à l'apparence”, autrement dit, “l'ensemble des choses, au sens le plus vague du mot, qui sont ce qu'elles paraissent”.

La constitution du sujet dans le donné est possible grâce à deux principes : le principe d'association et le principe des passions. L'esprit devient sujet parce que les idées se mettent petit à petit en rapport, établissent des relations entre elles et configurent ainsi un réseau de suppositions et de croyances.

Mais est-ce que les idées, elles-mêmes, créent les relations qui les unissent, ou est-ce plutôt quelque chose qui vient d'ailleurs ? L'association n'est pas une qualité des idées, mais une qualité qui unit les idées. Les trois principes d'association (contigüité, ressemblance et causalité) nous font croire à l'existence de choses qu'on n'a jamais vu. Ils nous permettent de dépasser le donné. Je cite Deleuze: "si le sujet peut ainsi dépasser le donné, c'est d'abord parce qu'il est, dans l'esprit l'effet de principes qui le dépassent et qui l'affectent. Avant qu'il puisse y avoir une croyance, les principes d'association ont organisé le donné comme un système, imposant à l'imagination une constance qu'elle ne tient pas d'elle même".

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